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EQUIPE DE FRANCE. Ce lancement de jeu qui fait gagner les Bleus [ANALYSE]

Lors d'une conférence à Marcoussis des entraineurs du XV de France, Laurent Labit et Nicolas Buffa ont expliqué le fonctionnement de l'attaque des Bleus.

Baptiste Elisabelar 22/07/2022 à 17h15
Grâce à ce lancement de jeu, les Bleus ont pu prendre le meilleur sur les All Blacks et gagner le Grand Chelem dans le Tournoi des Six Nations.
Grâce à ce lancement de jeu, les Bleus ont pu prendre le meilleur sur les All Blacks et gagner le Grand Chelem dans le Tournoi des Six Nations.

La fédération française de rugby a organisé une conférence où prenait part différents entraineurs des équipes de France. Ils ont expliqué devant une assemblée composée pour la plupart d'amoureux de rugby et d'entraineurs au niveau amateur, de leur fonctionnement et de leurs méthodes d'entrainement. Laurent Labit, entraineur des arrières des tricolores, ainsi que Nicolas Buffa, analyste vidéo, ont expliqué en détail de quelle manière ils préparaient les Bleus à performer en match. Si l'on savait à quel point Fabien Galthié a apporté de l'importance à l'analyse des données de performances de ses joueurs, Laurent Labit, lui, a apporté un intérêt particulier à l'innovation offensive pour déborder les défenses adverses.

On le sait, l'équipe de France est adepte du jeu de dépossession. Elle mise tout sur des attaques rapides, éclaires, où les joueurs effectuent des efforts extrêmes et brefs pour pousser leurs adversaires à la faute en défense et les déborder. Cela se traduit par des déblayages rapides pour des rucks qui n'excèdent pas les trois secondes, des multiples options pour le porteur de balle, et une volonté de ne jamais s'exposer lorsque la séquence dure au-delà de trois phases de jeu sans que la ligne d'avantage n'ait été prise. 

Concrètement, les attaquants français se répartissent en cellule et sont tous impliqués dans l'action. Les joueurs se trouvant à l'intérieur du porteur de balle s'impliquent pour obliger la défense à ne pas glisser de suite. Les joueurs extérieurs ne se positionnent jamais à plus de quatre en escaliers. Vous verrez toujours un joueur minimum en retrait comme solution de jeu dans le dos d'une cellule ou du porteur du ballon. Les fameux "bridgeurs" comme les appelle Fabien Galthié.

Jonathan Danty premier receveur. Derrière lui, Romain Ntamack, Melvyn Jaminet et Damian Penaud, positionnés ainsi pour mieux fixer les défenseurs néo-zélandais. Au lieu de jouer l'espace, les attaquants Bleus visent l'homme, pour mieux décaler le joueur en bout de ligne.

Face au Pays de Galles lors du Tournoi des Six Nations cette année, les Français ont montré le plus bel exemple de l'objectif de ce principe de jeu voulu par Laurent Labit.

Romain Ntamack en possession du ballon, il a derrière lui l'option Julien Marchand, ainsi que Uini Atonio comme point de fixation au milieu du terrain et Grégory Alldritt, qui ont également deux joueurs derrière eux (Danty et Moefana).

Après une percussion d'Alldritt, le jeu est transformé même sens. Villière est en solution intérieure pour obliger les défenseurs à ne pas glisser de suite. Danty possède deux joueurs derrière lui (Moefana et Fickou) comme solutions de jeu dans le dos. Danty utilisé en leurre, Fickou va gicler à hauteur de Moefana pour fixer son vis-à-vis et créer le décalage en bout de ligne. L'ailier gallois Alex Cuthbert ne peut pas monter en pointe pour contrer l'offensive, car il créerait derrière lui un espace énorme.

Comment et pourquoi Laurent Labit a-t-il pensé à ce schéma très efficace ? Il suffit d'observer l'Australie face aux All Blacks pour le comprendre en 2021.

La Nouvelle-Zélande, équipe qui n'est pas réputée pour sa défense inversée, a su pourtant à merveille utiliser ses ailiers pour intercepter des offensives adverses qui avaient de la vitesse :

Les Australiens étaient placés à la verticale, et de fait étaient très lisibles. De plus, la touche étant un très bon défenseur, les équipes arrivent à parfaitement glisser et ainsi annihiler les surnombres. Avoir trop de joueurs dans un espace réduit devient inefficace et rend la tâche défensive beaucoup plus facile.

Voilà pourquoi donc les Bleus de Fabien Galthié ont opté pour ce fameux schéma de "bridgeurs", à savoir un, deux, voire trois joueurs derrière le porteur de balle ou une cellule d'avants, giclant au dernier moment à hauteur du ballon pour mettre les défenseurs sur les talons (et les fesses aussi du coup). Ce schéma offensif demande énormément d'énergie pour être mis en place. C'est pour cela, en partie, que l'équipe de France privilégie le jeu de dépossession, et met en place ce type de lancement de jeu à vitesse maximale pour avoir un rendement optimal. Un effort physique rapide et violent, mais terriblement efficace, qui met à mal les défenses adverses, et qui se réalise lorsque les conditions sont réunies pour ne pas s'exposer.

gilbertgilles
gilbertgilles
C'est pour lire ce genre d'article que je suis abonné au Rugbynistère! On en veut, on en redemande, bravo!
BTS
BTS
On en veut un milliard d'articles comme ça ! Bien écrit, bien illustré, précis, très clair. Bravo ! A renouveler un maximum svp
DAV!D
DAV!D
C'est clinique et très beau, quand c'est bien expliqué comme ça.
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