Les jeunes, principaux consommateurs
Les jeunes sportifs, et donc les jeunes rugbymen à partir de 14 ans, en sont de gros consommateurs. Vivant dans l'espoir de devenir professionnel, ils n'hésitent parfois pas à franchir le pas. « Comme dans d'autres sports, ils sont prêts à repousser leurs limites par n'importe quel moyen pour être pris. » Les sportifs professionnels ne sont d'ailleurs pas dans le collimateur de l'agence, « avoir un test positif lors du mondial serait très étonnant ». C'est dans les niveaux inférieurs du sport que l'UKad focalise ses contrôles. En mai 2013, le fils de Craig Chalmers, ancien international écossais et ouvreur des Lions britanniques et irlandais, a été contrôlé positif à deux stéroïdes lors d’un rassemblement de l’équipe d’Écosse des moins de 20 ans, puis suspendu pendant deux ans. Preuve que cela ne touche pas que les inconnus.
Son père explique que ses entraîneurs lui disaient toujours qu'il n'était pas assez gros. Sous pression, il a fini par « prendre ce que ses amis prenaient », sans regarder ce que c'était ni réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir sur son organisme. « Ça montre à quel point j'avais envie de franchir ce palier. » Comme d'autres, il a commandé sur internet. « La plus grosse erreur de ma vie, commente-t-il. J'en ai seulement pris pendant une semaine. » Se rendant compte des effets sur sa santé, il a stoppé de lui-même. Son père ne préfère pas penser à ce qui aurait pu se passer s'il avait continué.
Crédit vidéo : World Rugby
« Ils jouent avec leur vie »
Nicole Sapstead considère que « ce n'est plus seulement un problème lié au sport ou au dopage mais véritablement de santé publique. Les responsables de l'éducation et de la santé doivent également s'impliquer. » La recherche de la performance sportive n'est pas d'ailleurs pas la seule raison qui pousse certains jeunes à se procurer des produits illégaux. Les professionnels de la santé en Grande-Bretagne s'inquiètent aussi de voir de plus en plus d'adolescents habitués des salles de sport prendre des stéroïdes de manière décomplexée afin de parvenir à leurs fins. « C'est très dangereux pour leur santé. Il nous arrive d'intercepter des colis dans lesquels nous pouvons voir que ce qui s'y trouve n'est pas du tout ce que la personne avait commandé. » Nicole Sapstead pointe du doigt ces laboratoires clandestins qui ne respectent absolument pas les normes de fabrication. « C'est jouer avec sa vie. » Comme d'autres en France, elle prône l'éducation des jeunes populations sur les dangers du dopage, et notamment des stéroïdes anabolisants. Elle estime que le rugby, sport de valeurs par excellence, se doit d'éduquer ses ouailles.