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CHAMPIONS CUP. ANALYSE. Rapidité d’exécution, cellules de 3 mobiles.. Comment le Leinster concasse-t-il ses adversaires ?

À l’aube de la finale de Champions Cup face au Stade Rochelais, nous avons décidé de comprendre comment le Leinster arrive à prendre le dessus sur ses adversaires.

Alexis Brochot 25/05/2022 à 13h45
Le Leinster a une stratégie bien définie, et il la respecte à la perfection.
Le Leinster a une stratégie bien définie, et il la respecte à la perfection.

Dans un peu plus de 3 jours, les Rochelais de Greg Alldritt se frotteront à ce qui se fait peut-être de mieux en Europe, en finale de Champions Cup : le Leinster. Une rencontre qui promet des étincelles, dans un Vélodrome qui sera en feu. Les Maritimes voudront certainement s’appuyer sur leur victoire la saison passée face à ces mêmes adversaires, en demi-finale cette fois-ci. Ce jour-là, Skelton and co avaient littéralement concassé les coéquipiers de Lowe, avant de tomber face au Stade Toulousain en finale. Mais voilà, la donne semble différente aujourd’hui : les Irlandais sont plus rodés, et récitent leur rugby à la perfection. Un jeu mêlant vitesse et puissance, qui a eu raison des plus grands clubs européens : Leicester, Toulouse… Aucune équipe n’a su résister aux assauts des hommes de Leo Cullen. Alors quoi, le Leinster est-il invincible ? Bien sûr que non, mais les Rochelais devront réaliser leur meilleur match de la saison, s’ils veulent remporter leur première Champions Cup de leur histoire. Mais en attendant ce choc, on a essayé de comprendre le jeu du Leinster, en observant son match face au Stade Toulousain en demi-finale.

Champions Cup. La Rochelle. ''On a un plan'' : Ronan O'Gara sait comment battre le LeinsterChampions Cup. La Rochelle. ''On a un plan'' : Ronan O'Gara sait comment battre le LeinsterLa mobilité des avants, la clé du Leinster ?

Lorsqu’une équipe développe un jeu de mouvement, on a souvent tendance a louer les arrières, souvent à la conclusion des actions. Mais ne vous y trompez pas, pour arriver à déployer ce style de jeu, il faut avoir des avants très mobiles, capables de répéter les efforts en apportant des solutions constantes à la charnière. Et c’est exactement le cas du Leinster ici. En effet, et à l’image de ce que propose l’Irlande, la province irlandaise s’appuie énormément sur une cellule de 3 avants lors de la première et de la deuxième phase de jeu, avec Sexton en retrait afin d’apporter une troisième solution. Le porteur de balle peut donc choisir de garder, ou alors de lâcher soit au large pour un autre avant, soit dans le dos pour l’ouvreur. Une combinaison assez simple sur le papier, mais diaboliquement efficace quand elle est réalisée avec de la vitesse. C’est notamment avec cela que le Leinster a mis en difficulté le Stade Toulousain. L’alternance, jumelée avec le timing de course des Irlandais ont eu raison des coéquipiers de Romain Ntamack, qui se faisaient par ailleurs souvent transpercer dans la zone autour du 10.

Cette mobilité se fait également sentir lors des phases de rucks : en effet, la propreté des libérations de balle, mais surtout l’efficacité des déblayages permettent au Leinster de ne pas énormément se consommer, et donc d’avoir beaucoup de solutions au large, tout en accélérant le jeu. Une donnée qui peut parfois paraître anodine, mais qui fait toute la différence du côté du Leinster.

CHAMPIONS CUP. La Rochelle capable de gagner, O'Gara à la loupe... la presse s'impatiente avant la finaleCHAMPIONS CUP. La Rochelle capable de gagner, O'Gara à la loupe... la presse s'impatiente avant la finaleUne organisation diabolique

Peu importe les situations, le Leinster respecte méticuleusement le plan de jeu élaboré par Leo Cullen. Une discipline et une organisation dingue, qui consiste à répéter les temps de jeu, sans jamais en faire trop. Il n'y a pas de solution au large ? Pas de problème, on réinverse la pression en jouant au pied. Mais ne vous y méprenez pas, les hommes de Sexton n'ont rarement pas de solution. Que ce soit sur attaque placée ou bien dans le jeu courant, les 3/4 Irlandais s'appuient la plupart du temps, à l'image de leurs avants, sur de nombreuses combinaisons basées sur des leurres. Une stratégie qui a fait mal aux Toulousains, d'autant que leur état physique ne permettaient pas aux hommes d'Ugo Mola de mettre la pression sur le porteur de balle, et donc de gêner les attaques irlandaises. Et c'est à ce moment-là que le Leinster est le plus dangereux : lorsqu'il joue dans un fauteuil. En témoigne cette image ci-dessous, où Ringrose possède de nombreuses solutions. On voit d'ailleurs ici que la défense toulousaine est totalement perdue.

Une supériorité quasi-constante en défense

Très efficace en attaque, le Leinster s'appuie également sur une défense très solide, dure sur l'homme. En effet, il n'est pas aisé de transpercer le rideau de fer irlandais. De par la qualité au plaquage des coéquipiers de Jack Conan, mais aussi grâce à leur organisation défensive. Face au Stade Toulousain, l'on a souvent vu les hommes d'Ugo Mola en infériorité numérique, même lorsqu'ils avaient le ballon ! La faute à des Irlandais qui ne se consommaient presque jamais dans les rucks, ou en tout cas pas inutilement. Ces derniers privilégiaient se replacer au large, afin de monter vite et fort sur le porteur de balle. Pour preuve, la plupart des ballons récupérés par le Leinster sont dû à des en-avants de leurs adversaires, plutôt qu'à des grattages ou des contre-rucks. Une stratégie payante, surtout face à une équipe toulousaine qui avait du mal à enchaîner les temps de jeu, la faute à une fraîcheur physique bien entamée par le match face au Munster.

CHAMPIONS CUP. La clé de la fraîcheur du Leinster ? Ne jouer (quasiment) que la coupe d'EuropeCHAMPIONS CUP. La clé de la fraîcheur du Leinster ? Ne jouer (quasiment) que la coupe d'EuropeEn énumérant toutes les qualités du Leinster, il est difficile de les voir autrement que comme le favori de cette finale. Néanmoins, le Stade Rochelais pourra s'appuyer sur une forme physique bien supérieure à celle des Toulousains en demi-finale. Un avantage énorme, face à des Irlandais qui réciteront encore une fois leur rugby de mouvement. Les Maritimes devront donc monter bien plus fort en défense, tout en surveillant cette zone du 10 souvent choisie par les attaquants irlandais. Une chose est sûre, le défi sera immense ce samedi pour les coéquipiers de Romain Sazy.

duodumat
duodumat
Mettre en place une stratégie, n'est pas aussi simple que la théorie expliquée dans l'article. Contre Toulouse la vraie différence s'explique par la différence niveau physique. Les toulousains étaient cramés dès le début du match, notamment au niveau des avants et des trois quarts surtout dans la zone du 10. Dès lors que l'adversaire n'a pas une dynamique suffisante on peut "réciter". Dans notre rugby moderne il suffit d'un retard infime dans le placement pour réaliser les combinaisons "apprises". Cela risque d'être plus difficile face à La Rochelle ... enfin je l'espère.
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