Il y a des trajectoires exceptionnelles, quand même. Et en cette journée d’annonce du groupe des 31 Bleus appelés pour préparer l’Italie le week-end prochain, que dire de celle de Jean-Pascal Barraque, appelé en Bleu pour la première fois ce matin par Fabien Galthié ? Lui qui s’est en effet longtemps cherché à XV, baladé de postes en postes et de clubs en clubs sur l’autel de ses qualités exceptionnelles et de son incapacité à véritablement s’installer là où il est passé. Ainsi et pour rappel, on le vit se révéler très tôt à Biarritz au tout début des années 2010, avant de vadrouiller entre Toulouse, La Rochelle, Bordeaux et même, en sus, l’équipe de France à 7.
Le Seven ? C’est d’ailleurs là qu’il éclora définitivement en décrochant un contrat fédéral avec les troupes de Frédéric Pomarel en 2016. Là aussi qu’il exprimera la plénitude de son talent et de ses qualités athlétiques, peut-être moins bridés qu’à XV. Une équipe dont il est d’ailleurs le capitaine depuis 2019 et avec qui il a déjà inscrit plus de 760 points en cinq saisons au total, tout en devenant l’une des références du circuit Mondial à son poste.
Le World Series ayant vu ses étapes de la fin de l’année 2020 annulées (le championnat étant par définition un véritable périple à travers le monde), la situation sanitaire a donc mis les septistes tricolores dans la panade en les empêchant de reprendre la compétition. Voilà comment, grâce à un accord commun entre la Fédération et le club clermontois, Jean-Pascal Barraque s’est retrouvé à regoûter aux joutes du Top 14 et sous les couleurs de l’ASM depuis octobre dernier.
Ré-adaptation éclair et premier appel
Et en Auvergne, dans une équipe réputée pour ses velléités offensives, autant dire que « JP » à vite retrouvé ses marques et s’éclate. Joueur intelligent, toujours aussi rapide et explosif sur ses premières foulées, l’ancien bordelais offre aussi un profil de cinq-huitième que les Jaunards n’avaient pas jusqu’ici. Aligné exclusivement en numéro 13, il forme d’ailleurs un triumvirat de feu avec ses acolytes de la charnière Bézy et Lopez tout en accélérant le jeu dès lors que celui-ci se profile vers les extérieurs grâce à ses qualités citées ci-dessus.
LA belle pioche du staff clermontois, qui souhaiterait d’ailleurs le prolonger à l’issue de son contrat qui s’achève à la fin de l’année civile. "Il a le coup d’œil, il est capable de lire les espaces. (…) Alors on va voir, cela ne dépend pas de nous. Avec son importance pour le rugby à sept français... Mais si on a l’opportunité de le conserver et que la Fédération nous donne la possibilité, on le fera", annonçait Franck Azéma en conférence de presse à l’issue de la victoire face au Stade Français le mois dernier, contre qui son protégé avait été encore une fois très bon.
Jusqu’à ce que la surprise (méritée) tombe ce vendredi : après deux essais en cinq matches et un début de saison en boulet de canon, Barraque était appelé en Bleu pour préparer l’Italie. Une situation improbable pour un joueur de désormais 29 ans, sous contrat fédéral et qui n’a jamais connu le maillot frappé du coq jusqu’ici. En cas de sélection face à la Squadra Azzura samedi prochain, il pourrait d’ailleurs être - jusqu’à ce que l’on sache - le premier joueur sous contrat avec la Fédération à être officiellement appelé en équipe de France à XV. Si tel était le cas, il pourrait d’ailleurs amener un peu de bouteille et du punch s’il en fallait à ce groupe pour le moins talentueux mais expérimental. "Apporter sa fougue" comme il se plaît souvent à le dire…