C’est un véritable tremblement de terre qui vient d’être révélé par The Telegraph. En effet, selon le média britannique, la première division de rugby anglaise pourrait bientôt disparaître. En grande difficulté financière depuis la crise du Covid_19, la Premiership est endettée et la quasi-totalité des clubs a la tête sous l’eau. D’autres ont carrément fini par couler, à l’image des Wasps, des London Irish ou des Worcester Warriors.
En manque de billets, l’Angleterre se fait la malle
Mais alors, est-ce la fin du rugby professionnel anglais ? Eh bien, non. Dans son enquête, The Telegraph confirme que cette disparition prendrait forme dans le cas où les clubs anglais pourraient intégrer le United Rugby Championship (URC). Parfois plus connue sous le nom de Ligue Celte (même si elle n’a de celte que le sobriquet), elle accueille des franchises et des provinces irlandaises, galloises, écossaises, italiennes et sud-africaines.
Déjà garni de 16 équipes, l’URC aurait cependant bien du mal à trouver un calendrier adéquat pour permettre aux 10 formations actuelles de Premiership de participer. Une source anonyme interne aux discussions livre ce scénario au Telegraph : “C'est compliqué, mais une proposition consisterait à créer deux divisions fermées. Basées sur le mérite, elles permettraient des promotions et des relégations entre les deux. On peut aussi penser à deux conférences différentes. Une Premiership et une URC, où il se qualifierait pour les phases éliminatoires.”
Crédit image : BT Sports
En parallèle, l’idée que les Britanniques et Irlandais fassent bande à part, en délaissant les Italiens et Sud-Africains, est aussi étudiée. Toujours en anonyme, un cadre du rugby mondial interrogé par The Telegraph déclare : “Actuellement, il est assez difficile pour un diffuseur d'investir dans trois ou quatre compétitions différentes.[...] En revanche, si vous créez une ligue britannique et irlandaise, les conversations avec les diffuseurs seront beaucoup plus faciles. Vous pourriez avoir une seule chaîne de rugby. Ce qui augmenterait la valeur de l'accord de diffusion et les clubs pourraient augmenter leur nombre de spectateurs. C'est une idée vraisemblable.”
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Champions Cup, attention au nouveau format ?
Dans le cas où cette hypothèse se réaliserait, la légitimité de la Champions Cup pourrait en prendre un coup. Le fait que seulement trois championnats de haut niveau se tirent la bourre en Europe a souvent été un problème, notamment lors des phases de poules. Comment crédibiliser une “Coupe d’Europe” quand des équipes du même championnat s’affrontent dès la première journée ? Cette équation complexe a trouvé une réponse avec un format qui l’est tout autant.
RUGBY. Champions Cup. La presse étrangère entre excitation et impatience après le tirage au sortBidouillé au fur et à mesure des années, ce dernier serait néanmoins obsolète si la Premiership rendait l’âme. Là aussi, le Telegraph précise qu’une piste de réflexion a été trouvée. En effet, la compétition pourrait prendre le format d’une simple phase à élimination directe, à l’image de la Coupe de France au football. Une idée qui ferait exploser l’enjeu de chaque match et qui éviterait des rencontres supplémentaires dures à gérer pour les formations qui n’ont pas des moyens continentaux.
Visionnaire ou à l’affût, le président du Castres Olympique Pierre-Yves Revol avait déjà évoqué une solution similaire en juin 2022. Surpris par l’intégration des franchises sud-africaines, il avait critiqué l’absurdité dont la Champions Cup pouvait faire preuve :
Nos décideurs n’osent pas aborder les sujets qui fâchent. Huit équipes françaises et anglaises qualifiées dans cette compétition internationale, est-ce bien logique ? Cela arrange beaucoup de clubs, car on se dit tous qu’on peut en être, mais est-ce bien l’intérêt général ? Cette compétition devrait être plus élitiste et plus ramassée… On voit bien qu’elle intéresse tout le monde dans sa phase finale, mais moins dans sa phase initiale, d’autant plus qu’elle est très négative sur la continuité et la lisibilité de notre championnat. Qualifions deux fois moins d’équipes et disputons directement les huitièmes de finale aller/Retour puis la phase finale. Cela fera 5 dates au lieu de 8, mais une compétition d’Élite intense et dense. Idem en challenge avec une formule voisine. Et cela permettra un calendrier plus cohérent et harmonieux du TOP 14 qui reste notre compétition phare et doit être consolidée.”
Et le Top 14 alors ?
Dans cette équation, le Top 14 a des airs d’enfant sage au milieu d'esprits en ébullition. Bien plus stable économiquement, le championnat de France pourrait donc être le dernier des Mohicans. Le seul championnat indépendant, national, professionnel et de haut niveau en Europe. De plus, l’Hexagone est bien représenté sur la scène européenne contemporaine. Avec des clubs européens performants tels que le Stade Rochelais (vainqueur en 2022 et 2023), le Stade Toulousain (vainqueur en 2021) ou encore le Racing 92 (finaliste en 2020), il y a de quoi faire.
Crédit image : France TV
Cependant, le Top 14 est de plus en plus compétitif et les doublons, eux, agacent toujours autant. Maintenant que le chantier de la stabilité pour la Coupe du monde 2023 s’inscrit à l’imparfait, une révolution est-elle à prévoir ? Un Top 12 ? Un retour au Top 16, avec deux poules de 8 pour réduire les matchs par équipe ? Les options sont nombreuses et l’idée de les appliquer ne date pas d’hier.
XV DE FRANCE. ''La défaite à cause de l’arbitre'', un mal psychologique trop français ?Questionné en avril 2022 par Le Figaro, le président de la LNR René Bouscatel avait éclairé les lanternes des amateurs de rugby à ce moment-là. Premièrement, il avait indiqué qu’il n’y avait pas de “chiffres sacrés” au sujet du nombre d’équipes pouvant évoluer en première division. D'autant plus, les équipes sont de plus en plus compétitives en Top 14, malgré une domination du Stade Toulousain et Stade Rochelais sur les dernières saisons. Profiter de cet élan pour faire évoluer le championnat en nombre d'équipes paraît donc légitime sportivement.
Deuxièmement, il affirmait qu’avec “la Coupe du monde, c'est le moment d'être ambitieux pour le rugby français, de conquérir de nouveaux publics.” Si cette déclaration concerne également la formation et le développement du rugby à VII, difficile de se dire que cette ambition ne pourrait pas se traduire dans le championnat. Surtout quand de nouveaux publics tels que celui du RC Vannes, de Provence Rugby ou de l’USON Nevers, tous pensionnaires convaincants de Pro D2, s’affirment en tribunes.
Top 14. Doublons, Salary Cap revu à la baisse : René Bouscatel revient sur les dossiers chauds du momentEnfin, René Bouscatel avait tout de même avoué que la prudence était mère de sûreté. Le Président de la Ligue Nationale de Rugby ne souhaite sûrement pas se retrouver dans une position similaire à celle du rugby anglais et veut préserver l’exception à la française. Néanmoins, il n’est pas fermé au changement et déclare tout de même ceci :
L'instauration de la poule unique contribue à la réussite sportive et économique de notre championnat. Le format du Top 14 a fait ses preuves. Il faut donc être très prudent avant d'envisager de changer ce qui fonctionne bien. Quand la performance sportive des clubs est au rendez-vous, c'est tout le rugby français qui est gagnant. Regardez le Grand Chelem réalisé par les Bleus. Les clubs sont le présent et l'avenir du XV de France.”
Avant l’arrivée annoncée de la Coupe du monde des Clubs et après la désillusion chez sa grande sœur des sélections nationales, le rugby français devra faire un choix. Cependant, la stabilité de la formule Top 14 rassure le plus grand nombre, alors que le modèle anglais est en péril. Mais à cela, nous pouvons dire que les Français furent souvent plus efficaces que le voisin anglais pour faire leur révolution.
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