Il a 20 ans, une gueule de premier de la classe, un moteur sous le capot et le sens du chambrage. Henry Pollock, troisième ligne des Northampton Saints, n’a pas encore terminé sa première saison au très haut niveau qu’il est déjà devenu l’un des visages du rugby anglais. Samedi à Cardiff, il sera l’un des hommes les plus surveillés de la finale de Champions Cup face à l’UBB. Et probablement l’un des plus redoutés.
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Un gratteur hors pair
Henry Pollock's pulse check is now going to be one of the coldest & most iconic moments in rugby...#InvestecChampionsCup | #LEIvNOR pic.twitter.com/TDmMk3fV6H
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Dans un rugby humble aux célébrations modestes, Pollock détonne. Il marque, il chambre, il gueule dans les rucks et invente des gestes de célébration dignes des attaquants de Premier League. Contre le Leinster, en demi-finale, il a inscrit un essai de 50 mètres avant de vérifier son pouls sous les poteaux. Puis il a terminé meilleur plaqueur du match avec 23 unités et trois ballons grattés. Comme souvent depuis le début de la saison : l’Anglais est tout simplement le roi des turnovers en Champions Cup, avec 18 grattages au compteur. Devant Caelan Doris ou Alldritt. Rien que ça.
🗣️Le Rugby a aussi besoin de ces joueurs décomplexés qui osent, qui ont de la personnalité..le trashtalk/chambrage fait partie du show.
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Henry Pollock 💫pic.twitter.com/BwHdVNgPhy
Né à Banbury, à deux pas de Northampton, Pollock est la star locale devenue icône nationale. Champion du monde U20 l’été dernier, titulaire indiscutable aux Saints, homme fort de la campagne européenne, le flanker a aussi connu sa première cape avec le XV de la Rose lors du dernier Tournoi des 6 Nations. Il a été directement propulsé dans le groupe des Lions britanniques pour la tournée en Australie cet été. L’ascension est fulgurante, presque insolente. Mais elle est bien méritée.
Car si Pollock agace, il impressionne aussi. Ses stats parlent pour lui, mais son impact visuel est encore plus saisissant. Hyperactif, intelligent, rapide, il joue chaque minute comme si sa vie en dépendait. Il se jette sur chaque ballon, court les 80 minutes, communique sans arrêt et n’hésite jamais à allumer verbalement ses adversaires pour les faire sortir du match. « C’est un extraterrestre », confiait récemment Côme Joussain à RMC.
"Il est insupportable à jouer, mais c’est un super joueur. " - Côme Joussain
😱L’essai MONUMENTAL de la pépite anglaise Henry Pollock (2005 - 🏴)pic.twitter.com/AmDS2t8PeR
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Et quand on lui parle de sa réputation clivante en France ? Pollock sourit. « S’ils veulent me détester, très bien. S’ils veulent m’aimer, tant mieux. Je vais continuer à performer jusqu’à ce qu’ils m’aiment », lâche-t-il dans les colonnes de Rugbyrama. À Bordeaux, on est prévenus. Maxime Lamothe parle d’un « sacré joueur », d’un « sacré caractère ». Et le staff de l’UBB a probablement coché son nom en rouge.
Plus qu’un électron libre
Mais attention à ne pas résumer Pollock à ses provocations. Car le garçon a la tête bien faite. Entouré par une famille qui le cadre, animé par un esprit de compétition féroce, il assume déjà un rôle de leader dans le vestiaire de Northampton. Il s’investit à l’entraînement, passe du temps avec ses coéquipiers en dehors, joue au golf, regarde l’UFC, et surtout : ne prend rien pour acquis. « J’essaie juste d’être le meilleur pour le match d’après », dit-il.
À Cardiff, c’est l’UBB qui se dressera devant lui. Et à moins d’un miracle girondin dans les zones de ruck, il y a de fortes chances pour que la bouille de Pollock s’incruste, ballon en main ou bras levés, dans les images de la finale. Célébration comprise.