Beno Obano, Maro Itoje, Anthony Watson, Ellis Genge et Biyi Alo. Cinq pointures de notre sport pour parler d'un sujet fort au travers d'un documentaire passionnant : la mixité dans le rugby. Outre le flow imcomparable de Maro Itoje, cette réalisation diffusée sur Amazon Prime met en effet en lumière le manque d'ouverture du ballon ovale (surtout anglais) à la communauté noire et aux autres minorités, via - entre autres - les expériences personnelles de ces joueurs ayant tous au moins un parent de couleur. La faute à un système britannique très particulier, où le rugby ne se joue pratiquement que dans les écoles privées, à l'inverse de ce que nous connaissons nous, en France.
Pour autant, le serial marqueur Anthony Watson (22 essais en 50 sélections pour le XV de la Rose) pointe aussi du doigt le fait que le rugby souffre finalement plutôt de son image de sport "chic" que de son essence même, outre-Manche. En effet, à l'inverse du tennis ou du golf, pratiquer la discipline au ballon ovale n'est pas plus onéreux que celle au ballon rond; mais ce n'est pas la vision qu'en ont la plupart des gens. Malgré son crédo de "sport ouvert à tous" et ses valeurs, l'organisation de ce jeu fait qu'il reste donc très élitiste et qu'in fine, les joueurs de couleur ne sont qu'environ 10% à composer le Premiership... Alors, le but de "Everybody's game" ? Que les témoignages de ces vedettes inspirent, laissent une trace et incitent au changement. Aussi à ce que les enfants de quartier découvrent ce sport et finissent par se dire "pourquoi pas moi ?".
Ainsi, le pilier des Wasps Biyi Alo (1m88 pour 145kg !) n'hésite pas à lancer que "beaucoup de garçons seraient certainement plus athlétiques et doués" que lui, s'ils avaient été exposés au rugby. Et Beno Obano, le réalisateur de ce documentaire, d'avancer "qu'il est encore impossible de savoir de quoi nous sommes capables (...) tant le potentiel (de ce jeu) est énorme." Selon eux, l'Angleterre - malgré ses 355 000 licenciés - et le monde du rugby en général doivent donc faire plus pour ouvrir leurs portes aux personnes issus de milieux non-aisés. Tout en rappelant que l'équipe championne du monde 2003 ne comptait que 3% de joueurs de couleur dans son effectif, quand le groupe anglais du Mondial 2019 en comptabilisait 35%... Le chemin est long, mais pas infranchissable.
Pour voir le documentaire (à condition d'être abonné), c'est par ici :