Le soufflé de l'annonce de sa retraite à 25 ans étant enfin retombé, on a décidé de prendre le temps de contacter Maxime Marty pour évoquer son choix, son futur, ses envies. Être rugbyman professionnel a beau être un réel privilège dont nombreux sont conscients, dont lui, cela reste un métier difficile, ultra-concurrentiel et usant plus encore que les cursus "classiques", disons-le comme ça. Pour toutes ces raisons, soyez-en sûr, le choix de l'ancien toulousain est bel et bien mûrement réfléchi. À la rentrée, le jeune homme aux 7 essais en 42 matchs de ProD2 et aux 9 apparitions en Top 14 va donc rejoindre Barcelone pour entamer une école de kiné, dans la ville du football. Bien loin du tout-puissant rugby qui le berce depuis tout petit, dans la ville rose...
RUGBY. Fin de carrière à 25 ans pour l'ancien Toulousain champion du monde Maxime MartyMaxime, 1 mois et demi après l'annonce de ta reconversion, comment te sens-tu ?
Eh bien tout va bien. Ça a été un soulagement d'annoncer ma décision. Je profite d'avoir du temps pour moi-même s'il faut aussi penser au gros changement de vie qui m'attend. Mais en tout cas j'ai hâte de découvrir ça.
Justement, on sait que tu arrêtes le rugby afin d'entamer un projet devenir kiné. Peux-tu nous en dire plus ?
En fin d'année dernière, j'ai passé des concours pour pouvoir intégrer une école de kinésithérapie à Barcelone et j'ai été pris. C'était quelque chose qui m'intéressait et auquel je commençais à songer sérieusement. Et puis il a fallu prendre une décision à un moment. Cela fait donc désormais plusieurs mois que je sais qu'à la rentrée prochaine et au moins pour 4 ans, je serai en Espagne.
Le rugby est donc bel et bien terminé ?
Oui, je le crois bien aha. Du moins à niveau professionnel, ça, c'est sûr. Pour l'heure, j'ai déjà envie de souffler et de me consacrer à 100% à mon nouveau projet. Après, effectivement, si l'opportunité de jouer dans un truc sympa et amateur à Barcelone se présentait à moi et que j'en ai le temps, peut-être que le désir de rechausser les crampons se ferait rapidement, je n'ai pas trop de doutes là-dessus. Mais ce n'est pas un objectif, quoi.
Il n'y a pas de clubs amateurs qui t'ont contacté, en France ?
Oh si, justement. C'était assez drôle de voir certains messages de gars qui me proposaient de les rejoindre en me ventant un super état d'esprit, de bringue et de détente. Si je n'étais pas parti en Espagne, peut-être que ça m'aurait tenté, d'ailleurs. Mais on en a déjà parlé avec certains potes : à mon retour ici, j'aurai environ 30 ans. Si je suis encore en forme et que certains de mes potes jouent en Fédérale ou même plus bas, pourquoi pas rejouer ensemble. Ça pourrait être super cool, mais nous n'y sommes pas encore.
Arrêtes-tu aussi parce que tu ne voulais pas que le rugby devienne alimentaire pour toi, comme nous le disait Quentin Dubreuil le mois dernier ?
Oui, c'est complètement ça. Peut-être que la ProD2 n'était pas réellement ce à quoi j'avais aspiré à une époque, c'est vrai, et ça a certainement contribué à me faire prendre les choses en main. Mais j'avais dit à mon agent il y a un moment déjà qu'à moins qu'on me propose un projet qui me conviendrait à 100% tant sportivement qu'humainement, je ne me voyais pas continuer ma carrière à l'issue de mon contrat qui se terminait en juin 2023. Quant à Quentin, c'est drôle que tu me parles de lui parce que je le connais justement. On était au CERS de Capbreton ensemble l'an dernier et on en parlait déjà, en blaguant, d'éventuellement quitter de monde pro du rugby dans lequel on ne prenait plus de réel plaisir. Aujourd'hui c'est chose faite, même si c'est une grande étape, bien évidemment.
Comment s'est passée ta dernière saison à Carcassonne, où tu n'as fait que 11 apparitions, alors que tes sorties furent à chaque fois plutôt convaincantes ?
Je pense que ça a contribué à me faire passer le cap et choisir d'arrêter pour me consacrer à mon avenir. J'ai plutôt bien enchaîné en début de saison puis je me suis fait une fissure du tendon d'Achille en décembre. Après ça, plus rien. À mon retour, je n'avais plus de son et plus d'image des coachs, qui m'avaient clairement mis sur la touche sans que je sache trop pourquoi. J'ai tout de même pu disputer les deux derniers matchs de la saison et marquer, d'ailleurs, mais ce n'était pas réellement ce que j'espérais.
Est-ce qu'on a des regrets lorsque l'on se dit qu'avec un rebond favorable, sa carrière aurait probablement pu basculer du bon côté ?
Même si à certains moments je n'ai peut-être pas fait les meilleurs choix, je n'ai aucun regret. Depuis un moment, je le redis, je sentais que j'étais arrivé à un moment où je voulais faire autre chose plutôt que de trop m'entêter. À 25 ans, je pense que j'ai eu la chance d'avoir accompli beaucoup de choses. Je dis ça dans le sens ou certains qui jouent pendant 15 ans en pro n'ont pas gagné la moitié de ce que j'ai pu gagner, avec tout le respect que je leur dois. Je me dis donc que je suis déjà chanceux, et que je n'ai pas à regarder en arrière. J'ai décidé de penser à l'avenir, de prendre du temps pour moi et de ne garder que des bons souvenirs.
Que retiens-tu de ce monde du rugby, justement ?
Que j'ai eu la chance de pouvoir vivre de ma passion pendant plusieurs années, déjà. Et puis tout ce que ce jeu m'a apporté. C'est un peu cliché mais le rugby, c'est vraiment l'école de la vie. Tous mes amis ou presque aujourd'hui sont d'ailleurs issus de ce milieu-là et j'en suis très fier. Comme je suis très fier de ce que m'a inculqué la formation du stade toulousain. En termes de valeurs, d'identité de jeu et de suivi, je conseille vraiment à tout jeune qui veut réellement s'impliquer dans le rugby de rejoindre ce club, qui est familial qui plus est. Aujourd'hui, il n'y a encore pas une semaine sans que je parle à Romain Ntamack par exemple, avec qui on se suit depuis les mini-poussins. Quand mon meilleur ami n'est autre que Daniel Brennan...
As-tu justement rejoint les Toulousains pour célébrer leur titre la semaine dernière ?
Pas du tout. Chaque aventure est différente et celle-ci était la leur. J'ai beau connaître tout le monde, je ne suis plus un joueur du Stade Toulousain donc je n'étais pas légitime pour aller célébrer quoi que ce soit même si j'étais très content pour eux et que j'ai d'ailleurs croisé 1 ou 2 joueurs dans la ville. Mais ne t'inquiète pas, j'ai bien profité lors des titres dont je faisais partie (rires).