Du rose, du kaki, du vert fluo, des dragons, des éclairs, une panthère… En matière de style, le Stade Français Paris n’a pas d’égal. Chaque année, les maillots du club de la capitale sont les plus attendus. Avec une question : comment le Stade va-t-il réussir à nous surprendre ?
Il y a quinze ans, le maillot rose porté pour la première fois face à l’USAP avait été une révolution.
PHOTOS : le Top 10 des maillots WTF du Stade Français ParisMais l’une des tuniques les plus iconiques reste celle portée lors de la saison 2008/2009. Pour succéder aux fleurs de lys, Max Guazzini et l’équipementier adidas frappent encore plus fort. Le maillot sera blue jean. Surtout, il prend l’accent pop art, façon Andy Warhol. Marylin Monroe ? Aucun rapport avec le ballon ovale. Reste que le club parisien est à la recherche d’un visage féminin. Un temps, le président du club souhaite mettre le portrait de… la Vierge Marie. Veto de la direction internationale d’adidas, qui sent venir la polémique. C’est finalement Blanche de Castille qui est choisie.
Extravagant ? A peine. So Stade Français !
Mais au fait, qui est Blanche de Castille ?
Si vous dormiez contre le radiateur de 8h à 9h durant les cours de Monsieur Prat, un rapide cours d’histoire s’impose. Née en Castille (royaume du Moyen-Âge situé au nord de l’actuelle Espagne) à la fin du 12e siècle, Blanche de Castille épouse Louis VIII, roi de France. A la mort de ce dernier, elle devient régente jusqu’à la majorité de son fils, le futur Saint Louis… Régence qu’elle continuera d’exercer au temps des croisades, Saint Louis partant en Terre Sainte.
Catholique, elle met fin à la croisade des Albigeois avec le traité de Paris qui rattache une partie de l’Occitanie au domaine royal. Huit cents ans plus tard, le président du Stade Toulousain y avait d’ailleurs vu une provocation de la part du Stade Français dans un contexte de rivalité forte entre les deux équipes.
Ce qui m’avait le plus marqué, c’est Blanche de Castille sur le maillot du Stade Français. Parce que quoi qu’en dise Max Guazzini, Blanche de Castille n’a pas été choisie pour rien. C’est elle qui a fait abdiquer le dernier comte de Toulouse sur le parvis de Notre-Dame. Je reste persuadé que c’est la raison de ce choix. Je ne pense pas que Blanche de Castille ait un autre lien avec le Stade Français. - René Bouscatel, via RMC
Alors, réel clin d’oeil à l’histoire ? Oui, pour Guazzini. Mais rien à voir avec le catharisme, où la “défaite” de Toulouse face à Paris. "On voulait un visage féminin, expliquait Max Guazzini au journal Le Monde. La reine Blanche de Castille s'est imposée, car elle était la mère de Saint Louis, roi de France. Or, ce sont des élèves du lycée Saint-Louis qui ont fondé le Stade Français". Voilà qui est plus rugby friendly.
L'humeur de Cristina Cordula est certes autant chamboulée que les codes du style. Mais pas les résultats. Quatrième du classement, Paris est encore un ténor du championnat de France, et ne tombera qu’en demi-finale face au futur champion, l’USAP. La suite est plus compliquée. En 2010, le visage de Blanche de Castille fait son retour dans un maillot rose, mais le Stade termine seulement à la 8e place. Le début des années de galère, où c'est bien la capitale qui abdique face à Toulouse, Clermont, Toulon et compagnie… L'essentiel est ailleurs : comme souvent, Paris a réussi son coup pour se démarquer dans un monde du rugby trop aseptisé.
La preuve : dix ans plus tard, on parle encore de ce maillot.
