Mais alors, quelles sont les deux principales fautes d'arbitrage pointées du doigt ? La première concerne le premier essai du match, aplati par Antonie Claassen, ou plutôt l'action précédente. Une pénaltouche de Dan Carter a priori sauvée par Gio Aplon, ce qui n'empêche pas l'un des assistants de M. Cardona de lever son drapeau. Et d'accorder une touche au Racing, qui marque sur cette phase.
1. Dan Carter s'apprête à effectuer cette fameuse pénaltouche
2. Gio Aplon saute et l'assistant touche lève son drapeau, le Grenoblois étant considéré sorti hors des limites du terrain
3. Déjà à la relance, l'international sud-africain ne comprend pas cette décision
4. C'est l'heure du ralenti. Gio Aplon est placé en touche lorsqu'il prend son élan...
5. ... mais ne touche pas le sol lorsqu'il s'en empare. A noter que le ballon et le joueur ont franchi le plan vertical de la touche au moment où le ballon est capté.
6. Sur sa reprise d'appui, le pied droit d'Aplon toujours en l'air, on constate que son pied gauche ne touche pas la ligne puisque l'arrière grenoblois atterrit dans la zone terrain
7. Ici, son pied droit touche le sol et son pied gauche se retrouve en l'air. Un vrai numéro d'équilibriste qui lui permet de rester en jeu
8. Sur le temps de jeu suivant, après un ballon porté bien négocié, le Racing marque un essai
Pour savoir s’il y a touche ou non, il faut bien différencier si le joueur est en possession du ballon ou s’il ne fait que le toucher.
Le repère pour un arbitre de touche, quand un joueur ne porte pas le ballon, est qu’il y a touche si le joueur ET le ballon ont franchi le plan vertical de touche. Si Aplon avait seulement touché le ballon pour le remettre dans le champ de jeu, accorder la touche aurait été une bonne solution.
Ce cas a soulevé pas mal d’interrogations et la fédération et le club de Grenoble ont demandé l’avis de World Rugby. L'institution a tranché et a déclaré que si un joueur capte le ballon (même s’il a franchi le plan vertical) et qu’il retombe dans le champ de jeu, il n’y a pas touche.
Aplon n’était donc pas en touche.
La deuxième erreur intervient justement sur le fameux « coup de génie » de Dan Carter. Jackman précise : « Tu ne peux pas accepter l’essai de Rokocoko alors que l’arbitre avait arrêté le jeu, qu’il y a cinq kinés sur le terrain.Tu ne peux pas dire à un mec en attaque de jouer sans avoir demandé aux kinés de sortir et au capitaine de l’équipe adverse s’il a bien parlé à ses joueurs. Je regarde beaucoup le rugby, en 19 ans, je n’ai jamais vu ça ». L'action en question :
1. M. Cardona accorde une pénalité au Racing 92, dans le camp grenoblois
2. Très vite, les soigneurs - des deux camps - entrent sur la pelouse
3. M. Cardona en profite pour rappeler à l'ordre le capitaine du FCG
4. Ce dernier accourt vers ses coéquipiers, qui commencent à se replacer. Dan Carter rejoint l'arbitre
5. Le Néo-Z joue vite. Sur le plan large, on voit que les défenseurs ne sont pas replacés. Les cinq soigneurs sont toujours sur la pelouse, dont deux (avec les dossards rouges) dans la ligne de défense isèroise
6. Après un rebond favorable suite au coup de pied de DC, Rokocoko va aplatir
7. Nouvel essai du Racing. Et nouvelle polémique

On trouve la solution dans la règle 5.4.a
5.4.a L’arbitre peut autoriser la poursuite du jeu pendant qu’un joueur blessé est soigné par une personne médicalement compétente dans l’aire de jeu ou le joueur peut également se rendre sur la ligne de touche pour y être soigné.
Monsieur Cardona n’avait donc aucune obligation d’arrêter le jeu et pouvait donc autoriser Dan Carter à jouer. Il n’a jamais demandé au capitaine de rassembler ses troupes après la discussion, et il a sifflé à deux reprises pour ignifier la reprise du jeu.
Régulièrement attaqué - on se souvient de la sortie de Bernard Laporte - Laurent Cardona a reçu le soutien de son DTN, Franck Maciello, qui explique via RR :
Nous sommes conscients, au sein de la Commission Centrale des arbitres, de nos faiblesses mais aussi de nos forces. L'arbitrage représente l'éthique du sport. Dès lors que l'on s'attaque à l'éthique, on met le doigt dans un engrenage assez complexe. [...] Ce qui m'interpelle en ce moment, c'est que l'on cible Laurent Cardona. Laurent Cardona n'est pas le maillon faible du rugby français. Il a toute notre confiance et c'est un très bon arbitre. Je suis en colère car j'ai l'impression que se payer Laurent Cardona est devenu le sport national.
Début janvier, l'arbitre avait déjà été sous le feu des critiques après un match opposant le Stade Français au Stade Toulousain.
VIDÉO. Stade Français - Stade Toulousain : Retour sur les décisions arbitrales qui font débat