Si depuis quelques années, la France souffrait de ne pas avoir son fameux "Grandisse", on peut d'ores et déjà dire que cette époque est révolue. Pour cause, il semblerait même que ce poste soit l'un des plus fournis ! Entre Jalibert, Ntamack, Hastoy, Berdeu ou encore Carbonel, nous faisons face ici à un choix de riche ! Mais qui donc parmi ces derniers occupera ce poste ? Le débat fait surtout rage entre les deux premiers cités, Matthieu Jalibert et Romain Ntamack.
Tous deux excellents en club, ils apparaissent à l'heure actuelle comme les favoris du poste. Mais qui Galthié choisira-t-il pour affronter l'Argentine, et si l'on voit plus loin, pour affronter les Blacks le 20 novembre prochain ? Désigné comme le titulaire depuis le début du mandat Galthié, Ntamack a toujours répondu présent en équipe de France. De plus, son association avec Dupont fonctionne à la perfection. Ce qui lui donne un avantage supplémentaire. Mais d'un autre côté, le Bordelais a su profiter de la blessure du Toulousain lors du dernier tournoi pour délivrer des performances incroyables sous le maillot du XV de France. Des prestations qu'il poursuit d'ailleurs en club cette saison, avec 83 points inscrits (actuel meilleur réalisateur du championnat). Pour tenter de les départager, nous allons donc essayer de comparer ces deux joueurs sur plusieurs aspects, afin de savoir si l'un part avec une longueur d'avance pour cet automne. Notons ici que cet article est purement subjectif, et qu'il ne représente en rien une vérité générale.
XV de France. Ntamack, Jalibert, ou les deux ? Huget a tranché
Offensivement : avantage Jalibert
Si Romain Ntamack sait tout à fait finir des actions (3 essais depuis le début de la saison), il est vrai que les courses chaloupées de Matthieu Jalibert font peur à toutes les défenses. Très à l'aise balle en main, le natif de Saint-Germain-en-Laye profite de son énorme pointe de vitesse pour se frayer un chemin dans les rideaux adverses. Si l'on prend le début de saison, Jalibert est directement impliqué sur 10 des 18 essais inscrits par l'UBB, c'est-à-dire dans plus de 55% des cas. Une statistique hallucinante, qui prouve non seulement l'importance de ce joueur dans le système de Bordeaux, mais également ses qualités offensives indéniables.
De son côté, il faut dire que Ntamack n'est pas en reste dans ce secteur de jeu. Bien que plus distributeur que son aîné, le Toulousain sait se montrer décisif en attaque : son essai en solitaire face au Stade Rochelais lors de la première journée en témoigne d'ailleurs. Auteur de 3 essais depuis septembre (tout comme Jalibert), Romain Ntamack possède tout de même un profil assez différent de celui de Jalibert. Peut-être un peu moins rapide, le double champion de France utilise par ailleurs bien plus le jeu au pied que son homologue. Des qualités qui se mêlent parfaitement dans le jeu léché du Stade Toulousain, mais qui font de lui un ouvreur un peu moins offensif que Matthieu Jalibert. Avantage au Bordelais donc, pour ce premier point.
Défensivement : avantage Ntamack
Ces deux joueurs sont des atouts redoutables en attaque. Mais qu'en est-il de leur défense ? Dans un rugby où les centres aiment de plus en plus rentrer dans le lard des 10 pour créer un point de fixation, il est primordial que notre ouvreur sache bien défendre. Et sur ce point, le Toulousain semble avoir une légère longueur d'avance. Longtemps considérée comme son véritable point faible, la défense de Matthieu Jalibert semble s'être sensiblement améliorée ces derniers temps. Plus agressif, il résiste bien plus aux impacts infligés par ses adversaires qu'il ne le faisait les années précédentes. Une qualité que possède également Romain Ntamack. Capable d'infliger parfois de gros plaquages (Jérémie Maurouard peut en témoigner), le numéro 10 du Stade Toulousain sait se montrer rassurant dans ce domaine. Souvent visé, il ne se fait que rarement transpercer. Enfin, et même si ce n'est pas sa qualité première, Ntamack réussit parfois à récupérer des ballons dans les rucks, grâce à des grattages astucieux (3 depuis le début de saison). Léger avantage dans ce secteur donc pour le Toulousain.
Jeu au pied : match nul
Si ces deux joueurs font partie des 10 les plus talentueux du monde, ce n'est pas pour rien ! Tous deux très complets, ces derniers ont un jeu au pied très précis, qu'ils utilisent à la perfection. Que ce soit face aux perches ou dans le jeu courant, il est une véritable arme qui a fait (et qui fera) mal à beaucoup d'adversaires. Si Romain Ntamack n'est pas le buteur attitré à Toulouse, il a su prendre le relais avec brio quand Thomas Ramos n'était pas sur le terrain. En témoigne sa prestation en finale de Coupe d'Europe face à La Rochelle, ou encore celle délivrée face en demi-finale de cette même compétition, face à l'UBB. De plus, son taux de réussite en équipe de France a toujours été très satisfaisant. Auteur de 138 points en seulement 20 sélections, il est aujourd'hui une valeur sûre face aux perches, qui supporte très bien la pression des gros matchs.
De son côté, Jalibert sait également se montrer précis face aux perches ! Avec 80% de réussite depuis le début de la saison, il a su concrétiser les occasions de son équipe quand il le fallait. Un peu moins en réussite que son homologue avec les Bleus, il reste tout de même très bon dans l'exercice des tirs au but. Enfin, tous deux savent très bien occuper le terrain adverse, avec des jeux au pied précis qui permettent à leurs coéquipiers de souffler. Pas de vainqueur ici.
La forme du moment : Jalibert au-dessus
Si vous suivez un minimum ce début de saison, vous avez sûrement remarqué que l'ouvreur bordelais est en feu ! Véritable maître à jouer de l'UBB, on ressent de suite lorsqu'il n'est pas sur la pelouse. Auteur d'une fin de saison dernière très bonne, Jalibert continue sur sa lancée, enchaînant les matchs tous plus bons les uns que les autres. Si son club est à ce jour 2ème du Top 14, c'est en grande partie grâce à son numéro 10, auteur de 45% des points inscrits par Bordeaux. Rien que ça ! Sans compter toutes ses interventions décisives. Difficile de faire mieux que Jalibert, qui semble être le Français le plus en forme, avec Antoine Dupont. Et pourtant, Ntamack réalise lui aussi un début de saison solide ! Décisif quand son équipe est mise à mal, il a souvent réussi à soulager le Stade Toulousain lorsque ce dernier était sous l'eau. Insuffisant tout de même pour surpasser Matthieu Jalibert, qui remporte ce point.
VIDEO. TOP 14. Match fou entre l’UBB et Pau ! Le “Jalibert effect” a encore frappé !
L'expérience : Ntamack avec une longueur d'avance
Ce dernier point est peut-être l'un des plus importants, quand on sait tout ce que représente une rencontre internationale : tout va plus vite, plus fort, et il faut savoir gérer la forte pression qui repose sur les épaules du 10. Et sur ce point, le Toulousain a un avantage sur le Bordelais. D'un point de vue purement statistique tout d'abord : Ntamack compte 20 sélections avec les Bleus, contre 12 pour Jalibert. Ensuite, parce que l'ouvreur du Stade a disputé bien plus de rencontres à forts enjeux que son aîné. Que ce soit en club ou avec le XV de France, ce dernier a plus souvent fait face à des situations très tendues. Des moments qu'il a toujours très bien gérés. De plus, son association avec Antoine Dupont a désormais fait ses preuves, ce qui est loin d'être un facteur insignifiant. En effet, Galthié pourrait décider d'aligner cette charnière qui se connaît par cœur, ce qui pourrait également servir dans les rencontres à haute-pression. Avantage donc à Romain Ntamack, sur ce dernier point. 
RUGBY. France. Quel XV de départ pour le premier test face à l'Argentine ?
Comme vous l'aurez deviné, cette comparaison donne une égalité parfaite entre les deux ouvreurs. Tous deux excellents sur les terrains, il est actuellement impossible de dégager une hiérarchie entre ces derniers. Qui débutera donc face à l'Argentine ? Personne ne le sait pour le moment. Toujours est-il que nous devrions nous réjouir d'avoir ces deux talents bruts, qui peuvent chacun changer le cours d'un match à eux tout seul. Nous souhaitons donc bonne chance à Fabien Galthié et à son staff pour faire ce choix, qui sera loin d'être évident.
