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Biarritz/Bayonne. Serge Betsen : ''l’équipe qui a dominé le rugby au Pays basque, c’est le BO''

Avant l'Access match entre Biarritz et Bayonne, Serge Betsen, figure emblématique du B.O nous livre son ressenti par rapports aux derbys basques et à celui de samedi.

Théophane Le Bourgeois 12/06/2021 à 12h00
Serge Betsen évoque ses meilleurs souvenirs du derby basque.
Serge Betsen évoque ses meilleurs souvenirs du derby basque.

Quand je vous dis Bayonne-Biarritz, ça vous fait penser à quoi ?

C’est tout simplement la rivalité basque et le fait qu’il y ait ces deux équipes qui vivent à moins de 10 km de part et d’autre. Voir toute cette énergie, toutes ces choses qui sont dites depuis tant d’années.

Que représente pour vous un derby ?

Le derby en soi, c’est vrai que je l’ai pris avec beaucoup de recul parce que je ne suis pas de la région au départ Donc je ne me suis pas toujours senti concerné par tout ce qui est dit autour du derby. Même si c’est vrai que j’ai toujours voulu et fait ce que j’aimais, c’est-à-dire de jouer et d’essayer de gagner ces matchs. Mais finalement, je me rends compte que je n’ai pas gagné autant de matchs que ça dans ces derbys. Donc oui, j’ai toujours pris ça avec beaucoup de recul et je me dis toujours que le plus important, c’est de se demander ce que l’on peut faire pour qu’il y ait toujours du rugby de très haut niveau dans la région ? C’est ma question et comme justement, je ne suis pas décideur et que je n’étais que joueur, je pense que c’est un peu la question que je pose aux gens qui décident souvent par rapport à l’histoire des deux clubs et le devenir du rugby dans la région.

Justement, que pensez-vous de la tentative de fusion en 2015, et plus récemment les rumeurs en 2018 ?

Je pense que c’était une bonne chose. Je dis toujours que je ne suis pas de la région donc je ne me permets pas forcément de donner mon avis. Mais je pense qu'une des réponses à ma question « qu’est-ce qu’on veut pour le rugby au Pays basque », c'est la fusion. Je pense qu’il faut qu’on puisse faire rêver des jeunes aux Pays basque en leur donnant la possibilité de voir une équipe de haut niveau tout le temps au Pays Basque. La région mérite d’en avoir une même si elle jouera tout le temps à Biarritz.

Ce match a-t-il toujours la même saveur aujourd’hui ?

Oui, forcément, il y aura toujours cette saveur de derby. Mais encore une fois, à mon époque, je reste persuadé que nous, on faisait ce qu’on avait à faire en tant que pro mais derrière, il y avait toujours ce bruit autour du derby. Et c’est vrai que malgré la rivalité, nous les joueurs nous nous entendions très bien malgré tout. Il n’y avait pas ce fanatisme aussi exacerbé comme on l’entend.

Quel derby a été le plus tendu ?

Le tout premier qui nous a fait descendre en 1995. C’était pour moi la découverte d’un derby. Et ce jour-là, j’ai perdu des amis, des amis qui étaient bayonnais contre qui je jouais parce que justement, ils n’avaient pas forcément le respect d’être adversaire. Et c’est vrai que le comportement de certains face au fait qu’ils nous aient battu, je n’ai pas aimé. Perdre, ça, c'est une chose, mais qu’ils ne nous aient pas respectés, ça je ne l’ai pas apprécié. Encore une fois, l’idée pour moi, c'est que quand je gagne ou quand je perds, le respect reste identique. Mais voilà, je n’ai pas toujours aimé ce manque de respect par rapport à l’adversaire du jour (ndlr : les Bayonnais).

Cela a donc été votre pire souvenir, j’imagine ?

C’est vrai que ça avait été un moment difficile pour tous les joueurs, mais quand je réfléchis un peu, derrière, ça nous a permis de remonter la saison d’après et de faire ces longues saisons qui ont suivi la domination de Biarritz pendant les années 1999 à 2008 jusqu'à mon départ. Donc c’est vrai que finalement la descente nous a fait avoir des ambitions beaucoup plus importantes et j’ai vécu, quelque part, un post derby 1995 qui m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui.

Les discours du capitaine ou de l’entraîneur avant un derby étaient-ils différents ?

Je n’ai jamais été fan, moi, des discours pour des discours. C’est vrai que je préfère être dans les actes et on en tire des résultats de ce qu'on veut faire sur le terrain. Moi, j’ai toujours eu le même engagement à tous les matchs que j’ai joués donc je n’ai pas senti cela en plus.

Que pensez-vous des joueurs qui sont partis de Biarritz pour Bayonne et inversement ?

Il y en a eu plusieurs, après, c'est vrai que j’ai eu l’occasion de jouer avec des mecs qui venaient de Bayonne à Biarritz. Pour en citer juste un, Jean-Michel Gonzalez avec qui j’ai joué et avec qui on a levé le premier bouclier de cette nouvelle génération en 2002. Cela prouve bien qu’on peut être supporteur d’un club et jouer pour et après le quitter parce qu’on ne s’entend pas et pour aller de l’autre côté. Pour ma part, je ne veux pas juger ces personnes parce qu’ils ont fait des choix dans leur vie et le plus important pour moi, c'est que j’ai pu croiser leur chemin et que j’ai pu passer des super moments avec eux. Chacun à un moment donné a des challenges à relever et des visions qui peuvent être différentes par rapports aux dirigeants de leur époque et qui malheureusement n’ont pas pu trouver un accord qui pouvait les convaincre de rester. Les joueurs avec lesquels j’ai joués qui venaient de Bayonne, ils ont apprécié le fait de pouvoir gagner et de remporter des trophées en venant à Biarritz.

Beaucoup de supporters disent préférer gagner un derby plutôt qu’un titre, c’est votre avis ?

(Rires). Pour moi, c'est un faux débat. J’ai eu la chance, le loisir, le plaisir d’en soulever trois. Le premier, je me suis dit « il a fallu 10 ans pour que je le soulève ». Donc je demande à ces personnes de réfléchir un peu à ce qu’ils disent et de se rendre compte de ce qu’il faut comme sacrifices et comme efforts pour arriver un jour à soulever un bouclier dans sa carrière. Voilà, après le reste, c'est marrant, c’est anecdotique, mais c’est marrant.

Est-ce qu’on sent dans la ville une pression différente avant un derby ?

Encore une fois, je parle que pour moi, je n’ai jamais senti de pression outre, mais c’est vrai que sans sentir cette pression, quand on perd, c'est désagréable, comme n’importe quel match, surtout qu’on peut en parler beaucoup plus que d’habitude. Autant, je ne le sentais pas dans la préparation, autant dans la défaite, c'était assez dure.

Vous avez joué 17 ans pour le B.O, que représente pour vous ce club ?

Ça représente tout, ça a été le club où je me suis formé, où je me suis découvert et où j’ai fait l’ensemble de ma carrière au plus haut niveau. Où j’ai tout découvert donc entre le haut niveau et avoir pu garder une passion aussi forte dans cette région est quelque chose d’important pour moi. Mes enfants sont nés là-bas, je me suis marié là-bas, j’ai tout connu là-bas donc oui, c'est une partie importante de ma vie et ça restera toujours dans mon cœur, des moments incroyables, beaucoup, beaucoup de bonheur.

Que pensez-vous de l’équipe du B.O actuellement ?

Je tire mon chapeau à l’ensemble des joueurs par rapport au fait que malgré les turbulences médiatiques du club, ils ont réussi à rester centrés sur leur métier, sur leur passion et de vivre cette fin de saison avec ce potentiel et l’objectif de monter est quelque chose de rafraîchissant. Donc voilà, tout simplement, je leur tire mon chapeau là-dessus et j’espère que ça va pouvoir le faire.

Pour le match de samedi, il y aura plus de 4000 places pour le BO et 734 pour Bayonne, cela aidera-t-il le BO ?

Quand vous voyez ce qu’on fait les joueurs biarrots à Vannes, dans un terrain hostile, ils ont réussi à se qualifier alors que ce n’était pas gagné. C’est pour ça que je suis très fière de leurs comportements à Vannes. Donc avoir beaucoup de supporteurs ça aide, mais ça ne fait pas tout.

Dans la ville, les bars ne retransmettront pas le match et l’alcool sera interdit, est-ce que ça risque de gâcher la fête et l’atmosphère de ce derby ?

(Rires). C’est vrai que le sport et le côté festif autour est quelque chose d’important. Je ne pense pas que ça va la gâcher, ça va la rendre sobre. Après ça va repousser le fait de célébrer le derby et surtout ça va emmener un peu de sobriété entre les supporteurs des deux clubs. Ce n’est que partie remise je dirais et le fait de célébrer la victoire pour l’une des deux équipes sera repoussée à plus tard.

Est-ce que ce derby, sera l’un des plus historiques selon vous ?

Forcément que l’issue du match va être une issue compliquée pour l’équipe qui perd. Et pour l’équipe qui gagne, ça sera historique et c’est ce qu’on recherche. Donc oui, et ça sera encore plus historique si c’est Biarritz qui gagne parce que pour moi, dans l’ordre, c’est le Petit Poucet qui va essayer de titiller l’équipe qui a joué toute la saison en Top 14 depuis 2019. Et si c’est Bayonne qui gagne ça restera juste anecdotique parce qu’ils auront joué un match supplémentaire et qu’ils ont aussi plus d’expérience.

Quelle sera la clef du match ?

Waouh ! Je pense que si on doit reprendre la tenue du match du B.O face à l’USAP, c’est de faire en sorte que les joueurs y croient et qu’ils jouent. Face à Perpignan, j’étais frustré pour eux parce que je trouvais qu’ils avaient joué un peu, mais juste à la fin. Pendant tout le match, ils ont beaucoup tapé. Je ne suis pas le coach, je n’ai pas envie de critiquer le contenu qu’ils ont eu contre Perpignan, mais j’ai trouvé qu’ils n’avaient pas assez joué.

Si le BO s’impose, que ressentirez-vous personnellement ?

De la fierté. Une fois qu’on a dit tout ça par rapport aux derbys et autres, il faut juste se rappeler que l’équipe qui a dominé le rugby au Pays basque, c’est le Biarritz Olympique quand même.

Un pronostic ?

Je n’en ai pas vraiment, parce que j’ai le sentiment que soit ça va être très, très serré ou à l’inverse une domination d’une des équipes donc du coup, je ne sais pas trop. AUPA BO !

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