L’exigence des spectateurs est grandissante au fur et à mesure que la technologie avance. Il est désormais possible de passer toutes les actions au peigne fin, et de beugler sur Twitter contre une décision qu’on a jugée injuste au fond de son canapé avec 5 cadavres de bière qui jonchent le sol. Craig Joubert en a fait les frais lors du quart de finale de la Coupe du Monde entre l’Écosse et l’Australie.
Stopper l’illusion que l’erreur d’arbitrage n’existera plus
La vague de contestation était telle que World Rugby a décidé de communiquer après avoir vérifié auprès de la commission des arbitres : "la décision appropriée aurait été d'accorder une mêlée favorable à l'Australie". Boom ! Une décision d'arbitrage remise en cause par l’institution. Jurisprudence qui nous amène à réfléchir quant au moyen le plus convenable de communiquer après une rencontre.
Plus proche de notre #MeilleurChampionnatDuMonde, nous avons eu quelques secousses cette année même si on est loin des violentes sorties de ces dernières années. Stade Français vs Stade Toulousain ou encore Section Paloise vs La Rochelle ont poussé beaucoup de monde à s'interroger sur des décisions qui font basculer un match. Tout le monde est en attente de connaître l’avis des spécialistes… et pendant ce temps les arbitres se font vilipender à grands coups d'arguments plus ou moins valables.
L’avis des arbitres du secteur pros
Nous avons interrogé 12 arbitres qui officient régulièrement au milieu des terrains de Top 14 ou Pro D2, ainsi que Didier Mené, patron des arbitres français, au sujet de la communication des hommes au sifflet. Échantillon des réponses données par ces derniers.
Doit-on donner les moyens à un arbitre de haut niveau de s’expliquer sur des cas de jeu ? (Au même titre que les joueurs et les coachs)
Didier Mené pense que OUI, et ses arbitres aussi pour la majorité d’entre eux.
- Cela permet de lever des zones d'ombre et d'éclaircir certaines de nos décisions. On ne peut pas rester dans notre bulle.
- Il faut communiquer, car on demande à l'arbitre aujourd'hui d'être de plus en plus participatif et nos décisions doivent être comprises de tous.
- Oui mais en ayant le temps d'avoir revu les images au calme, si la situation est claire on doit pouvoir y répondre à la sortie des vestiaires. Par contre on peut avoir des situations où l'on a besoin que la DTNA (Direction Technique Nationale de l’Arbitrage) tranche et là le timing sera décalé et avoir une réponse sur les réseaux sociaux via une page communautaire.
- Oui à condition de faire cela au calme et dans un dialogue construit
Parmi les partisans du NON, un argument se détache.
- Non, je pense qu'il faut préserver l'individu en mettant en place un système, type DTNA qui réponde aux divers cas de jeu et problématiques.
Les arbitres peuvent-ils communiquer sur internet et les réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux font peur aujourd’hui… Didier Mené également. Il n’est pas contre davantage de participation des arbitres sur la toile mais pas sur les réseaux sociaux.
- NON. Trop compliqué. Les internautes se lâche et parfois violemment. Ils deviennent vite incontrôlables dans leurs propos. Par contre, l'idée d'une page commune pourrait être pas mal à partir du moment où nous pouvons contrôler les différents messages.
- NON, les réseaux sociaux sont difficilement contrôlables et les discussions sont sans fin. Non-maîtrisable.
- Je pense qu'il faut éviter de commenter des décisions sur les réseaux sociaux. Je pense que cela peut vite prendre une proportion incontrôlée et incontrôlable.