Ce samedi 08 mai, les Chiefs et les Crusader s’affrontaient en finale de Super Rugby Aotearoa. Une finale explosive qui a vu les Crusaders battre les Chiefs 24 à 13. Une performance remarquable, les champions ayant été réduits à 13 pendant quelques minutes suite à deux cartons jaunes coup sur coup. Désormais, c’est le Super Rugby Trans-Tasman qui prend le relais. Une nouvelle compétition où néo-zélandais et australiens s’affrontent sur cinq matchs. Ainsi qu’une finale opposant les deux premiers du classement final. En Océanie, il ne reste donc qu’un peu plus d’un mois avant de voir les franchises passer le relais aux équipes nationales. Et ceci jusqu’à l’année prochaine.
XV de France. Les All Blacks au programme des Bleus en novembre 2021La question se pose donc : qui verra-t-on arborer le numéro 10 pour la période internationale et donc pour affronter la France cet automne ?! Une interrogation qui peut sembler hâtive tant les tests d’automne semblent éloignés pour nous, mais qui fait réagir depuis plusieurs mois en Nouvelle-Zélande. En janvier, Beauden Barrett avait annoncé vouloir retrouver l’ouverture sous la tunique noire dès son retour au pays. Les déclarations et performances de certains tendent donc à rebattre les cartes. D’autant plus que, cette saison sera la première phase internationale complète d’Ian Foster, actuel sélectionneur néo-zélandais. Ce dernier pourrait en profiter pour lancer une nouvelle dynamique et installer des joueurs inédits dans le XV de départ. La presse néo-zélandaise ayant fustigé le nouvel entraîneur pour sa première fenêtre internationale. L’Otago Daily Times qualifiant cette entame de “totalement inacceptable”, tout en précisant que ce début de mandat, 2 victoires sur 5 matchs, était le plus mauvais depuis 70 ans.
Qui sont les candidats au poste de demi d’ouverture chez les All Blacks ?
Beauden Barrett : L’exilé
Un seul match joué en tant que titulaire avec les Blacks en 2020. C’est le dur constat que doit faire Beauden Barrett sur ces premiers rendez-vous avec Ian Foster. Déjà installé à l’arrière durant la dernière Coupe du Monde, le champion du monde veut retrouver le numéro 10. C’est en tout cas la volonté affichée lors de son arrivée au Japon. Une saison de Top League au Suntory Sungoliath où il a retrouvé son poste de prédilection. À son arrivée, il livrait en conférence de presse : “C’est un poste que j’aime beaucoup. [...] C’est quelque chose que je compte poursuivre lorsque je reviendrai en Nouvelle-Zélande, et aussi avec les All Blacks”. Ayant effectué 8 matchs à l’ouverture, il affiche une moyenne d’environ 18 points par rencontre. Bien aidé par la qualité de son effectif actuel, dont il a converti 41 des essais, et qui domine son championnat.
Un plan de carrière qui n’est pas aux goûts de tout le monde. Le 12 avril, John Kirwan confiait dans l’émission The Breakdown sur la chaîne Sky Sport qu’il fallait “mettre sur le banc Beauden Barrett”. Une décision radicale que le consultant lie à son exil au Japon et à la faible intensité défensive du championnat japonais. Pour rappel, Kirwan a été sélectionneur du Japon de 2007 à 2011 avant d’aller entraîner les Blues quelques années plus tard.
Dans le jeu, plus besoin de présenter Beauden Barrett. Celui qui a été élu Meilleur joueur du monde à deux reprises est un top player. Il est rapide, habile et possède un excellent sens du jeu. Des qualités qui lui permettent autant d’être à la finition qu’à la création du jeu. Sa vision de jeu lui permet aussi de faire de nombreuses interceptions et une fois lancé, il est compliqué de l’arrêter. Cependant l’ancien joueur des Hurricanes possède un point faible souvent mis en avant par ses détracteurs : son jeu au pied. Trop souvent irrégulier dans ce secteur en Nouvelle-Zélande, il semble être dans une bonne dynamique actuellement au pays du soleil levant.
Richie Mo’Unga : Le gendre idéal
Richie Mo’Unga est l’actuel titulaire au poste de demi d’ouverture chez les All Blacks. Après avoir bataillé pendant des années pour gagner cette place, il l’obtient finalement lors d’un match contre l’Afrique du Sud en 2019, déplaçant alors Beauden Barrett à l’arrière. Un rôle de titulaire qui fait office de délivrance pour le joueur, vainqueur à cinq reprises (d’affilée) du Super Rugby. Pourtant, lorsque le natif de Christchurch est arrivé dans l’élite du Super Rugby, tout n’a pas été fait dans les règles de l’art. Après des performances remarquées en Mitre Cup, il intègre les Crusaders en 2015. Une édition pré-coupe du monde qui ne laisse aucune chance à Mo’Unga. En effet, bien que prometteur, la présence de Dan Carter, Colin Slade et Tom Taylor chez les Crusaders avait relégué le joueur au rôle de simple partenaire d'entraînement. Une situation qui ne dure pas puisque la saison suivante, les trois stars All Blacks quittent le navire ! L’actuel champion de Super Rugby est donc catapulté de 4ᵉ couteau à titulaire en l’espace de quelques mois. Une promotion éclair qui va l’amener à offrir au Crusaders leur premier titre de Super Rugby en 9 ans lors de l’édition 2017.
Une arrivée dans le monde du rugby de très haut niveau qui semble donc bien loin de ce que l’on connaît en France. Le récit du “joueur à préserver” qui doit être accompagné et connaître une ascension douce n’était visiblement pas écrit pour Richie Mo’Unga. Actuellement, il semble être le titulaire favori à l’ouverture en sélection. En mars, le site Rugby Pass lui consacrait même un article expliquant "comment Richie Mo’Unga a prouvé qu’il était le titulaire pour le 10 chez les All Blacks“.
Il faut dire qu’une fois sur le terrain, le joueur semble avoir le contrôle total sur chaque rencontre. Impressionnant de lucidité, il dirige avec lucidité les offensives des Crusaders. Bien aidé par le placement méthodique de ses coéquipiers mis en place par son entraîneur Scott “ The Razor “ Robertson, manager de la franchise de Canterbury. Athlétiquement le joueur est complet et offre une solidité défensive plus grande que celles de ces rivaux, 83% de réussite aux plaquages cette saison. Rapide et habile techniquement, il peut effacer des défenseurs une fois lancé tout comme il peut décider d’offrir une passe millimétrée à ses ailiers. Car oui, Richie Mo’Unga est, avec 81% de réussite au pied, l’un des tout meilleurs joueurs de l’archipel dans ce domaine. Dans ce secteur de jeu et durant cette saison, il reste cependant statistiquement en dessous de Jordie Barrett et d’un autre joueur qui est ...
Damian Mckenzie : Mr. Clutch
Ce samedi, les Chiefs de Damian Mckenzie ont été battus par les Crusaders. Pourtant, le scénario avait été différent lors de la saison régulière avec une victoire 26 à 25 des Chiefs grâce à une pénalité inscrite à quelques minutes du terme par “ Damo “. Ce dernier officiait comme ouvreur durant cette rencontre. Un poste bien connu du joueur, qui a été formé à l’ouverture, mais qu’il a rarement pu occuper de manière continue. Ce samedi, le joueur arborait le 15 sur le dos. Un rôle familier à l’international puisqu’il l’occupe désormais de manière habituelle. Une transformation qui s’est aussi faite par sa place dans l’effectif des All Blacks : remplaçant de luxe. Bon relanceur et disposant d’appuis pouvant déstabiliser n’importe quel défenseur, il était un atout majeur en tant qu’impact player sur ces dernières convocations. Depuis 2018, le joueur a connu 12 sélections avec la Nouvelle-Zélande. Sur ces apparitions, environ 60% se font à la sortie du banc. Une période où le joueur n’a pas eu l’occasion de s’imposer, victime d’une rupture des ligaments croisés. Cette blessure le privera également de la Coupe du Monde 2019.
Actuellement, Damian Mckenzie s’est mis en avant d’une toute nouvelle manière, celle d’un joueur particulièrement décisif. Comme expliqué auparavant, il a permis aux Chiefs de s’imposer face aux Crusaders en saison régulière avec une pénalité en fin de partie. Contre les Highlanders, il inscrit également le premier Golden Point de l’histoire du Super Rugby. Cette action lui vaudra même le surnom de “ Mister Clutch”. Une assurance qui n’a visiblement pas été la même en finale, le joueur laissant 9 points au pied durant la rencontre. Cette contre-performance ne lui enlève cependant en rien les qualités qu’il a pu montrer cette saison. Les Chiefs ne comptaient aucune victoire lors du Super Rugby Aotearoa 2020. Cette saison, il est un acteur majeur du premier succès de son équipe en un an. Il réalise un 100% au pied lors de cette rencontre, 82% sur l’intégralité de la saison et finit meilleur marqueur de l’édition 2021.
Mckenzie peut donc postuler au numéro 15, mais aussi au 10 chez les All Blacks. En effet, suite à des demandes insistantes de la part des fans, le coach des Chiefs a été obligé de se justifier quant à la titularisation de son joueur à l’arrière plutôt qu’à l’ouverture. En conférence de presse, le manager, Clayton McMillan, explique : “[Damian Mckenzie] a fait du très bon travail en passant de l'arrière à l'ouverture en cours de match. Lorsque les défenses se fatiguent un peu, il a le potentiel pour percer et courir. Je ne vois pas la nécessité de changer ce système pour l’instant ". L’interrogation naît alors, Ian Foster va-t-il décider de garder ce système ou peut-il offrir une chance à Mr Clutch de débuter en tant que demi d’ouverture ?
'He has been MR Clutch all year' - Brad Weber on Damian McKenzie
— Ultimate Rugby (@ultimaterugby) April 23, 2021
✅ Match winning try v the Blues
✅ Match winning penalty v Highlanders
✅ Match winning penalty v Crusaders
✅ Match winning penalty v Hurricanes
Clutch McKenzie 🙌 #SuperRugbyAotearoa #CHIvHUR pic.twitter.com/uSmJebedtC
