Vu des hauteurs du virage nord de l’antre varois, il a donné l’impression de littéralement survoler le stade Mayol, comme le font mouettes et gabians les jours de match. C’est que Jiuta Wainiqolo, revenu en grande forme ces dernières semaines, était en mission : le Fidjien savait qu’il jouait-là son dernier match à Mayol sous les couleurs du RCT.
Le stade qui l’a fait éclore en France depuis son arrivée il y a près de 4 ans, celui où il est "né", poussait même récemment l’ailier de 26 ans. Alors, avec la confiance, les pattes et les courses chaloupées qui le caractérisent, Wainiqolo avait décidé de passer la surmultipliée, ce samedi soir.
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Sous la chaleur varoise et dans un Mayol chauffé à blanc pour la réception de Castres en barrage, le champion olympique à 7 a réalisé l’une de ses plus belles prestations sous le maillot rouge et noir. Électrique, inspiré et toujours aussi difficile à faire tomber, l’athlète (1m86 pour 90kg) en a fait voir de toutes les couleurs aux défenseurs tarnais.
Au four et au moulin, l’enfant de Suva a d’ailleurs terminé cette partie avec des statistiques pour le moins éloquentes : 4 franchissements et 149 mètres parcourus ballon en main. En étant même à la conclusion d’une contre-attaque toulonnaise à la 80ème minute, histoire de parachever son match - et plus largement son œuvre varoise - comme un symbole.
Et puisque son compère "fidj" de l’autre aile, Setariki Tuicuvu, était lui aussi bien inspiré, autant vous dire que les absences de Villière et de Dréan (pour raisons personnelles) n’ont finalement guère posé problème aux troupes de Pierre Mignoni, victorieuses 52 à 23 grâce à une 2ème mi-temps de feu.
37 essais en 70 titularisations
Pourtant, le facteur X (11 essais en 18 matchs encore cette saison) du RCT quittera donc la Rade cet été. Direction Lyon pour ce garçon solaire, qui désirait plus de temps de jeu. Chose que n’était pas en mesure de lui assurer le RCT, entre la concurrence et le quota de JIFF à respecter.
Il y a quelques semaines, j’ai échangé avec Pierre Mignoni. Je lui ai expliqué que Lyon souhaitait me faire venir, que j’avais envie de jouer plus régulièrement et je lui ai demandé ce qu’il en pensait. Il m’a dit qu’il comprendrait ma décision, quelle qu’elle soit. Et il a été franc, en m’expliquant qu’avec la règle des Jiff et la concurrence, je risquais de ne pas jouer davantage. (...) J’aurais aimé rester mais je suis un jeune joueur et je veux jouer le plus souvent possible au rugby. C’est toute ma vie, et j’ai considéré que quitter Toulon était la décision la plus juste à prendre, à ce moment de ma carrière, même si boucler mes valises va une nouvelle fois me briser le cœur… - Var-Matin
Reste que le RCT n’a donc pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour conserver celui qui, en 4 petites saisons, aura inscrit 37 essais avec Toulon. Certes, entre les présences de Villière et Dréan et la polyvalence de Tuicuvu et Ferté, le club au muguet aura tout de même de quoi voir venir la saison prochaine.
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Mais Jiuta Wainiqolo est le genre de joueur pour lequel on doit se battre, coûte que coûte. Car les comètes du genre, qui plus est si attachées à votre club, ne se posent généralement chez vous qu’une fois par décennie. Quand les planètes sont alignées…
