Le modèle anglais peut-il être applicable au Top 14 ?
Sur ce point, Philippe Saint-André émet de sérieux doutes. Bien qu’il admire le courage qu’il a fallu aux Anglais pour « donner la priorité aux jeunes joueurs » au détriment des espoirs européens des clubs de Premiership, il ne s’imagine pas en faire de même. « Tu imagines, si je dis ça à Toulouse, Toulon ou Clermont ? J’ai la guerre nucléaire » lance le sélectionneur. Pour son interlocuteur, la France est aujourd’hui dans la même situation que le foot en Angleterre : « des clubs forts au détriment de l’équipe nationale. » Mais le rugby anglais a lui osé franchir le pas. « Il faut que les jeunes puissent jouer, ils font des erreurs, certes, mais ils apprennent » indique l'ancien international anglais. Un choix que ne le Top 14 ne semble pas encore prêt à faire.
Les clubs français sont-ils mieux lotis que la sélection nationale ?
PSA déplore en premier lieu un manque de choix à certains postes, notamment à l’ouverture : « Quand j’étais entraîneur à Toulon, j’avais le choix entre Giteau et Wilkinson, deux joueurs extraordinaires, c’est-à-dire plus de possibilités qu’à la tête de l’équipe de France. » Outre cette (trop) grande présence de joueurs étrangers dans le championnat français, Saint-André met en avant la difficile tâche du staff tricolore quant à la préparation du XV de France : « On n’a que 23 joueurs pour travailler à l’entraînement, parfois on fait appel aux espoirs de Massy pour bosser. Yannick Bru me dit qu’il avait plus de moyens pour travailler à Toulouse. Ce n’est pas normal. »
Comment rendre la sélection nationale compétitive ?
En imposant aux clubs un temps de jeu maximum pour les internationaux comme en Angleterre ? « Tu imagines que je dise aux clubs, il faut faire reposer Michalak et qu’en revanche il faut donner du temps de jeu à Trinh-Duc, c’est impossible » lance PSA à Andrew. En Angleterre, c’est effectivement la Fédération qui gère tout ça. « On peut dire à untel de ne pas jouer ce week-end ». Le rêve pour PSA. Mais si la fédération anglaise peut se le permettre, c’est qu’elle arrose confortablement les clubs. « Nous leurs versons 12 millions de livres (13,8 millions d’euros, à raison de 1,15 million d'euros par clubs qui aligne 50% de joueurs anglais sur chaque feuille de match sur la saison) » précise Andrew. Grâce à Twickenham (qui génère 70 millions d’euros indique l’Equipe), ajoute PSA . Tous deux s’accordent sur une chose : des décisions doivent être prises, et rapidement sinon « le rugby français est mort pour les quinze ans à venir » avance Saint-André.