Une jeunesse audacieuse
Suite à la défaite en Angleterre, Jacques Brunel avait choisi de rajeunir son XV de départ avec les titularisations de Dupont, Ntamack et Ramos. C'est ce dernier qui s'est illustré le premier en prenant ses responsabilités avec une relance de feu depuis son camp. Avec avoir franchi et mis les cannes, il a servi Penaud qui a remis à Dupont à l'intérieur. Le demi de mêlée stoppée devant l'en-but, c'est Ramos qui a écarté pour son coéquipier Ntamack pour le premier essai du match à la 13e minute de jeu. Globalement, les trois Toulousains ont fait de bons choix au pied comme à la main. On leur pardonne le peu de déchets qu'ils ont eu dans cette partie. Il faut bien que jeunesse se fasse.
De l'envie...
Comme au début du Tournoi contre le Pays de Galles, c'est un XV de France motivé et agressif qui a fait face aux Écossais. Loin d'être échaudés et peut-être vexés par la fessée reçue à Twickenham, ils ont pris le match à leur compte avec une défense agressive au large, notamment sur la deuxième passe, comme dans les rucks. En attaque, les Bleus ont eu cette intention de faire vivre le cuir pour le coéquipier avec sept offloads dans le premier acte contre seulement 4 pour les visiteurs. Ils ont battu deux fois plus de défenseurs que leur adversaire. C'est ainsi qu'ils ont marqué un superbe essai dès la reprise de la seconde période par Huget. A l'origine, Antoine Dupont qui met le feu à la défense mais surtout un par-dessus pour lui-même de Bastareaud et de bons relais de Fickou et Picamoles.
...mais un manque de maîtrise
Cependant, ils ont eu du mal à canalisé toute cette envie et cette volonté de bien faire. En témoigne le nombre de pénalités (8), deux fois supérieur à celui de l'Écosse après quarante minutes. C'est au sol que les Bleus ont manqué de maîtrise, en allant trop loin ou perdant leurs appuis. Dans ce domaine, la fougue de la jeunesse de Bamba et Lambey a été préjudiciable, mais l'expérimenté Huget a aussi failli et été exclu dix minutes. Il s'agit de souligner que les Bleus n'ont pas encaissé de points pendant cette infériorité numérique. Cependant, ils ont surtout vu deux essais par Penaud (8e) et Fickou (31e) leur être refusés pour des en-avants après appel à la vidéo.
Une Ecosse orpheline de ses cadres
On craignait pour l'Écosse quand l'absence de Finn Russell, Stuart Hogg ou encore Huw Jones, elle ne parvienne pas à faire la différence. Après un premier quart d'heure passé à défense, les Écossais ont eu la main sur le ballon sans pour autant en tirer parti. Ils ont enchaîné les temps de jeu avec du rythme mais sans Hogg, Russell ou Jones pour faire la différence individuellement, ils ont bien été contenus en première période. Ils ont connu ses éclats par moment comme cette percée de Maitland avant l'heure de jeu puis cette course d'Hastings à la 69e, mais des imprécisions sont venues contre-carrer leurs plans. À ce titre, le centre Nick Grigg est passé à côté de son match.
Une victoire mais...
L'essai de Price pour l'Écosse est intervenu trop tardivement pour changer la donne après celui de Gregory Alldritt suite à une très bonne mêlée. Mais il rappellera aux Bleus qu'ils sont loin d'être champions du monde. En ces temps de vaches maigres, un succès est bon à prendre. Surtout quand il est bonifié grâce au doublé d'Alldritt. Mais le 10 mars prochain, les Irlandais ne se gêneront pas pour punir les Tricolores. Lesquels n'ont pas de marge. La bonne conquête, les relances de Ramos, la qualité de la charnière et les belles intentions ne feront pas totalement oublier les défaites et ce qu'il reste à travailler. On pense notamment au manque de soutien sur les relances, une redistribution défensive et un replacement trop lent après de longues séquences de jeu, ou cette baisse de régime physique dans le deuxième acte.