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Entre promesses et espoirs, pourquoi le rugby à Marseille ne prend pas ?

Alors que le rugby se développe de plus en plus rapidement et qu’il commence à prendre une place grandissante dans le paysage sportif français, à Marseille rien n’est comme ailleurs.

Théo Kohlmann 16/09/2020 à 20h00
Deuxième ville de France, mais sans grand club de rugby.
Deuxième ville de France, mais sans grand club de rugby.

Quand on parle de rugby à Marseille, on pense tout de suite à l’épopée de Jonah Lomu avec Marseille Vitrolles ou encore au grand RCT, trois fois champion d’Europe avec sa pléiade de stars. Mais Toulon n’est pas Marseille et Marseille Vitrolles n’existe plus. Alors pourquoi Marseille, 2e ville de France, n’a pas de clubs professionnels et ne compte dans ses rangs que trois clubs à l’intérieur de la ville ?

Tous les acteurs qui ont été interrogés sont unanimes sur un point : il n’y a pas de terrain, et un grand manque de structures et d’installations de bon niveau. Le président du Comité Départemental 13, Pierre Tandjis l’assure : "Il n'y a que 4 terrains et 5 pelouses pour toute la ville et seulement 1 stade avec des tribunes en capacité d’accueillir du monde". D’ailleurs, le manque d’infrastructures explique en partie l’échec de Marseille Vitrolles, le club s’entrainaient à Marseille, délocalisant ses matchs à Vitrolles. On s’éloigne du public et les supporters ne souhaitent pas forcément faire des kilomètres pour voir jouer leur équipe.

Le seul stade de haut niveau dans la ville est le Stade Orange Vélodrome. Seulement, il est géré par l’OM et ce dernier écrase tout. Le foot est une institution qui fait de l’ombre à tous les autres sports. Preuve de sa domination, l’OM est la seule équipe de sports collectifs professionnel à Marseille, alors que toutes les plus grandes villes de France possèdent au moins 3 équipes de haut niveau dans des sports collectifs différents. Les clubs de foot sont mieux équipés et ont plus d’aides de la part des collectivités. Pour le rugby, ces dernières n’appuient pas : "Le problème de développement, c’est surtout une volonté politique. À Marseille, on n'a pas de réelle politique incitative pour développer des clubs dans des sports phares comme le rugby", affirme Lionel Laugier, le créateur du beach rugby qui a lieu chaque année sur les plages du Prado. Même son de cloche de la part de Jeremy Pasqualini, entraîneur de l’équipe senior de Marseille Huveaune (Promotion Honneur) : "Il y a un très gros manque d’accompagnement sur les structures pour aider ce sport et malheureusement, c’est la volonté des politiques". Tous les stades appartiennent à la mairie et cette dernière n'est pas favorable pour une mise à disposition. Ce manque de terrain peut freiner l’ascension d’un club comme le SMUC, fraîchement promu en Fédérale 3, comme le confirme son président Stéphane Tollet. Ce manque de terrain est tellement criant que deux équipes, le Stade Phocéen et Marseille Huveaune se partagent le même stade. Pas un bon moyen de produire de la qualité.

Pourtant, à l’échelle du département, les Bouches-du-Rhône, c’est 7000 licenciés. Ce qui en fait un des plus gros départements de France. "Tous les effectifs sont à bloc par rapport aux pelouses, on ne peut plus accueillir tout le monde mais les effectifs sont stables", ajoute Pierre Tandjis.

Le rugby pris en étau entre Aix et Toulon

Le club professionnel qui commence à se faire un nom est l’équipe d’Aix en Provence, qui évolue en Pro D2. D’ailleurs et ce n’est peut-être pas anecdotique, on la nomme Provence Rugby Aix Marseille alors que toutes les structures sont basées à Aix en Provence. Le club travaille beaucoup et passe des accords avec les clubs de la région. Seulement, le président de Provence Rugby est le PDG de Voyage Privé. C’est donc un mécène comme on le voit un peu partout aujourd‘hui, et comme Mourad Boudjellal à l’époque avec Toulon.

Il y a donc une relation Rugby/Foot appropriée à Aix et Marseille. "Le rugby masculin est pris en étau entre Aix en Provence et Toulon à moins qu’il y ait un Boudjellal à la marseillaise qui arrive sur le marché et investisse" a déclaré Lionel Laugier. Seulement, on se situe encore face aux mêmes problèmes, le manque d’infrastructures qui peut évidemment refroidir tout sponsors ou investisseurs. "Si on veut des sponsors, il faut des garanties et donc un stade. Ils ne veulent pas investir s’ils savent que derrière rien ne suit » explique Jérémy Pasqualini et d’ajouter : "Avec une volonté d’accompagnement, ce ne serait pas impossible d’avoir deux clubs de haut niveau à Marseille".

Cependant, les clubs marseillais se portent bien et il y a de beaux bastions de formation avec le stade phocéen, le SMUC et Marseille Huveaune. Ils sont très bien structurés, ils font beaucoup avec peu de moyens comme le confirme Pierre Tandjis : "J’admire les clubs marseillais, avec les moyens qu’ils ont, ils s’en sortent très bien".

Le rugby féminin comme Salut

Tout n’est évidemment pas à jeter, le rugby féminin se développe très vite dans la cité phocéenne et représente pour certains le futur du rugby à Marseille. Beaucoup de sections féminines voient le jour avec de plus en plus de licenciées. Lionel Laugier l’explique : "Il y a l’opportunité de créer quelque chose de beau avec le rugby féminin". Il poursuit : "le rugby à 15 passera obligatoirement par le rugby féminin de bon niveau à Marseille" une chose confirmée par le président du comité départemental 13. Le rugby féminin se développe et peut donc emmener dans son sillage ses homologues masculins, car la ville regorge d’un énorme potentiel d’attractivité. L’exemple saute aux yeux, le stade Vélodrome est plein pour chaque match de rugby joué à Marseille, peu importe l’équipe. Preuve de son potentiel, les finales des Coupes d’Europe de rugby en 2021 auront lieu à Marseille. Les qualifications pour le Mondial 2019 y ont également été organisées, le Canada, le Kenya ou encore Hong Kong étaient en lice. De plus, le stade Vélodrome va également accueillir 6 matchs de la prochaine Coupe du Monde. Le rugby peut donc être rentable pour tout le monde.

Il faut sans doute regrouper ses forces intelligemment et avoir une prise de conscience que ce sport peut être attractif. La coupe du monde 2023 peut amener cet élan d’attractivité ainsi que la nouvelle municipalité marseillaise qui peut faire bouger les lignes et décider de faire du rugby une place-forte de la ville.

etutabe
etutabe
il y a quelque que je ne comprends pas. Que le rugby féminin se développe et tire le masculin vers le haut, tant mieux. Elles jouent vraiment un rugby plaisant qui peut drainer le public. Par contre, dans quel stade, puisqu'on nous dit qu'aucun club ne peut évoluer à Marseille à cause de la Mairie et de l'Ohème ?
Garou-gorille
Garou-gorille
Pourtant, en aucun cas le rugby n'est une atteinte aux droits de l'OM !
Garou-gorille
Garou-gorille
Il suffit de combler le fossé hein !
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