Le contexte
La Géorgie, quintuple tenante du titre est invaincue depuis 2012 dans cette compétition, entame une énième campagne européenne à ce niveau. Mais cette fois, grâce à sa performance lors de la Coupe du monde en Angleterre (3e de poule), elle est pour la première fois automatiquement qualifiée pour le prochain Mondial au Japon (2019). Le championnat d’Europe des Nations servant aussi de phase qualificative (pour les barrages cette fois), les matchs contre la Géorgie ne compteront pas dans le classement final.
Les équipes
La Belgique aligne son équipe du moment, composée de joueurs jouant dans les différents échelons inférieurs français (allant jusqu’à la Fed 2), certaines équipes espoirs et le championnat local. Nous noterons la présence de l’impact player par excellence, Christophe Debaty, dont on reparlera plus tard.
Du côté caucasien, c’est un groupe fortement remanié qui se présente pour les deux premiers matchs du tournoi. En effet, pas de grandes stars du Top 14. Place à de nouveaux joueurs en vue de la Coupe du monde 2019. Sur les 13 avants sélectionnés, 10 connaissent moins de 7 sélections dont un banc d’avant à 0 sélection (sauf Otar Giorgadze, Toulon, 2 sélections). Derrière, c’est plus compliqué. Le réservoir géorgien étant faible, c’est (quasiment) la ligne de 3/4 - si on peut appeler ça comme ça - habituelle qui est alignée. On regrettera l’absence de Vasil Lobzhanidze qui joue peu à Brive (2 matchs) et qui aurait pu profiter de ce tournoi pour retrouver du rythme. Surprise au centre, un petit nouveau, Giorgi Koshadze (20 ans ; 2 caps), évoluant dans le championnat local sera à suivre.
Here's #TheLelos match day squad to face @BelgianRugby in @rugby_europe Championship RND 1 match >>> https://t.co/vKKqOlSDcA$ pic.twitter.com/0vxcoeM2a4
— Georgian Rugby Union (@GeorgianRugby) 9 février 2017
Le match : la purge
Des conditions difficiles, un terrain très précaire, et une équipe de Géorgie remaniée : tout est réuni pour un match de m****. C’est donc sous ces conditions dantesques (flocons et forts vents), dans un stade de campagne en plein milieu de Bruxelles que se joue la rencontre. Les deux équipes rentrent sur le terrain. Place aux hymnes, après avoir patienté pendant cinq minutes que la musique de Pirates des Caraïbes soit finie. Le match peut commencer.
Le suspense est alors à son comble: qui de pénalité ou collectif, les deux meilleurs marqueurs Lelos, frappera en premier en cette nouvelle année 2017 ? Après avoir vu échouer son compère pénalité à quelques centimètres de la ligne, collectif, suite à une touche, envoie les Géorgiens à dame au bout de 15 minutes de jeu.
La suite ? Touches, mêlée, coup de pieds, en avants, quelques cartouches, et un carton jaune habituel pour la Géorgie. On notera quelques belles envolées belges, notamment juste avant la mi-temps et au retour des vestiaires durant lesquelles le jeu large-large a mis à mal la défense Géorgienne. C’est un véritable point faible de cette équipe, qui devrait quand même se poser des questions après s’être fait déborder 2-3 fois par une vaillante mais bien inférieure équipe de "frites". C’est donc sur sa conquête, peu maitrisée aujourd’hui, que les Caucasiens font la différence et décrochent le point de bonus offensif sur la dernière action du match. Score final : 6-31 !
Les Tops/Flops
Les Tops
Giorgi Koshadze : Le jeune centre géorgien a été très en vue. Il plaque, communique, et propose des courses tranchantes. C’est d’ailleurs sur une de ses courses qu’il vient inscrire son premier essai en équipe nationale. Face au vent, il a un peu baissé de rythme en seconde période.
La vaillance belge : Les Belges ont été impressionnants de volonté. Ils se sont accrochés, ont envoyé du jeu quand ils le pouvaient et ne se sont pas défilés quand les impacts devenaient de plus en plus fort.
Les flops :
Begadze : Le demi de mêlée géorgien n’était pas inspiré. Des plaquages ratés, des excès de gourmandise, des passes mal assurées. Il n’a pas su mettre son équipe dans les bons rails. L’absence de Lobzhanidze s’est faite ressentir. Peut-être aurait-il mieux guidé les jeunes. Malgrès son jeune âge, il joue avec eux dans les sélections inférieures depuis plusieurs années.
Les petits nouveaux : Ils avaient la chance de se montrer et pour la plupart, on n'a pas vu de performance ressortir du lot. Les avants géorgiens n’ont pas sur-dominés physiquement leurs adversaires sur les impacts. On attendait Beka Gogadze comme le futur Gorgodze, ayant tout détruit sur son passage lors du dernier mondial U20, il a été peu incisif. Il leur reste une chance la semaine prochaine face à l’Allemagne, après, les papas reviendront et quelques wagons pour la Coupe du monde seront partis.
Le moment loufoque :
Le pilier gauche Belge, Christophe Debaty, frère de Vincent, abandonnant ses coéquipiers sur la dernière mêlée car il n’en pouvait plus. Pour sa défense, il a dû effectuer le match en entier, l’autre pilier s’étant blessé dès la 3e minute. Le pauvre a mangé la neige toute l’après midi.
Le Tweet qui soulève la question :
Je dis pas que la Géorgie ferait mieux, je dis juste que l'équipe qui leur mettra une telle branlé ramassera ses dents avec ses doigts cassé
— Harry Crotter (@magicfail) 11 février 2017
Le coup de gueule : Qu’est-ce que la Géorgie fait elle encore dans cette compétition ?
La Géorgie n’a plus rien à faire dans ce niveau européen. Les Lelos sont invaincus depuis 2012 et tenant du titre depuis 2006. Aujourd’hui, l’intérêt majeur de cette compétition est de se qualifier pour la Coupe du monde 2019. Or, ils le sont déjà. De ce fait, les résultats des autres équipes contre la Géorgie ne seront pas comptabilisés : quid de leur motivation à jouer les matchs à 100% ?
La plupart des joueurs belges sont des amateurs (et pour les autres équipes, très peu évoluent au plus haut niveau), quand les Géorgiens sont tous professionnels ou en passe de le devenir. Pendant que les autres équipes travaillent leurs automatismes face à des nations d’au moins leur niveau, les Lelos, eux, se retrouvent à devoir faire tourner leur effectif et gagnent aisément leurs matchs au risque de tomber dans la facilité et de perdre en intensité. Le fait de jouer contre des équipes plus faibles nuit à la progression du rugby géorgien. Il est aujourd’hui entrain de stagner dû à son manque d’adversité.
Le Fédération Géorgienne doit se pencher sur un nouveau modèle de compétition à organiser et rendre attractif sportivement ainsi qu’économiquement. Il faut arrêter de compter sur World Rugby ou un potentiel (utopique) accès aux RBS 6 nations. Pourquoi pas une compétition commune internationale avec les meilleures nations du Tier 2 ?
Crédit vidéo : Georgian Rugby