Et Eric Bayle, lui, qu'en pense t-il au juste ? On se souvient que le directeur de la rédaction rugby de Canal +, et commentateur historique du ballon ovale sur la chaîne cryptée, s'était fendu de quelques remarques acerbes sur le niveau de jeu du Top 14 au cours de ces dernières semaines. De bonne guerre alors que les négociations faisaient rage entre Canal et la LNR – y compris sur le plan juridique. Maintenant que sa paroisse a obtenu ce qu'elle voulait, Bayle va t-il subitement retourner sa veste et trouver notre championnat merveilleux ? Et bien non.
Dans un entretien accordé à Sud-Ouest, le Bayonnais a reconnu que si le montant de ces nouveaux droits TV est « juste », le championnat doit encore corriger ce qu'il qualifie d'erreurs de jeunesse : « Le Top 14 est l'un des meilleurs du monde, mais tout le monde s'accorde à dire que sur le plan de la qualité du spectacle, il y a des progrès à faire. »
En cause, les fameux « chocs » du championnat, où les grosses écuries prennent bien soin de s'éviter en faisant largement tourner leurs effectifs à l'extérieur :
Ce championnat doit valoriser ses vitrines, qui sont les confrontations entre ses ténors. Or les grosses écuries s'évitent. (…) Jusqu'ici, certains jugeaient que les montants télévisuels étaient insuffisants et que cela justifiait ces manques. On nous disait gentiment : ‘‘Avec le peu que vous payez, ne vous plaignez pas''. (…) Ce championnat est intéressant, serré, très ouvert, puisqu'il y a eu six champions différents depuis 2006. Mais ce qui lui manque, c'est que chaque match ait une importance. La conquête d'un public plus large passe par de vraies affiches. En Ligue 1, les PSG - Marseille ou Monaco - Lille ont de vrais enjeux. Quand ils s'affrontent, Clermont, Toulon et Toulouse économisent leurs forces, il y a comme un pacte de non-agression. Il faut remédier à cela. Certains présidents de clubs réfléchissent d'ailleurs à un changement de formule. »
Bayle est également revenu sur la fameuse convention limitant les internationaux français à 30 matchs par saison. Une décision qui ne fait pas forcément ses affaires non plus.
Le rugby pro est encore jeune et doit trouver un équilibre entre son équipe nationale et son championnat. Mais, par exemple, on a décidé en décembre de faire le Racing - Toulouse du 25 janvier au Stade de France, et on a appris trois jours plus tard que les internationaux auraient l'interdiction d'y participer ! Sans pénaliser l'équipe de France, qui est la vitrine, on doit éviter ce genre de situations. »
En pleine crise de croissance, notre bon Top 14 a donc semble t-il encore du boulot avant d'être reconnu à l'unanimité comme #LeMeilleurChampionnatDuMonde.
L'interview complète sur Sud-Ouest.