Depuis une semaine, les supporters du Stade Toulousain ne parlent plus que de ça. Leur protégé, Cheslin Kolbe, portera donc le maillot du Rugby Club Toulonnais la saison prochaine. Un transfert qui étonne, de par sa nature. Car dans le monde du rugby, les transferts n'existent (presque) pas.
Cheslin Kolbe : son message aux supporters du Stade ToulousainTraditionnellement, les joueurs professionnels effectuent plutôt une "mutation", ne changeant de club qu'à la fin de leur contrat. C'est le cas d'Anthony Jelonch. Nouveau joueur du Stade Toulousain, le 3e ligne tricolore était en fin de contrat avec Castres, en juin dernier. Il a donc rejoint libre le club de la Ville rose.
Les exceptions existent, forcément. Au-delà du cas Kolbe, le passage de Gaël Fickou du Stade Français Paris au Racing 92 a énormément fait parler la saison passée. Tout autant que le premier transfert record "officiel" du monde du rugby. Et déjà, le Racing était impliqué.
Fall in love
Nous sommes en 2010, et à l'époque, le club des Hauts-de-Seine s'appelle encore Racing-Métro 92. Pour son retour dans l'élite du rugby français, l'équipe déjà présidée par Jacky Lorenzetti réalise une superbe performance : terminer à la 6e place, et se qualifier pour les phases finales du TOP 14. Les ambitions du club sont déjà là. L'argent, aussi.
Et c'est ainsi que le club francilien réalise un gros coup, autant sportif que médiatique : la signature de Benjamin Fall. L'ailier ou arrière de l'Aviron Bayonnais est l'un des grands espoirs du rugby français, voire mondial. Âgé de 21 ans, il ne dispute que sa deuxième saison en 1ère division, mais porte déjà le maillot de l'équipe de France. Bref, c'est la grosse cote : un joyau qu'on veut s'offrir et exhiber fièrement, à une époque où les clubs participent à une immense course à l'armement pour faire du TOP 14 le #MeilleurChampionnatDuMonde.
Problème : sous contrat jusqu'en juin 2011 avec Bayonne, Benjamin Fall n'est pas libre. Pour l'arracher au club basque, il faut donc payer. Ce que fait le Racing-Métro pour un total de 506 000 euros. 300 000 euros représentent le montant de la clause libératoire. Le reste (206 000 euros), les indemnités réglementaires de formation. Un demi-million, donc. Un record à l'époque, bien loin des chiffres existant déjà chez les cousins du ballon rond où le transfert de Cristiano Ronaldo (94 millions pour rejoindre le Real Madrid) a - depuis - été battu à plusieurs reprises.
Un futur modèle à définir ?
Les supporters reprochant à Kolbe de rejoindre Toulon n'ont sans doute jamais changé de travail pour gagner mieux ailleurs. C'est aussi l'hypocrisie du monde du rugby, où les joueurs aux carrières de plus en plus courtes devraient s'empêcher d'évoluer (sportivement comme financièrement) au nom de "valeurs" pourtant largement piétinées depuis de nombreuses années.
Toujours est-il que si le rugby continue son évolution, ces transferts (Kolbe, mais aussi Fickou, donc) pourraient faire évoluer le modèle du marché des mutations. Ce dernier est déjà largement critiqué, principalement pour l'absence d'une période de mercato délimité, permettant aux clubs de faire leur marché ailleurs. Ainsi, il n'est pas rare que les joueurs soient contactés... un an à l'avance, comme on le voit pour Pierre-Louis Barassi. Le Lyonnais pourrait jouer toute cette saison en sachant pertinemment qu'il défendra les couleurs d'une autre équipe à la rentrée 2022.
Mais tant que les mutations (donc les changements de club après une fin de contrat) continueront d'être largement majoritaires, un mercato a-t-il vraiment lieu d'être dans le monde du rugby ?
Rugby. Malgré son salaire astronomique, Kolbe ne sera pas le joueur le mieux payé au monde
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