Si les Ecossais servent le solide Duhan van der Merwe face aux Bleus, ça peut faire mal
Il est costaud comme un boeuf, dispose d'un raffut de folie, brise autant de plaquages que Jean Castex d'espoirs chaque jeudi et déboule comme un cheval de course dans les couloirs. Antoine Dupont ? Hé oh, certes Toto est un phéno', mais ne vous faîtes pas aveugler, on parle là d'un grand blond, ailier de son état et même... passé par Montpellier. Vous l'avez ? Duhan Van der Merwe, "himself". Depuis le début du Tournoi, le Sud-Africain d'origine cartonne avec l'Ecosse, en témoignent ses 3 essais en 4 matchs ou ses 432 mètres parcourus ballon en main. À 25 ans et moins de 6 mois en sélection, le garçon au visage poupon en est même déjà à 6 essais en 9 sélections avec le XV du Chardon... Fort !
A nightmare for the defence 💪
— Guinness Six Nations (@SixNationsRugby) March 22, 2021
Duhan van der Merwe leads a strong Top 6 for broken tackles so far!#GuinnessSixNations #PoweredByAWS pic.twitter.com/9dSxaUixFy
Pourtant ne vous fiez pas à sa gueule d'ange, Van der Merwe est un véritable diable sur le terrain, et pas que lorsqu'il s'agit de plonger en coin. Jouissant d'un physique de golgoth (1m93 pour 106 kilos) et ultra-musculeux, le natif de George a pour principal amusement de faire joujou avec ses adversaires, en les humiliant si possible : énormes culs, raffûts fulguro-poing, cadrages-débordements de l'espace, tout y passe. Et dans le plus pur style sud-africain, le futur joueur de Worcester aime dominer physiquement ses vis-à-vis, les regarder un brin de travers, aussi, et ce n'est pas Keith Earls qui dira le contraire... Ce vendredi à 21h, il sera à n'en pas douter l'une des principales armes offensives des hommes de Greg Townsend, lui qui est aussi en passe de battre ce soir le record historique de plaquages cassés durant une édition du Tournoi, pour l'heure à égalité avec le légendaire Brian O'Driscoll (30). Alors, pour tenter de le contenir, Fabien Galthié et les siens ont décidé de "renforcer les couloirs" et de laisser Damian Penaud face à lui, histoire d'aligner un ailier disposant à quelque chose près du même gabarit (1m89 pour 95kg) que le colosse d'Edimbourg. Face à un Penaud dont on connaît tous les qualités athlétiques mais qui n'est pas vraiment réputé pour sa défense (bien qu'elle soit meilleure sur l'homme que collectivement), cela suffira-t-il ? En tous cas, on tente de vous livrer quelques failles sur lesquelles les Bleus pourraient appuyer pour contrer Duhan Van der Merwe.
Renforcer les couloirs
Try number 2⃣ scored by, @duhanvdmerwe 🔥 pic.twitter.com/haAwqh8e2F
— Scottish Rugby (@Scotlandteam) March 20, 2021
Cette action parmi tant d'autres pour vous montrer que connaissant les qualités foudroyantes de son ailier, l'Ecosse se plaît à aller le chercher autant que possible sur son aile gauche, le plus souvent - dans le jeu courant - via des passes rapides conduisant jusqu'à lui. De fait, comme nous vous le montrions lors de notre article analyse sur les ailiers français ce jeudi, la stratégie française d'adopter une rush défense conduit souvent à délaisser quelque peu ses couloirs, en comptant sur la capacité de lecture du jeu voire sur les qualités athlétiques de Penaud et Thomas pour éventuellement rattraper les coups si décalage il y avait. Est-ce pour cela que la France a renforcé ses couloirs en vu du match face à l'Ecosse ? Probablement. Et puisque les courses tranchantes de Van de Merwe ne pardonneront pas en bout de ligne, on gagerait presque que le méticuleux Shaun Edwards a dû revoir ses consignes en matière de montées défensives pour ce vendredi soir. Histoire de ne pas tendre le bâton pour se faire battre, et de contrecarrer l'atout numéro 1 du Chardon en attaque.
"Fermer" derrière les leurres
Cette fois, c'est le média britannique "The Breakdown" qui faisait un focus il y a quelques mois sur l'utilisation de Van der Merwe avec sa province d'Edimbourg. Et en trois actions, l'on comprend que l'idée générale de l'équipe de Richard Cockerill est claire : jouer sur Duhan dans le dos en passant par un voire plusieurs leurres. Cette stratégie afin d'utiliser - autant que possible - les qualités d'explosivité et de puissance du grand blond proche des zones de rupture. On vous le donne en mille, dans une moindre mesure, l'Ecosse fait pareil après phases arrêtées en se servant de plusieurs passes dans le dos afin de servir ses tranchants Van der Merwe ou Huw Jones (cf: voir l'action de son essai face à l'Irlande) sur les extérieurs et avec du champ, face à des défenses par définition souvent moins compactes sur ces zones-là du terrain. De fait, les Bleus, particulièrement performants dans ce genre de cas grâce aux "coffreurs" de l'extrême Fickou et Vakatawa, seraient bien avisés d'être encore plus vigilants qu'à l'accoutumée là-dessus, d'autant que le centre tricolore aux 63 sélections jouera à l'aile ce vendredi soir. CQFD.
Lui mettre la pression
"Il est grand, rapide et costaud. La clé pour moi c'est juste de lui filer le ballon et de le laisser faire", dit de lui le centre écossais Sam Johnson. De son côté, l'entraîneur des 3/4 d'Edimbourg n'est pas moins dithyrambique concernant son poulain de 106 kg : "Quand il arrive au contact, vous pouvez voir les plaqueurs s'écarter." Alors, que voulons-nous dire par ce poncif on ne peut plus bâteau : "lui mettre la pression"? Eh bien le faire au sens propre du terme, c'est-à-dire en ne le lâchant pas d'une semelle, comme ont tenté de le faire les Gallois avec Antoine Dupont la semaine dernière. Le pauvre Keith Earls, bousculé sur tous les ballons touchés par VDM lorsqu'il était lancé lors de la victoire de l'Irlande en Ecosse il y a 15 jours, en apporta la preuve lorsqu'il "croqua" ce dernier à la retombée d'un box kick de son demi de mêlée.
Pardonnez-nous pour la qualité de l'image, mais l'idée ici est plutôt de voir comment Earls ne laisse aucun répit à VDM dès l'instant où il récupère le ballon à la retombée du jeu au pied.
Ce qui fonctionne grâce à un superbe plaquage aux jambes, d'autant plus que l'ailier écossais sera sanctionné en suivant pour ne pas avoir libéré son ballon assez rapidement. La voie à suivre.
Ce qui avait particulièrement agacé Van der Merwe, pas habitué à être stoppé net, surtout par plus petit que soi. À Damian Penaud et aux Bleus, donc, de faire de même, ce soir au Stade de France, en visant et allant chercher un garçon particulièrement friable sur sa défense collective. Comme l'ailier clermontois, tiens, tiens... Histoire de le faire sortir de son match et de l'aider à lui faire perdre ce duel on ne peut plus alléchant, entre deux ailiers aux profils résolument identiques...
