Les performances de l’ancien septiste Gabin Villière lors de la Coupe d’Automne des Nations a permis de mettre en lumière l’importance du rugby à 7 pour le haut niveau à XV. Bien que très peu utilisé en combinaison du rugby à XV, les instances tricolores semblent enfin saisir toute l’importance de la discipline olympique.
En France, une discipline à part
En France, le « Seven » a souvent était perçue comme une discipline à part, et la frontière entre le 15 et le 7 importante. En témoignent notamment les contrats fédéraux que détiennent les internationaux français à 7, ne leur permettant pas d’évoluer en TOP 14 puisqu’ils sont liés avec la FFR. Pourtant dans les pays du Sud et notamment en Nouvelle-Zélande, l’importance du rugby à 7 est déjà bien comprise. En plus d’être ancrée dans la culture des Kiwis, elle est surtout un tremplin vers le haut niveau. Les stars néo-zélandaises telles que Rieko Ioane et Ardie Savea ont connu les tournois mondiaux à 7 avec leur équipe nationale avant de performer chez les All blacks. Depuis leur plus jeune âge, les Néo-zélandais pratiquent le 7. En France, c’est un peu différent. Le Seven a souvent vu des joueurs faire de très belles carrières. Mais pour peu, il servait de complément pour progresser dans le XV. Pourtant, les qualités développées par le 7 ne sont pas des moindres : jeu à haute intensité, passes après contact et jeu débout, vitesse, évitement, jeu au sol irréprochable et défense sur l’homme… Tout un tas de techniques utiles aujourd’hui à tous les joueurs de rugby.
Des exemples nommés Virimi Vakatawa et Gabin Villière
Toutefois, les exemples de joueurs qui, du fait leur expérience à 7, ont explosé au rugby à XV sont loin d’être inexistants. On connaît tous le « magicien » Virimi Vakatawa en forme internationale depuis plusieurs saisons. Avec plus de 104 sélections en équipe de France à 7, le Fidjien d'origine est aujourd’hui un cadre du XV de France et du Racing 92. Sa capacité à franchir le rideau défensif adverse et surtout à faire jouer après contact, en font un des meilleurs joueurs du monde à son poste. Et si le joueur est doué naturellement, le 7 a sans aucun doute permis de polir ce diamant brut. Quant à Jean-Pascal Barraque, considéré comme un des meilleurs septistes de ces dernières années, il est récemment revenu à ses premiers amours : le rugby à XV. Il a réalisé un début de saison de haut vol avec Clermont et a connu récemment à 29 ans… sa première sélection chez les Bleus à XV, lors de la Coupe d’Automne des nations.
De même que le joueur du RCT âgé de 25 ans, Gabin Villière, une des révélations de ce début de saison avec les Bleus, peut confirmer l’importance de la discipline olympique pour progresser. Ce dernier affirmait à nos confrères de L’Équipe : « Ça m'a permis de compléter mon profil techniquement, défensivement, mais aussi au niveau de l'attitude dans les rucks. Le 7 permet de travailler sur pas mal de domaines bien plus précisément qu'à 15 ». Ainsi, la discipline olympique a sans aucun doute permis au jeune Normand de franchir un cap. Il est désormais un titulaire en puissance du côté de la Rade de Toulon et semble promis à un bel avenir avec le XV de France.
Mise en place d’un véritable projet d’interaction
En France, depuis quelques années, on assiste à une prise de conscience collective sur les « bienfaits » du Seven. Mais les récentes performances de Gabin Villière en club, avec le XV de France et notamment la forme affichée par Vakatawa depuis plusieurs saisons ont sans doute accéléré les stratégies de travail entre ces deux disciplines du ballon ovale. Raphaël Ibanez, manager tricolore n'hésitait à parler d’« interaction entre toutes les équipes de France » . Ce fut le cas lors des différents rassemblements du XV de France, ces dernières semaines, puisqu’une dizaine de septistes ont intégrés régulièrement les entraînements. Tous les staffs des différentes équipes de France travaillent désormais ensemble. Le manager des équipes de France à 7, Christophe Reigt évoquait la mise en place d’un « parcours idéal du joueur afin d’optimiser son potentiel pour le préparer au plus haut niveau ».
Comment un échange de bons procédés s'est créé entre France 7 et 15 ?
Le jeune troisième ligne clermontois Killian Tixeront (18 ans) est le parfait exemple de cette mise en place de passerelle entre le 7 et le 15. Après avoir était invité par Fabien Galthié afin de participer aux entraînements du XV de France, c’est le staff de l’équipe de France de rugby à 7 qui l’a convoqué à un stage de préparation à Toulouse (avec onze autres joueurs jouant habituellement au XV tel que les jeunes Romain Oupin, Nelson Epée et Aaron Grandidier). Une semaine complète au contact des septistes afin d’exploiter au maximum le potentiel technique du joueur et anticiper sa progression au haut niveau. « C’est complémentaire du XV pour progresser physiquement et techniquement », confiait le jeune international des moins de 20 ans. Ce dernier a notamment pu développer ses qualités de vitesse, de plaquage et de passe, mais il a également pu travailler sa prise de décision dans le jeu.
Le Super Sevens en symbole
En mai 2019, la FFR annonçait la création du Super Sevens, première compétition professionnelle à 7 réunissant des clubs (avec 16 équipes dont les 14 clubs du TOP 14). Un des objectifs majeurs de cette nouvelle compétition en dehors des intérêts économiques, est le développement du rugby à 7 et la découverte de jeunes talents. Les JO de 2024 qui auront lieu à Paris sont logiquement dans le viseur. Le développement de jeunes talents par le biais de cette compétition ne peut qu’être bénéfique pour le XV de France. La première édition qui s’est déroulée le 1er février dernier a tenu toutes ses promesses en termes de spectacle. Notez que la deuxième édition du Super Sevens a été annulée du fait de l’actuelle crise sanitaire.
IN EXTENSO SUPERSEVENS : annulation de l'édition prévue le 27 février prochain
Nous pouvons sans aucun doute dire que le rugby à 7 est utile pour la formation d’un joueur de rugby à 15. Les atouts du 7 sont indéniables, dans un contexte où le rugby international est désormais basé sur la vitesse et le jeu de mouvement, la capacité à jouer debout étant également primordiale. Le rugby français semblait avoir du mal à passer ce cap. Les récentes performances du XV de France démontrent désormais le contraire. Corollairement, le travail autour du Seven est maintenant en plein essor.Crédit vidéo : France Rugby
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