Avant la demi-finale du Top 14 entre Toulouse et le Racing 92, nous vous parlions de la défense hermétique du Stade Toulousain, meilleure de la saison régulière, et qui n’a encaissé que 44 essais (moins de deux par match). Et comme prévu, les Franciliens se sont cassés les dents sur le mur rouge et noir, qui n’a cédé qu’en fin de rencontre, lorsque la victoire était déjà acquise. Un match qui, au-delà de permettre aux Toulousains de se qualifier pour la finale du Top 14, a représenté comme il se doit la saison des hommes d’Ugo Mola sur le plan défensif. Car si ces derniers ont tout de même inscrit plus de 40 points, c’est surtout en défense qu’ils ont impressionné. Très disciplinés (8 pénalités concédées), les coéquipiers d’Antoine Dupont ont su repousser pendant une grande partie de la rencontre les assauts du Racing 92. L’on pense notamment à ces mauls portés annihilés proches de la ligne d’en-but, ou encore à ces montées défensives agressives. En définitive, les Toulousains ont encore une fois appliqué un système défensif efficace, mis en place par Laurent Thuéry, l’entraîneur en charge de la défense. Une stratégie que nous avons tentée d’analyser, à travers la demi-finale face au Racing 92.
DEMI-FINALE. TOP 14. ''Déculottée'', ''dix tons au-dessus'', ''répétition générale'', la revue de presse de Toulouse/Racing 92Une efficacité diabolique
Avant de s’attarder sur le côté collectif de la chose, rendons à César ce qui appartient à César. Car si les Toulousains se font aussi peu franchir, c’est avant tout grâce à la qualité intrinsèque des joueurs présents sur la pelouse. En effet, il est plus facile de défendre lorsque vous avez des François Cros, Jack Willis, Julien Marchand ou encore Antoine Dupont. Preuve en est avec cette statistique impressionnante : face au Racing 92, les hommes d’Ugo Mola ont eu une efficacité au plaquage de 86%. Un pourcentage qui passe même à 91% de réussite, si l’on ne prend en compte que les 65 premières minutes de jeu. Pour vous dire, le premier plaquage manqué des Stadistes n’est apparu qu’à la 35ème minute de jeu ! Une efficacité diabolique, qui a permis à Toulouse de résister aux offensives franciliennes. Si bien que sur les 10 fois où le Racing 92 est entré ballon en main dans les 22 mètres toulousains, les hommes de Laurent Travers n’ont réussi à scorer que 2 fois (dont une sur une interception de Fickou). De quoi prouver toute l’implication des Toulousains dans ce domaine, et ce quel que soit le joueur. Par exemple, contre le Racing 92, Matthis Lebel fut l’un des meilleurs plaqueurs de la rencontre, grâce notamment à sa bonne pression sous les ballons hauts.
PHASES FINALES. TOP 14. 1416 points inscrits, 156 essais… Pourquoi ce Toulouse - Racing 92 s’annonce spectaculaire ?Presser le premier attaquant : un risque parfaitement maîtrisé
Dès l’école de rugby, on vous apprend à monter en ligne, afin de ne pas créer de décalage dans le rideau défensif. Mais voilà, plus vous montez en catégorie, et plus on vous propose des alternatives pour gêner au maximum les attaquants. Et parmi elles, on retrouve celle utilisée par le Stade Toulousain, mais aussi par d’autres clubs du championnat : presser fort le premier attaquant. Le but ? Pousser celui-ci (généralement le demi d’ouverture) à prendre une décision vite, soit par une passe, soit en jouant son duel. Une stratégie qui, si elle peut s’avérer risquée (cette dernière laissant des espaces dans cette zone du 10), est parfaitement utilisée par les Toulousains. Tout d’abord parce qu’ils n’en n’abusent pas (environ 1 fois sur 3, voire 4 offensives adverses), mais aussi parce que les Rouges et Noirs possèdent les joueurs qu’il faut pour ce rôle. À commencer bien sûr par le capitaine du XV de France, Antoine Dupont. Très explosif et redoutable défenseur, il arrive souvent à presser le demi d’ouverture, le poussant à la faute. C’est notamment le cas sur cette action ci-dessous : alors que Russell reçoit le ballon quelques mètres avant la ligne médiane, Dupont décide de monter en pointe sur ce dernier, tout en s'assurant qu'aucun trou n'est exploitable dans cette zone. Résultat, Finn Russell décide d'envoyer maladroitement le ballon sur les extérieurs, ce qui engendrera un en-avant de la part de son coéquipier. Une action qui paraît anodine, mais qui a pourtant permis aux Toulousains de s'installer de nouveau dans le camp adverse. En revanche, le sort de cette phase de jeu aurait pu être différent, si l'ouvreur écossais avait tenté de jouer dans le dos de la défense toulousaine, le second rideau étant dégarni (en montant fort, Dupont découvre fatalement cet endroit du terrain). Néanmoins, au vu de la pression mise par le demi de mêlée, ce potentiel jeu au pied aurait certainement été imprécis (voire contré), et aurait donné un bon ballon de relance aux Stadistes. Un scénario que l'on a d'ailleurs vu de nombreuses fois vendredi soir.

Rugby. Antoine Dupont et Frédéric Michalak vont recevoir un hommage très original !Pas de concentration inutile dans les rucks
Si le Stade Toulousain possède d'excellents plaqueurs, il compte également de nombreux joueurs capables de gratter de précieux ballons quand il le faut. Ce fut le cas ce week-end avec Jack Willis, ou encore Santiago Chocobares. Sans oublier bien sûr l'un des meilleurs du monde dans ce domaine, Julien Marchand. Mais voilà, aussi bons qu'ils soient dans cet exercice, ces derniers savent surtout quand il faut se consommer, et quand il faut se replacer sur la largeur. Sans parler bien sûr de la puissance de Meafou, qui permet de monopoliser 2 voire 3 joueurs adverses dans les regroupements. De ce fait, l'on voit rarement le Stade Toulousain en sous-nombre. Au contraire, nombreuses sont les actions où les Rouges et Noirs peuvent monter fort, grâce à leur supériorité numérique. Un constat valable également sur les mauls portés. Plus d'une fois, le Racing 92 a voulu enfoncer le Stade Toulousain avec un maul, surtout en première mi-temps. Malheureusement pour ces derniers, les champions de France 2021 ont réussi à les contenir, ce qui obligeait Le Garrec à sortir le ballon. Un cadeau empoisonné pour son ouvreur, qui a souvent subi la pression adverse. L'image ci-dessous montre parfaitement cela : après un maul, Russell hérite du ballon, mais voit qu'il n'a que 3 coéquipiers dans la ligne (dont un le long de la touche), là où les Toulousains défendent à 5 (plus 2 avants qui se replacent). Résultat ? Ballon perdu pour le Racing 92.

Si sur cette action, le Stade Toulousain a réussi à récupérer le ballon grâce à un en-avant de Russell, soulignons également que cette stratégie pousse l'adversaire à se débarrasser au pied du ballon. En effet, les attaquants, voyant un rideau dense et étalé sur la largeur monter à pleine vitesse, se résolvent souvent à ne pas prendre de risque, et d'occuper le camp adverse, ou bien de jouer dans le dos de cette défense. Et c'est là, tout le but de cette stratégie : pousser l'adversaire à vous rendre le ballon, sous peine de commettre un en-avant, ou de se faire pénaliser. Et face au Racing 92, ce système a, encore une fois, marché à la perfection. Alors oui, les Franciliens n'ont pas été les plus adroits dans l'occupation ce vendredi. Mais cela est avant tout dû à la bonne défense toulousaine, jumelée à une couverture également excellente...
FINALE. TOP 14. Hastoy - Dulin, ces héros aux pieds vaillants indispensables au Stade RochelaisAlors quoi, la défense du Stade Toulousain est-elle imbattable ? Bien sûr que non. En témoigne d'ailleurs la demi-finale de Champions Cup face au Leinster. Une rencontre où les Toulousains ont été beaucoup trop pénalisés, ce qui ne leur a pas permis de mettre en place leur système défensif. Vous l'aurez compris, c'est donc en ce sens que La Rochelle devra appuyer ses efforts samedi. Pousser à la faute Antoine Dupont et les siens, afin de les mettre sur le reculoir. Le jeu au pied sera aussi un domaine décisif. Car si les Rochelais se montrent trop imprécis, Thomas Ramos, mais aussi tous les autres joueurs présents sur la pelouse, se feront un plaisir de punir le double champion d'Europe en titre, comme ce fut le cas face au Racing 92. Néanmoins, au vu de la forme actuelle de Brice Dulin et d'Antoine Hastoy, l'on doute que le Stade Rochelais soit défaillant sur cet aspect-là...