Une défaite aux allures de victoires. C’est sûrement ce que l’on retiendra de la finale d’Autumn Nations Cup perdue par les Bleus face à l’Angleterre. Les hommes d’Eddie Jones n’ont inquiété la bande à Baptiste Couilloud qu’avec parcimonie, butant sur une défense féroce dotée d’un état d’esprit irréprochable. Héroïques, les jeunes coqs ont dû finalement s’incliner aux termes de prolongations aux allures de mort subite, sur un dernier coup de chausson d’un Owen Farrell à la mire inhabituellement déréglée. Une défaite à des années lumières de la farce annoncée par les médias anglais et leur arrogance légendaire. Loin de l’engouement suscité autour du microcosme du rugby européen, cette finale fut scrutée également à l’autre bout de la planète où en Nouvelle-Zélande, la performance des Bleus a attiré l’attention.
Au pays du long nuage blanc, on juge que l’Angleterre a « évité un bouleversement monumental » pour remporter une finale dans la dramaturgie la plus totale selon NZ Herald. « L’Angleterre était favorite cinq semaines après sa victoire finale dans le Tournoi des 6 Nations aux dépens de la France. Ils avaient dix fois plus d’expérience et l’avantage de jouer à Twickenham. Mais une équipe de France courageuse composée de joueurs habituellement remplaçants a mené pendant 65 minutes et ce jusqu’à la fin du temps réglementaire avant d’encaisser un essai transformé », poursuit le journal néo-zélandais. Puis au tour d’évoquer l’inexpérience côté français et de dresser le parallèle avec la rencontre du précédant Tournoi, remportée par les Tricolores (24-17) : « L’Angleterre était censée remporter la finale tranquillement. La France a été contrainte après un accord avec les clubs du Top 14, d’aligner une équipe expérimentale, une semaine après ses débuts contre l’Italie. La France n’avait aucun joueur qui avait participé à la victoire en février dernier à Paris, alors que l’Angleterre en comptait dix, désireux de venger leur seule défaite de l’année. Ces derniers comptabilisaient 772 sélections, très déséquilibré face aux 68 que totalisait la France, son deuxième taux de sélections le plus faible. » Avant de louer la profondeur du réservoir français : « Les jeunes Français ont égalé la puissance physique des Anglais, ont déchaîné une défense courageuse et ont tenté leur chance. Ils étaient à quelques secondes d’une victoire extraordinaire. La France a montré l’étendue de la profondeur de son talent, notamment offensif ».
« La France a fait taire ceux qui ridiculisaient le match, en l’absence des joueurs clés »
Même son de cloche pour Radio New Zealand pour qui « l’Angleterre a remporté la finale de la manière la plus dramatique ». Une défaite amère pour des Français qui méritaient certainement mieux : « Ce fut dur pour la France, qui a joué avec toute la confiance de sa jeunesse, et a fait taire ceux qui ridiculisaient le match, en l’absence de tant de joueurs clés ». Et si le manque d’expérience français à ce niveau pouvait sembler préjudiciable, les hommes de Fabien Galthié ont compensé avec une envie et une solidarité exemplaire symbolisées par un large contingent de joueur ayant connu les âpres joutes des compétitions des moins de 20 ans : « La France manquait d’expérience internationale, mais de nombreux membres de l’équipe faisaient partie des sélections des moins de 20 ans. Ils ont fait preuve d’une grande ténacité pour leur début. » L’occasion également, d’emmagasiner de l’expérience : « A l’issue de ce match, toutes les personnes impliquées dans ce XV de France prendront énormément d’expérience », termine le site local. Les Français se sont certes inclinés mais ont gagné le respect de la planète ovale. Et cette belle performance, n’est sans doute que les prémices d’une nouvelle génération qui ne demande qu’à éclore.