Jamais. Ni le Pays de Galles, ni l’Écosse n’ont un jour réussi à soulever la Champions Cup depuis sa création en 1995. Et l’édition 2020-2021 n’y fera pas exception. En effet, aucun de leurs représentants n’a réussi à se qualifier en quarts de finale. Pourtant, difficile de dire que les deux nations sont en méforme. Victorieuse du dernier Tournoi des 6 Nations, le Pays de Galles a fait valoir des solides arguments quant à la qualité de son vivier. L’Écosse quant à elle n’est pas en reste. Fière de deux victoires historiques à l'extérieur contre la France et l’Angleterre, elle a aussi mis en avant les qualités individuelles de certains joueurs comme Hamish Watson ou Duhan Van Der Merwe. Mais alors quelles peuvent être les raisons de cette avarie en club ?
L’absence d’éléments forts des sélections galloises et écossaises dans leurs provinces et clubs respectifs pourrait expliquer cela. Faletau, Biggar, Hogg, Russell, Rees-Zammit : tous jouent dans un championnat extérieur. Un casse-tête loin d’être nouveau pour les fédérations.

Ken Owens, joueur des Scarlets, déçu de la défaite de son équipe face aux Sale Sharks.
La Welsh Rugby Union essaye à travers différentes législations de retenir ses joueurs au pays afin de relever le niveau de ces formations. Depuis 2017, ceux souhaitant partir à l’étranger doivent posséder un minimum de 60 sélections pour continuer à être appelés. Sauf si les joueurs évoluent déjà en dehors de leurs frontières lors de leurs premières sélections. Ils peuvent alors terminer leur contrat avant que la loi ne s'applique. Martyn Phillips, dirigeant du rugby gallois, disait en 2016 lors d’une conférence de presse : “l'alternative où les joueurs jouent de plus en plus en dehors du Pays de Galles n'est pas viable pour notre développement à long terme, que ce soit pour le rugby professionnel ou amateur”. Pour rappel, le Pays de Galles n’a réussi qu’une seule fois, en 2018, à atteindre le dernier carré de la coupe d’Europe sur les 10 dernières années.
Pour le XV du Chardon, il subit peut-être les conséquences de son faible nombre de pratiquants reconnus. Avec 46 050 licenciés en 2018 selon World Rugby, sa base de pratiquants est inférieure à celle du Sri Lanka ou Madagascar. Des pays qui figurent respectivement 47e et 51e au classement mondial, là où l’Écosse est à la 9e place. Par conséquent, la Scottish Rugby Union cherche à compenser via l’apport de joueurs étrangers en sélection. Neufs éléments nés en dehors de la Grande-Bretagne ont été appelés pour préparer le match contre la France. Mark Dodson, PDG de la fédération écossaise, l’expliquait en 2017 dans des propos relevés par le Daily Mail : “Nous souhaitons maximiser toutes les opportunités d'intégrer des joueurs éligibles au niveau requis dans nos programmes afin de créer un plus grand choix dans la sélection et d'élever le niveau général [du rugby écossais]”. Par la suite certains jeunes internationaux ont tendance à ne pas s’éterniser à Glasgow et Edimbourg. Le départ de Duhan Van Der Merwe à Worcester pour la saison prochaine en est un bon exemple.
✍️ Duhan van der Merwe is coming to Sixways! 😍
— Worcester Warriors (@WorcsWarriors) January 4, 2021
Deux fédérations qui manquent de stabilité dans la gestion de leurs équipes en championnat. À sa création en 2001, le Pays de Galle possédait 9 franchises en Celtic League. Deux ans plus tard, le chiffre descend à 5 pour finalement arriver à son compte actuel en 2004, 4 équipes : Cardiff Blues, Ospreys, Llanelli Scarlet et Newport Dragons. L’Écosse a vu les Border Reivers rejoindre la compétition en 2002 et la quitter 5 saisons après. Suite à ça, la BBC annonçait un trou de 23 millions de livres dans les caisses de la Scottish Rugby Union. Un débat qui n’est visiblement pas clos puisqu’en 2019, selon BBC Sport Wales, une fusion Ospreys-Scarlet était à l’étude. Projet finalement abandonné, notamment à cause de la colère des fans et de nouveaux accords financiers établis. Des stratégies éloignées du projet à long terme de la fédération irlandaise, qui a bâti sa sélection sur ces 4 provinces, sans jamais changer de modèle.