À Clermont, le médecin du club Mathieu Abbot, spécialiste en médecine sportive et en activité au CHU de Clermont, tire la sonnette d'alarme quant aux discussions de reprises de championnat qui lui paraissent dangereuses. "Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de reprendre notre sport dans des conditions acceptables", déclare-t-il sur Rugbyrama. Il a bien conscience que la situation est triste pour les joueurs qui ne pourront pas dire au revoir au Michelin une dernière fois, mais la santé publique et individuelle est primordiale :
Tant que le virus circule, que nous n’avons ni traitement prouvé efficace ni de vaccin, et tant que nous n’avons pas de tests sérologiques fiables et à disposition cela parait utopique… et cela sans parler de la question éthique de disposer de tests sérologiques alors que leur utilisation semble restreinte pour le grand public.
De son point de vue, la reprise semble utopique, mais surtout inenvisageable si on ne veut pas mettre la santé des joueurs en danger. Cette période de confinement est l'ennemi du sportif de haut niveau. Sans bonnes installations, la masse musculaire du joueur fond à vue d'oeil et il est possible que le corps réagisse de différentes manières : "Certains de nos joueurs ont perdu 7-8 kg, on ne pourra pas leur faire reprendre en quelques jours." Mathieu Abbot l'explique : la masse musculaire du joueur peut fondre et "l'hypertrophie musculaire se perd très vite". Pour un sportif de haut niveau, le plus dangereux reste la perte de poids et non la prise de poids.
Le football serait-il plus avantagé que le rugby dans une possible reprise ?
Le médecin de l'ASM est formel, il faudra 8 semaines minimum avant une reprise dans de bonnes conditions : "Avec une population qui a été arrêtée durant au moins 2 mois et qui sera complètement sous-entraînée c’est aussi leur faire prendre un risque sur leur santé. Si on élude le problème du virus, pour faire reprendre les joueurs et les amener à un niveau athlétique cohérent avec des matches à très haute intensité, il faut compter 8 semaines." Les phases finales, cet été, semblent complètement en désaccord avec son avis médical.
