Alors c'est quoi le problème ? C'est la question que tout le monde se pose, à l'évocation des Bristol Bears et du Stade Français, adversaires en Champions Cup samedi soir. Les deux équipes, qui peuvent s'appuyer sur deux mécènes à leur tête (Steve Lansdown chez les Anglais, Hans-Peter Wild du côté parisien), possèdent des joueurs de renom à quasiment chaque poste. Et pourtant, dire que les deux formations galèrent sérieusement relèverait de l'euphémisme. Les ''Ours'' n'ont de mordant que leur nom et pointent à une insipide 11ᵉ place en championnat, bien loin de leurs ambitions initiales. Forts de seulement 4 petites victoires en 12 rencontres, ces derniers ne semblent pas en mesure de rééditer les performances des années précédentes. Pour rappel, les joueurs du sud de l'Angleterre s'étaient posés en candidats légitimes au titre ces dernières saisons. 3ᵉ il y a deux ans, 1er à la fin de la saison régulière l'an passé, Bristol en revanche, cale au moment de se hisser en finale. La défaite face aux Harlequins en demie il y a de ça quelques mois, et alors qu'ils menaient 28-0, a forcément dû faire mal aux têtes.
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Le Stade Français c'est presque la copie conforme de son alter-ego anglais, à quelques exceptions près. S'il est l'un des plus grands clubs français, il peine depuis une dizaine d'années à retrouver son lustre d'antan. Alors certes, il y aura eu ce titre de 2015, acquis à la suite de phases finales de très haut vol. Ou ce Challenge Européen 2017, conséquence d'une révolte salutaire des joueurs après l'annonce de la fusion, finalement avortée, avec le Racing 92. Mais à part ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent. On peut rajouter cette qualification dans le top 6 l'an passé, seulement la deuxième en plus de dix ans, au prix d'une remontée folle et de 6 succès de rang. La preuve que ce groupe a des ressources, du cœur et surtout de la qualité. Mais pourtant, au cours de cet exercice 2021/2022, le Stade Français n'a pas été en mesure de surfer sur la dynamique de la saison dernière. Si bien, qu'il paraît presque irrémédiablement largué dans la course aux plays-offs, à 9 points de la sixième place. Pire, dixièmes, les protégés de Gonzalo Quesada ne pointent qu'à cinq points de Brive, premier relégable. Mais méfions-nous quand même, le passé nous ayant appris, que c'est lorsqu'on le croit mort que le Stade Français renaît de ses cendres.
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Des individualités certes, mais un collectif friable
Sur le papier, les deux formations possèdent néanmoins des individualités de renom. Pêle-mêle, côté anglais, on retrouve des Sheedy, Sinckler, Hughes, Radradra, Randall, Attwood, Luatua ou Piutau. Même son de cloche chez les soldats rose avec des Latu, Kremer, Macalou, Sanchez, Waisea, Laumape, Naivalu, Veainu, Hamdaoui. Et on en passe, bien évidemment. Alors comment expliquer une telle méforme, au moment où les deux équipes vont croiser le fer, ce samedi soir sur la pelouse de l'Ashton Gate Stadium ?
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La première réponse toute simple, ce sont que ces individualités ne répondent pas présent. Pas besoin de chercher midi à 14h. Alors pas toutes on vous l'accorde. Mais du côté du Stade Français par exemple, Nicolas Sanchez ne parvient pas à réaliser de nouveau les performances qui ont fait de lui l'ouvreur phare des Pumas durant les années 2010. Ok, il s'est récemment blessé et n'a que peu joué cette année. Certes, le joueur peut être une bonne alternative à Segonds, l'Argentin étant plus porté sur l'offensif que son coéquipier. Mais force est de constater que l'ancien pensionnaire des Jaguares n'a jamais réellement convaincu dans les travées de Jean Bouin, avec des performances trop irrégulières. Idem avec Ngani Laumape, qui excepté son match contre Montpellier, ne semble être que l'ombre du centre All Black qui martyrisait les défenses en Aotearoa grâce à sa puissance phénoménale.
Du côté de Bristol, l'exemple le plus frappant reste Semi Radradra. Sûrement l'un des meilleurs trois-quarts centre de la planète il y a peu, le Fidjien éprouve toutes les peines du monde lui-aussi, à retrouver son niveau d'avant blessure. Facteur X de sa formation auparavant, il n'a disputé que 4 petits matchs cette saison pour 3 défaites. Il n'a effectué son retour que le 3 décembre dernier, l'une des explications à cette méforme. Mais nous sommes en droit d'en attendre plus d'un joueur de sa trempe, évidemment. D'autres stars déçoivent aussi, à l'instar de Charles Piutau, joueur le mieux payé de la planète, qui ne devrait pas être conservé à l'issue de la saison.
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Mais surtout, le plus symptomatique reste le manque de repère dans chaque équipe. Prenons l'exemple des Parisiens. Plusieurs fois, les joueurs du Stade Français ont répété ne pas respecter le plan de jeu. Et vu de l'extérieur, cela semble criant. Les joueurs ne manquent pas de talent, mais chaque action parait désorganisée, sans fil de conducteur et en manque d'inspiration. On ne compte plus les jeux aux pieds, parfois bons, parfois systématiques d'un demi de mêlée stadiste ou de Joris Segonds. Si le pack parisien s'est densifié en comparaison des années précédentes, les trois-quarts, sevrés de ballons ne parviennent pas à exprimer tout leur potentiel. Et quel dommage quand vous comptez dans vos rangs des Waisea, Laumape, Veainu, Etien, Hamdaoui et consorts, le tout animé par un Segonds ou Sanchez, sans oublier le prometteur Barré.
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Bristol en bonne position, Paris presque condamné
De son côté, Bristol est en position idéale pour se qualifier...sans même avoir joué ! Les hommes de Pat Lam ont hérité d'une victoire bonifiée lors de la 1ère journée face à des Scarlets forfaits à cause du Covid. Puis d'un match nul suite à une décision de l'EPCR face au Stade Français. Résultat, 7 points en deux matchs ! Lunaire. Les Parisiens de leur côté, se retrouvent dos au mur avec seulement deux points, acquis donc lors du match annulé contre Bristol. Pour le compte de la première journée, les coéquipiers de Paul Gabrillagues s'étaient lourdement inclinés sur les terres du Connacht, à Galway. Il faudra donc espérer décrocher un bon résultat ce samedi en Angleterre puis s'imposer face au Connacht pour espérer une qualification. L'affaire est loin d'être facile, mais comme évoqué plus haut, impossible n'est pas Stade Français.
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