Quand de telles équipes se font face, la gagne se joue souvent sur des détails. Qui prendra le dessus en conquête ? Quelle équipe fera preuve de plus de précision dans le jeu au pied ? Tant de questions sans réponse auxquelles on peut tout de même tenter d'apporter des indications en amont de cette fabuleuse finale.
Jeu au pied : Prime à l’expérience
Parfois agaçant quand il est utilisé à outrance, le jeu au pied est au centre de la stratégie du rugby moderne. Dans ce secteur, les deux finalistes peuvent se targuer d’avoir de formidables artilleurs. Les deux formations ont par ailleurs des profils assez similaires dans ce domaine. Dupont et Kerr-Barlow excellent dans le coup de pied “dans la boite” tandis que Hastoy et Ntamack en bon gestionnaire sont capables de distiller des passes au pied millimétrées. Deux charnières finalement très proches dans le style de jeu. Une vision partagée par Jean-Baptiste Élissalde (interrogé dans le Super Moscato Show), ayant occupé les deux postes au sein des deux clubs :
Je trouve le jeu au pied de Kerr-Barlow très impressionnant, ça tombe dans une cible très précise, toujours à bonne distance de contestes, quant à Antoine Dupont, il a les deux pieds et une longueur assez incroyable. On a les deux demis de mêlée qui maîtrisent le mieux leur sujet. Hastoy et Ntamack se ressemblent un peu, ce sont deux garçons qui ont l’air posé, capables de répondre parfaitement aux différentes situations.
La charnière du XV de France semble pourtant avoir une légère d’avance, et ce, malgré de grosses qualités de chaque côté. L’expérience acquise par les deux compères toulousains fait sûrement cette légère supériorité. Quand les deux Maritimes partagent l’animation du jeu depuis une saison seulement, Dupont et Ntamack évoluent ensemble aussi bien en club qu’en sélection depuis maintenant quatre saisons. Une expérience collective qui fait la différence.
XV de France. Et si Brice Dulin était la doublure parfaite de Thomas Ramos pour la Coupe du monde ?Il ne faut évidemment pas oublier les deux arrières internationaux qui se feront face ce samedi. Thomas Ramos et Brice Dulin ont également un très bon pied. Cette fois, le style est différent. La “spéciale Dulin” se déroule en trois étapes, une bonne réception, une chandelle bien haute et un duel aérien gagné 30 mètres plus loin. L’arrière de poche du Stade Rochelais (1,76m ; 82 kg) est une référence dans le domaine. Il permet souvent à son équipe de remporter les fameux “ping-pongs rugby” en prenant le jeu à son compte. Mettant ainsi un adversaire généralement désorganisé sous pression dans son propre camp. En face de lui, Thomas Ramos, s'il prend la décision de jouer un ballon lors d’échange de jeu au pied, ce sera fréquemment à la main. Sa polyvalence d’ouvreur se ressent dans son utilisation du pied : il cherche sans cesse l’espace libre pour occuper le terrain (glanant au passage quelques précieux 50/22).
🎩El 5̶0̶:̶2̶2̶ 22:22 de Thomas Ramos.pic.twitter.com/02Ytl2oyVJ
— Periodismo Rugby (@Perrugby) June 13, 2023
Conquête : Force atlantique
C’est peut-être le pack le plus impressionnant d’Europe. Le 8 de devant rochelais semble injouable. L’axe droit formé par Atonio et Skelton rend la mêlée maritime surpuissante, même si les Toulousains n’ont pas à rougir dans ce secteur. Ugo Mola alignera surement une première ligne 100% tricolore avec Baille (43 sélections), Marchand (29 sélections) et Aldegheri (9 sélections) qui pourrait soutenue par le phénomène Meafou pour rivaliser en mêlée fermée. Si La Rochelle parait tout de même légèrement supérieure que son rival en mêlée, c’est sur la touche que la différence est plus flagrante.
PHASES FINALES. TOP 14. En gommant ce dernier défaut, le Stade Rochelais est-il devenu imbattable ?En début de saison, l’alignement toulousain était clairement au-dessus. Oui, mais voilà, au fil de la saison, la mire des talonneurs rouge et noir semble se dérégler… Pourtant pourvu de très bon sauteur (Flament, Roumat, Arnold…), l’alignement haut-garonnais vacille à l’image de cette touche perdue à cinq mètres de l’en-but francilien en demie (5e). Des occasions qu’ils ne pourront pas se permettre de gâcher face à un adversaire plus coriace samedi. Dans le même temps, les hommes de Donnacha Ryan ont redoublé d’efforts pour faire de ce point faible une force. Allant même jusqu’à faire sauter Skelton ! Résultat, le Stade Rochelais semble appréhender cette ultime rencontre avec plus de certitude en conquête.
Rugby. Top 14. Face à l’UBB, la touche toulousaine n’a pas été à la hauteur
Ruck : duel de spécialistes
Une guerre sans merci pendant 80 minutes. S’il fallait résumer ce que seront les rucks samedi en une phrase, il serait difficile de faire mieux. Les deux équipes comptent dans leurs rangs des références mondiales dans ce domaine. Dans le registre des gratteurs, difficile de trouver plus efficace que Julien Marchand. Lorsque que le talonneur du XV de France met ses vérins sur la gonfle, il est presque impossible de nettoyer la zone. Les observateurs conviendront que Grégory Alldritt ou Levani Botia ne sont pas en reste quand il s’agit de récupérer le ballon au sol.
Will Skelton taking the Mushy Buckley approach to ruck clearing pic.twitter.com/mWVwgfcpgh
— Overthehillprop (@Overthehillprop) April 22, 2021
Cotés déménageurs, les supporters présents au Stade de France seront également servis. En tête d’affiche, on retrouve le géant australien Will Skelton (2,03m ; 145kg). Quand il rentre dans un ruck, il est fréquent que deux adversaires en ressortent quasiment instantanément. Un “méchant” comme il en faut dans toutes les équipes, capable de mener un combat de tous les instants dans chaque ruck pendant 80 minutes. Il est peut-être moins en vue dans le jeu courant que son homologue toulousain Meafou, mais il abat un travail de l’ombre absolument gigantesque. Ugo Mola peut compter sur ses sécateurs de la troisième ligne, en l’absence de Jelonch blessé, Cros et Willis auront la charge de faire régner l’ordre.
