10 Grand Chelem dans l'histoire du XV de France. Celui de 2022 était particulièrement savoureux. Grâce à l'adversité présente dans cette édition du Tournoi des Six Nations, mais également (et surtout) le jeu offert par les Bleus durant la totalité de la compétition. Si la rencontre la plus disputée était celle face à l'Irlande (30-24) lors de la deuxième journée, elle avait déjà montré un enseignement majeur sur l'équipe de France : la technique individuelle des avants français supérieur comparée à leurs adversaires.
En témoigne les chiffres des passes après contacts réalisées par la France face à leurs adversaires :





À la Toulousaine
Mis à part face à l'Écosse, les Français ont systématiquement réalisé plus d'offloads que leurs adversaires. Un constat qui montre en fait la supériorité des avants dans ce domaine, où derrière les Français arrivent à transformer le jeu pour leurs trois quarts. A 'image de l'essai de François Cros face aux Anglais, ou de celui d'Antoine Dupont, ce sont les avants qui ont fait la différence, à l'image de Cyril Baille ou Julien Marchand ou Grégory Alldritt.
Ainsi donc, c'est grâce à un jeu à la Toulousaine, avec la volonté de faire vivre le ballon, que les Bleus ont réussi à prendre le meilleur sur les défenses britanniques et italiennes. Là où celles-ci jouent beaucoup devant la défense, et s'aventurent rarement en quête d'un geste technique, les Français, grâce à leur confiance, se permettent beaucoup plus facilement de jouer dans la défense. Et un rapprochement avec la Nouvelle-Zélande peut se faire. Les All Blacks, très supérieurs techniquement à la moyenne, arrivent à construire leurs essais dans toutes les situations possibles. Ils sont d'ailleurs habitués à s'entrainer à défendre face à des attaquants talentueux en Super Rugby. Ce qui déteint naturellement sur leur défense hermétique en sélection, à l'instar de l'équipe de France.
Certains seraient tentés d'y voir en fait une supériorité physique simple des Bleus. Mais avec le début de seconde mi-temps de l'Angleterre tonitruant où les hommes d'Eddie Jones gagnaient leurs impacts, ils ne se décidaient pas tellement à libérer leur bras. C'était en fait une mentalité britannique avant tout, dont les Bleus ont su en tirer profit. Les intentions de jeu de l'Irlande, le Pays de Galles et l'Angleterre, restent très axés sur des actions longues à plusieurs séquences de jeu, avec peu de prise de risques. Et c'est sans doute là aussi, de par son originalité et particularisme (le jeu à la française), que le Grand Chelem a été réalisé samedi soir au Stade Fance.