69 matchs et 53 essais plus tard, Nemani Nadolo a donc quitté Montpellier. Une sortie par la petite porte -dans un contexte COVID-19 délicat- au regard de ce que le Fidjien a donné sous le maillot du MHR. Cousin de Lote Tuqiri et Tevita Kuridrani, star des Fidji durant le Mondial 2015, Nadolo et ses mensurations de géant (1,95m ; 137 kilos) ont pourtant pris leur temps pour se révéler aux yeux de la planète rugby.
C’est son passage chez les Crusaders (2014-2016) qui lui permet de se faire un nom. D’ailleurs différent de celui donné à sa naissance, Ratu Nasiganiyavi... Son père est un ancien joueur des Queensland Reds, et c’est d’abord en Australie qu’il commence à faire (timidement) parler de lui. En 2009, il devient officiellement Nemani Nadolo en prenant le nom de sa mère, qui l’a élevé. Sélectionné par les Waratahs en Super Rugby, il doit pourtant se contenter du championnat national australien, la faute à de nombreuses blessures.
Pour lui, c’est sûr : une carrière professionnelle doit passer par la France.
Bourgoin, l’Eldorado ?
Nous sommes en 2010, et la France s’est déjà établie comme terre d’accueil de nombreux étrangers, les Fidjiens en tête. Réputé pour sa formation, le CS Bourgoin-Jallieu n’échappe pas à la règle. Âgé de 22 ans, Nadolo est vu comme un phénomène de par son physique, mais personne ne le connaît vraiment. Avec Silvère Tian ou Alex Tulou, il vient renforcer une équipe dont les ambitions ont pris un sérieux coup (Morgan Parra est déjà parti), la faute à des problèmes financiers récurrents.
A l’époque, son arrivée dans l’Isère est même remise en cause dans la presse australienne face à la possible relégation administrative du club. Le mois de juillet est déjà entamé quand ce dernier met les points sur les i dans un communiqué : “Nemani Nadolo, dont le contrat est enregistré auprès de la Ligue, portera bel et bien les couleurs Ciel et Grenat la saison prochaine. Les dirigeants du CSBJ, en contact avec l'agent du joueur, confirment la venue de l'ailier fidjien.”
Nadolo arrive bien dans l’Hexagone. Mais sa première expérience européenne va se révéler... compliquée.
Direction PRO D2
Car cette saison 2010-2011 est la dernière du CSBJ dans l’élite. Sanctionnés de cinq points de pénalité pour raison financière, les Berjalliens sont de toute façon incapables de tenir la cadence sportivement. Avec seulement deux victoires, Bourgoin plonge en PRO D2… Nadolo ? Lui ne reste finalement que six mois pour un bilan assez prometteur : 16 matchs toutes compétitions confondues, et 5 essais.
Lui n’est pas si positif sur son aventure :
Je ne garde pas de très bons souvenirs de mon passage à Bourgoin, qui traversait à l'époque une période difficile. Nous n'étions pas la plus grosse équipe, et le club avait des problèmes financiers. J'avais pris du plaisir à découvrir le Top 14, mais vu ce qui se passait hors du terrain, c'était délicat. - via Rugbyrama, août 2016.
L’année 2011 débute, et le départ du Fidjien ne fait pas beaucoup de bruit, les supporters parlant plus volontiers de l’éviction du duo Catinot - Péméja, remplacé par Laurent Mignot. Avec ses mitaines et son physique à la Lomu, Nadolo avait de quoi devenir une star. Mais y a-t-il pire que jouer ailier dans une équipe en galère sur le terrain ? “J'ai été très proche de mettre un terme à ma carrière après mon premier séjour en France, poursuit-il via Rugbyrama. Je vivais moi-même des moments difficiles hors du terrain, et l'aventure ne s'est pas très bien déroulée. J'ai voulu abandonner le rugby plusieurs fois, rentrer au pays pour trouver un travail.”
Soutenu par sa future épouse, le Fidjien s’accroche, et rebondit en Angleterre. Dès janvier 2011, il devient un joueur d’Exeter.
La suite sera plus anonyme avec un passage par la Top League (NEC Green Rockets). Suffisant, néanmoins, pour se faire repérer par les Crusaders. Vous connaissez la suite…
Aujourd’hui âgé de 32 ans, Nadolo se lance dans une nouvelle aventure anglaise, chez des Tigers en totale reconstruction. S’il remplacera l’excellent Jonny May, pas sûr que Leicester perde au change, avec cette machine à marquer.
Le nombre d'essais par saison de Nemani Nadolo depuis sa première expérience à l'étranger :
(Exeter est la seule équipe pour qui le Fidjien est resté muet)
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