On préfère vous prévenir. Attendez-vous à ce que les impacts au centre du terrain ce samedi résonnent dans les travées d'un Murrayfield pourtant connu pour son ambiance unique dans le microcosme rugbystique. Car avec Sione Tuipulotu, maillot du XV du Chardon sur les épaules (1m79, 104kg) et Jonathan Danty sous la tunique bleue (1m81, 107kg), Écossais et Français possèdent là chacun, des forces de frappe presque inégalables au poste de premier centre sur la planète ovale. Tous deux dans un registre de perce-muraille, souvent utilisés comme fer de lance de leurs équipes, les deux bulldozers devraient se retrouver face-à-face ce samedi, pour un affrontement qui promet des étincelles, et qui risque faire ''BOUM''. Âmes sensibles s'abstenir.
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Sione Tuipulotu, on vous en parlait il y a de ça quelques semaines, lorsque le natif de Franskton, dans la banlieue de Melbourne, avait impressionné les experts du rugby européen face aux Chiefs d'Exeter en Coupe d'Europe. Le joueur de 25 ans, débarqué il y a à peine quelques mois sur les bords de la ville portuaire de Glasgow, avait dès lors semé la zizanie dans la défense anglaise et donné le tournis à des Ian Whitten et Henry Slade, pourtant loin d'être des novices. Après des passages chez les Melbourne Rebels ou en Top League plus récemment avec les Shizuoka Blue Revs, le solide centre s'éclate désormais sous le maillot des Warriors au point d'être sélectionné avec l'Écosse. Éligible grâce à sa grand-mère écossaise, il fait ses débuts sous les ordres de Gregor Townsend à l'automne dernier, avant de connaître donc le Tournoi des 6 Nations, cet hiver. Ailier de formation, le voilà dorénavant décalé au centre avec son club, numéro 13 dans le dos. Après une première rencontre comme remplaçant, il a démarré comme titulaire le 12 février dernier sur la pelouse du Principality en position de premier centre, poste presque nouveau pour lui (il n'a évolué qu'à deux reprises cette saison en 12, le reste du temps en 13).
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Si l'on pouvait légitimement se poser des questions sur ce repositionnement, force est de constater que le golgoth écossais a su convaincre pour sa 3ᵉs sélection, avançant sur chacune de ses prises de balles et étant l'un des rares joueurs à tirer son épingle du jeu chez les Scots. Il se complète bien aux côtés d'un Chris Harris, peu tranchant offensivement il faut bien l'avouer, plutôt dans un rôle de passeur mais exceptionnel en défense (17 plaquages sur 18 tentés depuis le début du Tournoi). Sûrement l'un des meilleurs centres sur l'aspect défensif à l'heure où nous écrivons ces lignes. Alors il est vrai, il manque peut-être un grain de folie dans cette paire de centres écossaise. Folie qu'aurait pu apporter un temps Huw Jones ou dans une moindre mesure Cameron Redpath. Ce dernier, une nouvelle fois blessé, tout comme Sam Johnson titulaire en 12 en début de Tournoi ont contraint Townsend à titulariser Tuipulotu. Et grand bien lui en a pris. Car ce dernier, dans son profil de déménageur, a apporté au centre du terrain un profil que le XV du Chardon n'a certainement jamais eu dans ses rangs (si on excepte Van der Merwe à l'aile). Mais n'allez pas nous faire dire ce que nous n'avons pas dit ou croire que Tuipulotu n'est qu'un simple coffre à ballon, martyrisant les défenses à chacune de ses charges dévastatrices et fonçant tête baissée sur l'ensemble de ses prises de balle. L'ex-international australien U20 possède aussi de sérieuses qualités de vitesse et de sacrés crochets. Bref, un joueur complet.
Danty tiendra bien sa place
Mais Tuipulotu saura à qui causer sur la pelouse de Murrayfield. Car il aura en face de lui, un Jonathan Danty, devenu au fil des semaines une pierre angulaire du système Galthié. Touché face à l'Italie, le joueur de La Rochelle était absent lors du choc au sommet face à l'Irlande. Mais voilà la blessure de Villière a rebattu les cartes, décalant de ce fait selon toute vraisemblance, Moefana à l'aile. Danty devrait donc prématurément retrouver sa place en 12 aux côtés de Gaël Fickou. En revanche, quid de son état de forme ? L'ancien joueur du Stade Français sera-t-il au maximum de ses capacités physiques pour ce match, qui a tout du traquenard ? Fabien Galthié a semble-t-il, en prenant le risque (si cela se confirme) de faire jouer Danty quelques semaines après sa blessure, privilégié l'expérience. Car en titularisant Moefana au centre au détriment de Danty, et en y ajoutant Matthis Lebel sur une aile, le sélectionneur des Bleus aurait de ce fait, aligné deux joueurs très jeunes, d'à peine 21 et 22 ans. Pas évident face à un adversaire si coriace qui compte plusieurs joueurs habitués aux joutes du niveau international.
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Sûrement moins rapide que son vis-à-vis écossais, Jonathan Danty n'en reste pas moins un joueur ultra puissant ainsi qu'un très gros défenseur. Souvent utilisé comme premier attaquant pour fixer dans un premier temps la défense adverse, il a aussi cette capacité à faire jouer derrière lui, et reste techniquement un joueur très sûr. Car certes, les deux joueurs que nous vous présentons basent forcément leur jeu sur la puissance, mais ils restent en parallèle de très bons joueurs de ballon.
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La complémentarité entre la paire Danty-Fickou, les deux joueurs ayant évolué ensemble au Stade Français puis en équipe de France, nous laisse penser qu'elle aura un petit avantage au moment de rentrer sur la pelouse sur son homologue écossaise. Mais soyons en sûr, avec deux 12 au-dessus du quintal sur la pelouse, les chocs entre les deux hommes risquent de claquer dans toute l'enceinte écossaise.
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