On vous l'accorde, rien n'indique à 100% que Semi Radradra, le bulldozer des Bears, et Waisea Nayacalevu, le magicien du Stade Français, se retrouvent face-à-face ce samedi, sous les coups de 21 heures sur la pelouse de l'Ashton Gate Stadium. Car si les deux phénomènes fidjiens étaient censés croiser le fer le 9 décembre dernier, à l'occasion du match aller, la rencontre a finalement été reportée et le score entériné sur un match nul. Un nul qui n'arrange en rien les Parisiens. Euix qui auraient pu se refaire la cerise face une équipe de Bristol aux antipodes de ce qu'elle a pu être la saison dernière, plus que poussive cette année en Premiership avec à la clé une triste 11ème place. Alors malgré une lourde défaite inaugurale au Connacht, le Stade Français a les cartes pour aller s'imposer en terre anglaise et relancer sa saison. Et rêver d'une potentielle qualification. L'occasion donc de nous pencher sur ce duel qui fait saliver entre deux des meilleurs centres au monde, Waisea et Radradra.
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N'ayons pas peur de le dire, un Waisea et un Radradra au sommet de leur art, font forcément partie du Top 10 des centres au monde. Sans contestation possible. Le premier a toujours été sous-côté au possible et les supporters parisiens peuvent en témoigner. Nous avions, il y a peu de cela, fait l'éloge du trois-quarts centre parisien, qui tient son équipe à bout de bras (et d'essais) cette saison. Mais à vrai dire, résumer les performances du Fidjien à seulement cette saison serait oublier tous les exercices précédents grandioses qu'il a pu faire avec le maillot rose. C'est assez simple, il est un danger permanent pour des défenses sur le qui-vive à chaque fois que le joueur aux dreadlocks se saisit de l'ovale. Sa vitesse combinée à sa puissance et ses appuis déroutants en font, l'un des meilleurs attaquants du petit monde du rugby.
En fait pour faire simple, on a l'impression que tout ce que fait Waisea est d'une facilité déconcertante. Si bien que l'on en vient à ne plus être étonné lorsque que celui-ci martyrise les défenseurs tel un sénior face à des juniors encore tendres. La comparaison est faite. Surtout, Waisea semble aujourd'hui à 32 ans, au sommet de son art. Si ce dernier avait eu le bonheur de naître sur les bords de la baie d'Auckland ou à l'extrême sud du pays du côté d'Invercargill, il collectionnerait déjà les sélections avec la tunique noire frappée de la fougère.
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De son côté Semi Radradra est indéniablement plus connu que son alter-ego. Sûrement parce que ce dernier, seulement âgé de 29 printemps, a brillé tant à 7, qu'à 13 puis maintenant à 15. Surtout, il a plus voyagé et s'est donc fait connaître à travers le globe, connaissant 2 clubs en France (Toulon puis l'UBB) et donc un en Angleterre, Bristol. Capitaine des Fidjiens lors de la Coupe du Monde 2019, ses qualités offensives restent similaires à celles de Waisea. Une puissance innée, et une vitesse et aisance technique folle. C'est bien simple, il y a encore de cela un peu plus d'un an, certains spectateurs avisés de notre sport le voyait comme l'un, si ce n'est le meilleur joueur de la planète.
Alors certes, à l'heure où nous écrivons ces lignes, Radradra ne s'est plus distingué depuis belle lurette sur les prés. La principale raison ? Une vilaine blessure au genou survenue lors des Jeux olympiques lors du sacre fidjien à 7. Conséquence ? Une indisponibilité de 4 mois qui n'a permis au joueur des ''Ours'' de revenir seulement le 3 décembre dernier. C'était lors d'une défaite à Gloucester. Depuis, il, enchaîne les titularisations avec le numéro 13 dans le dos et retrouve peu à peu du rythme. Oui mais voilà, il n'a toujours pas franchi la ligne d'en-but adverse. Une anomalie quand on connaît les qualités du joueur. Alors à l'heure actuelle, la dynamique penche logiquement en faveur de Waisea. Mais enterrer Radradra alors que ce dernier n'a qu'un mois et demi de compétition dans les pattes serait une terrible erreur. La preuve lors de son premier ballon touché lors de son retour en décembre, avec un offload incroyable.
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Une histoire de capitanat
Blessé longue durée, Radradra a donc dû céder son brassard de capitaine en sélection nationale, pour la dernière tournée d'automne. Et devinez qui a hérité du bien. On vous le donne en mille ! Waisea bien-sûr. Preuve de l'importance des deux joueurs qui ont pris une place prépondérante au sein des Fidji. Car s'ils restent des magiciens en attaque, balle en main, il ne faut pas oublier que les deux golgoths (1m93-105 kg pour Waisea, 1m89-105kg pour Radradra) restent des murs presque infranchissables en défense. On se souvient de ce florilège de plaquages offensifs de Waisea cet automne au Pays de Galles, en plus de son doublé.
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Si les deux hommes ont déjà été alignés ensemble sur le terrain, au cours du dernier mondial nippon, ils n'ont en revanche jamais été associée au centre. Nos protagonistes ayant la particularité de pouvoir aussi bien évoluer avec le numéro 13 dans le dos que sur l'aile. On a donc souvent vu Radradra démarrer avec le numéro 11, et Waisea en 13, avant que les deux ne permutent durant la rencontre. Les joueurs ayant le même profil, on a souvent préféré leur associer un premier centre plus perforateur. On pense en premier lieu à Levani Botia mais aussi à Jale Vatubua. Puis surtout, les deux joueurs sont avant tout des 13 et non pas des 12. Mais vous ne pouvez pas nous enlever l'idée que les voir associer au centre du terrain, reste une idée séduisante sur le papier. Puis imaginez trente secondes, la tête des deux centres d'en face. À leur place, on simulerait illico presto une fracture du lacet droit.
Alors, oui, le duel de samedi vaudra son pesant d'or et est déjà alléchant. Parce que comme évoqué plus haut, les deux joueurs sont forcément des références à ce poste. Puis voir deux magiciens se rendre la pareille, ça n'a pas de prix. On a hâte d'y être.
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