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10 bastions ''tombés'' : relégations, liquidations, quand le rugby français vacille (et parfois renaît)

Mont-de-Marsan en danger : un bastion vacille, et l’histoire du rugby français nous rappelle que les chutes peuvent durer… ou inspirer des renaissances.

Thibault Perrin 11/12/2025 à 17h00
Stade Montois en alerte : la menace de la relégation rappelle les chutes de dix bastions du rugby français. Tous ne s’en sont pas sortis. Crédit image : Canva IA
Stade Montois en alerte : la menace de la relégation rappelle les chutes de dix bastions du rugby français. Tous ne s’en sont pas sortis. Crédit image : Canva IA

Mont-de-Marsan en danger…

Mont-de-Marsan joue gros en PRO D2. Pas encore condamné, mais clairement dans le dur, le Stade Montois flirte avec une potentielle relégation qui ferait date pour un club emblématique du rugby français. Et cette situation – hélas – n’a rien d’inédite. Depuis les années 2000, plusieurs bastions historiques sont tombés du monde professionnel : certains se sont relevés, d’autres végètent dans les divisions inférieures, d’autres encore ont complètement disparu avant de renaître sous une autre forme.PROD2. Alerte monument en péril : ce bastion du rugby français va-t-il éviter la relégation en Nationale ?PROD2. Alerte monument en péril : ce bastion du rugby français va-t-il éviter la relégation en Nationale ?En se penchant sur dix clubs mythiques ayant chuté depuis 2000, une évidence ressort : la descente d’un club historique n’est jamais anodine. Elle bouscule un territoire, change une culture, et parfois… lance une renaissance spectaculaire.

Des raisons diverses derrière ces chutes

Quand on observe Bourgoin, Montauban ou Dax, un schéma revient souvent : le professionnalisme a coûté plus cher qu’anticipé. Les montées en puissance des infrastructures, la masse salariale, les exigences de la DNACG (devenue l'Autorité de régulation du rugby)Tout cela a laminé les clubs mal structurés ou trop dépendants d’un mécène. Bourgoin, par exemple, vainqueur du Challenge européen et vice-champion de France en 1997, tombe en 2012 puis en 2017 à cause de finances exsangues. Montauban s’effondre administrativement en 2010 alors qu’il jouait encore en Top 14. Auch disparaît complètement en 2017 après une rétrogradation au niveau… Fédérale 3.

À l’inverse, les clubs dotés d’un fort ancrage local et d’un savoir-faire formateur (Dax, Colomiers, Béziers) ont réussi à survivre en se réinventant. La relégation n’a pas interrompu leur identité : elle a forcé une transition vers une gestion plus moderne, souvent centrée sur la formation, l’humilité et la reconstruction. Et puis il y a le cas unique : UBB, né d’une chute administrative du CABBG… avant de devenir champion d’Europe 2025. Comme quoi, tomber peut parfois mener très haut.

10 clubs, 10 trajectoires : qui s’est relevé, qui a disparu ?

Bourgoin – Le phénix qui refuse d’abandonner

Tombé deux fois, rétrogradé administrativement, mis en liquidation judiciaire… On pensait le CSBJ perdu. Pourtant, en 2025, le club tient toujours debout en Nationale. Mais les grandes heures berjalliennes semblent loin. Un retour en PRO D2 serait déjà remarquable. Mais pour l'heure, Bourgoin est dans le ventre mou de la Nationale avec seulement 4 succès en 13 matchs.

Grenoble – Le yo-yo devenu pilier de Pro D2

Descendu jusqu’en Fédérale 1 en 2005, revenu champion de Pro D2 en 2012, le FCG est aujourd’hui un prétendant régulier à la montée. Une preuve qu’une structure solide peut rebondir. Mais la marche entre la deuxième division et l'élite reste toujours aussi grande malgré l'évolution des formations de l'antichambre du TOP 14. Après plusieurs finales et autant de déceptions, le FCG va devoir enclencher un nouveau cycle pour tenter de retrouver la première division.

Dax – Le retour inattendu

Relégué au niveau amateur en 2018, revenu en 2024 : l’US Dax prouve qu’un grand club ne meurt jamais vraiment tant que le terroir répond présent. Pour preuve, la très belle 5e place des Dacquois, promus, lors de la saison 2023-2024 de PRO D2. Cette année-là, ils avaient remporté pas moins de 17 matchs avant de tomber avec les armes en barrage face à Grenoble.

Béziers & Colomiers – Les monuments qui tiennent bon

Tombés en Fédérale 1 mais stabilisés ensuite en Pro D2, les deux bastions héraultais et haut-garonnais restent des valeurs sûres du rugby professionnel. L'ASBH a récemment joué une demi-finale, faisant douter Vannes sur sa pelouse, tandis que Colomiers réalise un très bon début de saison (3e). Ancien finaliste de la Coupe d'Europe et du championnat de France de première division, les Columérins rêvent d'un retour dans l'élite après plusieurs qualifications pour les barrages ces dernières années. 

Les clubs qui peinent encore : entre Nationale et renaissance

Montauban – La chute puis le miracle

Disparu administrativement en 2010, l’USM est l’exemple parfait d’une reconstruction réussie : Fédérale 1, Pro D2… puis champion de Pro D2 en 2025 et retour en Top 14. Une résurrection digne d’un documentaire. L'USM a en effet réalisé une formidable fin de saison avec des succès sur Colomiers, Brive puis Grenoble en finale. Une folle épopée pour un groupe qui a cependant plus de mal cette saison en TOP 14 (13e place). 

Tarbes – Le bastion bigourdan en reconstruction

Descendu administrativement en 2016, Tarbes évolue aujourd’hui en Nationale après avoir connu la Fédérale 1. L’ambition demeure, mais la Bigorre attend toujours son retour au professionnalisme. La saison actuelle ne laisse toutefois rien présager de bon puisque les Tarbais sont derniers au classement avec seulement 2 victoires après 13 journées. Mais rien n'est encore fait dans ce championnat. 

Auch – Le club disparu, mais pas l’âme

FC Auch-Gers mort en 2017, RC Auch né immédiatement après… et aujourd’hui en Nationale 2 (6e de la poule 2). Un club qui a connu le championnat Honneur puis trois montées consécutives. L'an passé, Auch s'est hissé jusqu'en quart de finale après avoir joué un match de barrage en 2024. Feront-ils mieux cette saison ?

Narbonne – Le colosse endormi ?

Relégué en Fédérale 1 en 2018 onze ans après sa descente en Pro D2, remonté puis redescendu, Narbonne rêve encore de Pro D2, mais stagne en Nationale. Les Narbonnais ont raté le coche l'an passé. Qualifiés directement pour les demi-finales après avoir terminé à la deuxième place, ils ont été battus par Carcassonne sur leur pelouse. Une énorme déception… qui semble avoir été digérée puisque le RCN est 2e avec 9 succès après 13 journées.  

UBB – Le modèle de renaissance

Champion de France, le CABBG a connu la relégation administrative en Fédérale, la liquidation judiciaire et la fusion, avant de devenir un géant européen sous un nouveau nom depuis 2008, l'UBB. Le plus bel exemple d’une reconstruction moderne et ambitieuse. Et la preuve qu'il faut parfois laisser le passé de côté pour construire un avenir plus brillant.

Pourquoi ça compte pour Mont-de-Marsan ?

Parce que chaque relégation a des conséquences directes :

  • Sportives : perte d’effectif, départs de cadres.
  • Économiques : baisse de subventions, sponsors en retrait.
  • Culturelles : un territoire touché au cœur.
  • Structurelles : nécessité de repenser modèle, centre de formation et budget.

La PRO D2 est un championnat ultra-compétitif, et tomber en Nationale, voire plus bas, peut prendre 10 ans à réparer… quand cela ne se termine pas par une disparition pure et simple.

Le Stade Montois peut-il s’en sortir ?

Oui, car le club est stable et installé depuis longtemps dans le rugby pro. Mais l’exemple de Dax, Béziers ou Tarbes montre qu’aucune place forte n’est à l’abri d’une mauvaise saison. La marge est mince. La survie sportive reste la clé de tout : une relégation entraînerait mécaniquement une refonte du club et de l'équipe.

Les bastions tombent… mais beaucoup se relèvent. Tant que l’âme existe, tant que le public répond présent et que la formation est vivante, rien n’est irréversible. Mont-de-Marsan le sait : l’histoire du rugby français est faite de chutes spectaculaires… et de renaissances encore plus belles.

Desman
Desman
Merci pour cet article même si j'aurais aimé voir plus de détails dans les parcours de reconstruction. Par exemple l'UBB n'est là que grâce au Stade Bordelais qui performait en proD2 à l'époque et s'est fait "avaler" par l'historique CABBG alors relegué dans les tréfonds des championnats amateurs.
NeST
NeST
HS : je suis surpris que personne ne parle de l'affaire Pacific Heart alors que c'est un des sujets "chauds" du moment. J'espérais un HS de @Yonolan, mais ce sujet ne semble pas l'inspirer. A peine une petite discussion avec @AKA sur le sujet. Pourtant elle pourrait avoir certaines conséquences sur le rugby français. Et en tant que supporter du Stade Toulousain, au moins sur mon club de coeur... Pour rappel (pour ceux qui vivent dans une grotte), le Stade Toulousain est impliqué dans une procédure liée au contrat passé avec la société Pacific Heart, dans le cadre du transfert de Melvyn Jaminet. Le club avait déjà réglé une amende record de (1,3 M€) censée clore le volet “salary cap” suite à une médiation avec la LNR. Cependant, une nouvelle procédure a été ouverte par l’A2R, portant non plus sur le dépassement du cap, mais sur la sincérité comptable et la réalité du contrat Pacific Heart. J'ai fait quelques recherches sur les faits antérieurs plus ou moins similaires (litige avec l'autorité financière du rugby), et il semble que le MHR, le Racing 92, le RCT, le BO et l'USO ont été sanctionnés ces dernières années pour des affaires financières ou administratives. Il apparait que lorsque des sanctions ont été décidées, elles ont été financières, quelques fois assorties de surveillance et/ou mesures administratives, mais très rarement sportives (seul Oyonnax a eu un petit retrait de points). La jurisprudence rugbystique française montre donc une préférence pour les amendes, quelques obligations comptables, plutôt que des sanctions lourdes comme des retraits de points ou interdictions de phases finales. Mais ça c'était AVANT. Car nous avons un chevalier blanc à la tête de la LNR, qui a clairement exprimé une position ferme face aux clubs qui tentent de contourner ou de violer les règles établies, ce qui, en soi, n'est pas un mal. Le problème est qu'il sembler souhaiter faire un exemple avec le Stade Toulousain, de par sa position dominante et ses réussites sportives, est un club sous les projecteurs, quitte à mettre en place et à appliquer, avec une certaine rétroactivité, certaines pratiques que certains trouvent un peu déplacées. Pourquoi ? Parce que les faits reprochés au ST se sont passés avant la mandature du président Roubert, et que les règles à appliquer sont donc celles qui étaient applicables au moment des faits. Le Stade Toulousain, de par sa position dominante et ses réussites sportives, est un club souvent sous les projecteurs. Cette médiation avec la LNR était censée clore le dossier, qui a pourtant été réouvert par l'A2R. Les clubs cités précédemment, et notamment Montpellier, multirécidiviste sur plusieurs années, n'ont pas eu droit à ce traitement de faveur. Or les membres de l’A2R sont désignés parmi ceux de la FFR et de la LNR, ce qui signifie qu’ils sont choisis au sein des structures représentatives des deux institutions impliquées dans le rugby français. Il existe donc une proximité institutionnelle entre l’A2R et la LNR, ce qui est la source de certains débats, notamment l'action du "chevalier blanc" cité précédemment. Cela peut être perçu comme une contradiction interne, un désaveu de la LNR par sa propre autorité de régulation, ou, dans certains cas, une manière détournée de traiter un dossier sensible. La logique voudrait, qu'au minimum, les membres censés être liés à la LNR se dessaisissent de cette affaire et se mettent en retrait… ce qui ne semble pas être le cas. Au niveau juridique, il y a deux possibilités. Soit il y a des faits nouveaux en possession de l'A2R que la LNR n'avait pas en sa possession lors de la médiation, ce qui semblerait curieux car cela voudrait dire que le SC Manager, piloté par la LNR, a mal fait son travail. Cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied, parce qu'au moment de la médiation, c'était déjà le chevalier Roubert aux manettes. Soit la LNR connaissait déjà tous les éléments (le contrat Pacific Heart et les flux financiers) lors de la médiation, et l’A2R ne dispose d'aucun fait nouveau, alors une nouvelle sanction serait juridiquement très fragile. Dans ce cas, sanctionner à nouveau le Stade Toulousain reviendrait à punir deux fois pour la même chaîne de faits. Cela serait contestable au regard du principe “non bis in idem” et aurait de grandes chances d’être annulé en appel ou devant le CNOSF. Et cela pourrait être très assimilable à une sorte de croisade contre le club le plus titré, avec le budget le plus important, et surtout le plus en vue du Rugby Français. Quelle que soit l'issue de la commission, je ne suis pas certain que le Rugby Français et la LNR en sortent grandis.
pascalbulroland
pascalbulroland
Merci pour cet article , même si la plupart des clubs que vous citez ne verrons plus ( ou rarement) une montée en top 14 et je ne parle pas de s'y installer.
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