En cette année 2020, les Bleuets auraient dû participer au championnat du monde U20 en Italie dans le courant de ce mois de juin. Ils auraient pu ainsi tenter de gagner un troisième titre consécutif. Seuls les « Baby Blacks » ont fait mieux avec quatre victoires consécutives entre 2008 et 2011.
Comme nous l’avions déjà fait les deux années précédentes (en 2018 et en 2019), nous avons voulu analyser le temps de jeu des jeunes convoqués en bleu pour le championnat du monde U20. Le tournoi, qui devait se dérouler cette année en Italie, a bien entendu été annulé. Sébastien Piqueronies et son staff n’ont donc pas communiqué de liste des 28 joueurs comme ils l’ont fait les années précédentes. Nous avons donc cherché tous les joueurs qui ont participé aux quatre matches du Tournoi des VI Nations U20 qui ont eu lieu en février et en janvier de cette année.
Sur les 38 joueurs sélectionnés, 16 clubs sont représentés : 10 de Top 14, 5 de Pro D2 et 1 de Fédérale 1. Le club le plus représenté étant le Racing 92, avec 6 joueurs, le Stade Toulousain suivant de près avec 5 joueurs, juste devant le LOU et le RC Toulon avec 4 joueurs.
Les chiffres que nous allons vous présenter sont à prendre avec des pincettes sur plusieurs aspects. Le premier biais est donc le nombre de joueurs dans notre liste : 38, au lieu des 28 habituellement appelés. On a constaté les années précédentes que les joueurs qui participaient au mondial U20 avec les Bleuets avaient néanmoins quasiment tous participé au tournois des VI nations U20 de la même année.
Le deuxième biais à prendre en compte dans nos chiffres, et qui n’est pas le moins important, bien au contraire, est le nombre de matches auxquels ont pu postuler les jeunes joueurs dans leur club. En effet, la saison s’est arrêté prématurément à tous les niveaux. En fédérale 1, il restait 4 journées à jouer sur 22 (soit potentiellement 320 minutes de jeu), tandis qu’en Pro D2, il restait 7 journées sur 30 (560 minutes), et qu’en Top 14, il restait encore un tiers de la saison à jouer (9 matches sur 26, 720 minutes). Le tout, sans compter les potentielles phases finales.
Afin de compenser ce deuxième biais, nous vous présentons donc deux chiffres pour la saison 2019-2020. Le premier représente le temps de jeu réel de chaque joueur : ce qu’il a vraiment joué cette saison avant l’interruption. Le deuxième représente le temps de jeu pondéré : le temps total que chaque joueur aurait pu avoir si la saison n’avait pas été interrompue. Il est calculé en multipliant le temps de jeu réel par un coefficient représentant l’avancement de la saison. Pour la fédérale 1, il est égal à 1.22 (=22/18 sur 22 journées, seules 18 l’ont été), pour la Pro D2, il est de 1.30 (=30/23), et pour le Top 14, il est égal à 1.53 (=26/17). Cette méthode est limitée. Notamment car elle ne permet pas d’évaluer le temps de jeu des joueurs qui auraient fait leurs débuts avec leur club.
Les chiffres obtenus sont présentés ci-dessous avec ceux des années précédentes. La saison 2019-2020 contient donc 2 lignes.
(Sources : www.itsrugby.fr et www.allrugby.com)
Le constat est édifiant : même avec les ajustements et les coefficients, le temps de jeu moyen peine à atteindre les 97 minutes. Après 4 saisons consécutives de hausse, on peut affirmer avec quasi-certitude que même si la saison s’était terminée, il aurait été impossible de s’approcher des chiffres des années précédentes.
Seuls 16 joueurs parmi les 38 qui ont participé au VI Nations U20 ont eu du temps de jeu cette saison en Top 14, Pro D2 ou en Fédérale 1. Malgré la coupe du monde au Japon à l’automne 2019, qui a mobilisé 31 joueurs du championnat de France, 22 jeunes qui ont participé au Tournoi des VI nations U20 n’ont pas eu la moindre minute de temps de jeu avec l’équipe 1 de leur club. La coupe du monde 2015 avait permis entre autres, à de jeunes joueurs comme Antoine Dupont (Castres) et Judicaël Cancoriet (Clermont) de s’exprimer, alors que Rory Kockott et Damien Chouly étaient sélectionnés avec les Bleus pour le mondial.
Retrouvez tous les chiffres ici
Aussi, on peut facilement penser que sans sa blessure de début de saison, Jordan Joseph aurait pu facilement avoir plus de temps de jeu. En effet, sa blessure au genou l’a tenu écarté plus de 3 mois des terrains, soit 7 journées de championnat, au moment où Nakarawa, Lauret et Leroux étaient mobilisés par leur sélection au Japon. Un coup dur pour le jeune joueur mais on espère le revoir très vite à l’œuvre pour gagner sa place au Racing.
Se pose alors la question des raisons qui ont pu conduire à une telle baisse. Cette génération est-elle plus faible que les précédentes ? Les crus des deux dernières années ayant été particulièrement exceptionnels, la différence en termes de chiffres est, elle, frappante. Quid de la participation des clubs et de leur envie de « jouer le jeu » ? On voit que les clubs qui fournissent le plus de joueurs sont ceux qui jouent le haut du Top 14. Insérer des jeunes dans des effectifs et des groupes où tous les postes sont déjà doublés par des joueurs de talent et d’expérience peut s’avérer délicat.
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