C’est un choix qui a provoqué quelques discussions. Ce dimanche 15 octobre, Handre Pollard et Faf de Klerk ne seront pas alignés d’entrée sur la pelouse du Stade de France. À leur place, ce sont Manie Libbok et Cobus Reinach qui ont été choisis pour décrocher une éventuelle place dans le dernier carré.
Jacques Nienaber has named the second most experienced #Springboks team ever for Sunday's #RWC2023 quarter-final against France - more here: https://t.co/HDWQWcHJDD 🇿🇦🏉#StrongerTogether pic.twitter.com/3Q20WMGIMp
— Springboks (@Springboks) October 13, 2023
Pour un quart de finale de Coupe du monde, cette décision peut surprendre. Cependant, au vu de l’évolution des Springboks durant ces dernières années, ce choix semble finalement logique. Face aux Bleus, les Springboks envoient un message clair dès la composition d’équipe : à Saint-Denis, ils viennent (aussi) pour jouer.
Pollard et de Klerk, icônes du passé ?
Champions du monde en titre, les deux métronomes seront sur le banc à Saint-Denis. Impériaux au pied, leurs profils n’ont pas été privilégiés. Pour Handre Pollard, une justesse physique semble être la raison principale de cette décision. Pour ce qui est de Faf de Klerk, sa qualité défensive et son coup de patte puissant ne semblent pas raisonner à l’oreille de son staff pour cette rencontre.
Face aux journalistes, Jacques Nienaber a évidemment dû se justifier de son choix. Convaincu par sa formule dominicale, le partenaire de Rassie Erasmus a déclaré ceci en conférence de presse :
Le truc, c’est qu’Handré Pollard n’a pas joué pendant 19 ou 20 semaines avant la Coupe du Monde. S’il n’avait pas été blessé, ça aurait été différent. Il aurait sûrement été sélectionné dès le départ, car c’est un joueur de grande qualité.[...] Manie Libbok gère super bien le jeu et il est en forme. La différence, c’est qu’à l’ouverture avec nous, il a marqué quatre essais, contre un pour Handré. On marque plus de points avec Manie en 10. Il est en forme et il est bon. Cobus Reinach est en forme, lui aussi, Faf de Klerk aussi, mais au vu de ce que va faire la France, pour nous, c’est la meilleure option.”
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Plus électriques dans le jeu, Libbok et Reinach annoncent un scénario tout feu, tout flamme dans l'antre dionysienne. Pour le demi de mêlée, ces quatre essais, inscrits depuis le début de la compétition, parlent pour lui. Véritable feu-follet, ses appuis solides lui permettent de s’enfuir au ras des rucks au nez et à la barbe des avants adverses. Il est l'épice du bouillon avec lequel les Sud-Africains voudront engloutir le XV de France.
Du côté de Libbok, le demi d’ouverture porte bien plus le ballon que son homologue champion en 2019. Avec 104 mètres gagnés ballons en main depuis le début de la compétition (178 minutes jouées), l’ouvreur s’en est bien sorti dans une Poule B relevée. En 2019, Handre Pollard avait parcouru seulement 20 mètres en possession du cuir pour autant de minutes passées sur le pré lors des phases de poule. En comparaison, Matthieu Jalibert en a parcouru 119 en évoluant pendant 213 minutes sur les prés avec le XV de France.
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Des Springboks en pleine mutation
À l’image de leur nouveau maillot extérieur aux teintes inédites, les Springboks essayent de se créer une nouvelle identité ces dernières années. Contrairement à ce que pourrait dicter leur ligne directrice historique, l’Afrique du Sud n’est plus uniquement une terre de puissance. En privilégiant Libbok et (surtout) Reinach, le sélectionneur Jacques Nienaber affirme le projet qu’il porte depuis le dernier mondial.
Reprendre une sélection championne du monde n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser. Dompter des joueurs ayant déjà obtenu le Graal, les remotiver pour les prochains enjeux et éviter le marasme post-titre (que les champions de Top 14 connaissent bien dans l’Hexagone), voici tant de problématiques qui se posent.
RUGBY. XV de France. Et si la clé face aux Springboks, ce n'était pas la puissance mais la discipline ?Après un début de mandat ponctué par la Covid-19, Jacques Nienaber a eu l’occasion de faire table rase. En parallèle, le rugby sud-africain se réinventait en quittant le Super Rugby. Ces dernières années, ils ont été la seule formation à évoluer sur les deux hémisphères durant une même saison.
Cette diversité géographique s’est aussi invitée dans la sélection nationale. Ainsi, la vitesse des trois-quarts a pris plus d'importance dans le plan de jeu offensif, éclipsant même la puissance de certains profils. Les ailiers et le second centre n’étaient plus juste des finisseurs en herbe. L’avènement de Lukanhyo Am, blessé sur ce début de mondial, et l’explosion récente Canan Moodie a montré que l’Afrique du Sud avait aussi un réservoir fabuleux chez les playmaker, loin des stéréotypes physiques.
Avec ce quart de finale au Stade de France, les Springboks sont-ils en train de viser une véritable révolution française ? En-tout-cas, le résultat de ce dimanche soir risque d’impacter l’avenir du jeu offensif sud-africain. Entre l’acquis et l’inédit, la Nation arc-en-ciel se situe au croisement de son rugby.
Rugby. Coupe du Monde. Manie Libbok le nouveau leader des Springboks ?
