Hé, vous avez remarqué ? Remarqué comme le mistral est doux en ce moment, du côté d’Aix-en-Provence. Certes, « le temps est bon, le ciel est bleu » ces derniers temps du côté du Sud-Est, mais c’est plutôt de l’air optimiste qui vole au-dessus de Maurice-David que l’on cause ici. Il faut dire que passé le temps de la pérennisation en deuxième division, le club provençal a aujourd’hui trouvé son rythme dans ce championnat relevé qu’est la ProD2, à l’image de sa 10ème place actuelle (malgré 7 défaites lors des 8 derniers matchs). Fabien Cibray mène à bien le projet du club, les nombreux anciens du Top 14 (Ledevedec, Belan, Brousse, Forbes…) tiennent la baraque, quand Charles Mallet et Tyrone Viiga entraînent toute leur formation dans le sillage de leurs charges de buffle. Mieux, les Noirs et Blancs affichent leurs ambitions pour l’avenir avec un gros recrutement d’ores et déjà annoncé : l’an prochain Kévin Bly, Alexandre Flanquart, Enzo Selponi et d’autres arriveront dans le 13 pour tenter d’emmener Provence Rugby vers les sommets du mont ProD2. Surtout, et c’est peut-être là sa meilleure performance sur le marché des transferts, Aix a obtenu voilà un mois la prolongation de son arrière Florent Massip, pourtant convoité par des écuries de Top 14. Son homme à tout faire. On exagère, vous dîtes ? Pas sûr. Au vrai, à 9 journées de la fin, Massip est le meilleur réalisateur du championnat avec 270 points inscrits (en 17 rencontres), soit 15,9 par match ! Aussi, il inscrit en moyenne 61,5% des points de son équipe cette saison, balance des coups de canon depuis les 4 coins du terrain, est toujours titulaire lorsque Aix l’emporte (8 fois sur 8)… tirez-en les conclusions que vous voulez.
⚫️🏉 ⓈⒾⒼⓃⒶⓉⓊⓇⒺ ✍️ | Provençal jusqu'en 2️⃣0️⃣2️⃣3️⃣ !
— Provence Rugby ⚫️🏉 (@ProvenceRugby) January 23, 2021
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Un parcours unique
Pourtant, tout n’a pas toujours été aussi évident pour celui qui bataillait encore en Fédérale 1 il y a 3 ans. Déjà parce que Massip est originaire de St-Denis. Pas la commune du 93 accueillant - entre autres - le Stade de France, non, mais bel et bien la plus grande ville de La Réunion. Une île pas vraiment réputée pour sa formation rugbytique vous en conviendrez, d’autant plus quand on sait que jamais elle n’avait produit de rugbyman professionnel dans son histoire il y a encore peu. Avant de se tourner vers la balle ovale, le principal concerné avait d’ailleurs remporté la célèbre Danone Nations Cup au Parc des Princes, ce qui s'apparente à la coupe du Monde de foot des Moins de 12 ans… cela ne s’invente pas. Et tenez-vous bien, son parcours escarpé ne s’arrête pas là ! Alors qu’il rejoint la métropole et Dax à ses 16 ans pour partir en chasse de son rêve de devenir professionnel, le club landais ne le conserve pas à l’issue de ses années juniors.
Que fait Massip, alors ? Il s’engage là où on veut bien le prendre, à savoir dans l’autre grosse écurie du département : le Stade Montois. Non pas en Espoirs, mais en tant « qu’associé au centre de formation», minimum syndical pour être affilié au club et pouvoir s’entraîner avec le groupe pro’, sans y jouer toutefois. « Mon envie était d’intégrer le centre de formation et ils me disent que ce n’est pas possible, que je garderai le même statut sans garantie de jouer des matchs en professionnel, précisait-il récemment pour le journal des Outre-Mer. Alors lorsque j’ai un eu appel d’Oloron, le choix a été facile. J’ai préféré tenter le niveau Fédérale 1 à 21 ans, prendre de l’assurance, jouer des matchs et acquérir de la maturité. » Dans le Béarn, grâce à un alignement des planètes en sa faveur et les conseils de buteur prodigués par Antoine Vignau-Tuquet (plus de 1700 pts en professionnel) durant son année montoise, le Dionysien d’origine s’impose rapidement. Il réalise 2 saisons à plus de 200 points, éclate aux yeux de l’antichambre de la ProD2, attire l’attention des techniciens les plus aguerris. « Avec cette confiance que ce club m’a donnée, j’ai progressé. Un jour, je reçois un coup de fil de Marc Delpoux, je n’y croyais pas, incroyable ! Je pars donc pour Aix-en-Provence en 2017. » Quand on vous disait étonnant !
Jusqu'au record absolu en Pro D2 ?
Voilà pour son parcours jusqu’à Provence Rugby. La suite ? Elle s’inscrit, enfin, dans une progression constante et linéaire. Pour sa première année à Maurice-David, l’arrière longiligne (1m90 pour 92 kilos) termine meilleur réalisateur de la poule élite de Fed 1, aide son club à retrouver la deuxième division, convainc les derniers circonspects. Mais le meilleur est encore à venir : On vous la fait courte, depuis 2 saisons et demi qu’il foule les pelouses de deuxième division et comme énoncé en début de papier, « Chico » s’est affirmé comme le meilleur buteur de Pro D2. 716 points sur la période, personne ne fait mieux. Mais surtout, il ne cesse, depuis, de progresser dans son jeu - à l’image de ses 4 essais cette saison - et de s’affirmer toujours un peu plus comme LA plaque tournante des ouailles de Fabien Cibray. Jusqu’à pratiquer aujourd’hui le meilleur rugby de sa (jeune) carrière. Et de logiquement s’afficher des objectifs à la hauteur de ses performances. « Il y a deux saisons, j’avais terminé meilleur réalisateur de ProD2 avec 327 points. J’espère bien battre ce record, ça pourrait être un challenge que je me fixe cette saison », explicitait-il il y a quelques semaines. Pour l’heure en avance d’une trentaine de points sur son premier concurrent et alors que mars pointe à peine le bout de son nez, on jurerait même que Massip a des arguments pour faire tomber l’invraisemblable marque de Maxime Petitjean, établie à 403 points. Il lui reste pour l’heure 9 matchs pour cela. Et croyez-le ou non, mais au gré des saisons et des coups de canons, Massip a prouvé qu’il ne fallait jamais le sous-estimer...