On continue notre série de ces joueurs passés par la Pro D2 et qui font désormais les beaux jours des clubs de Top 14. Aujourd'hui, incursion en Bretagne, où un club ne cesse de nous étonner de semaine en semaine. Vous l'aurez bien compris, il s'agit de Vannes. Promus en Pro D2 à l'issue de la saison 2015-2016, les Vannetais impressionnent, avec entre autre une demi-finale de Pro D2 disputée en 2018, et une deuxième place actuellement. Un club breton en Top 14 ? Tout sauf utopique à l'heure de l'écriture de ces lignes. Pourtant, s'il n'a pas été pillé comme certains clubs de Pro D2, le RC Vannes peut se targuer d'avoir compté dans ses rangs des joueurs évoluant désormais en Top 14, voire mieux. Alors qui sont-ils ?
1- Arthur Coville : Demi de mêlée (22 ans, Stade Français)
Lui est un des champions du monde U20 de 2018. Il en était même le capitaine. Arthur Coville, actuel demi de mêlée du Stade Français a foulé avant de se faire une place dans les travées de Jean Bouin, la pelouse de la Rabine. Né à Versailles, Coville a néanmoins été formé en terre bretonne. Dire qu'il en est fier serait un doux euphémisme. En novembre dernier, dans les colonnes du Télégramme, il clamait son amour pour la région : ''Je dois être un peu chiant parce que j'en parle pas mal'', avant de faire l'éloge d'une terre de rugby et de son stade à l'ambiance indescriptible : ''Dans les discussions je vends la région, le jeu que propose Vannes aussi, un rugby aéré, plaisant et très stratégique. Et puis l'ambiance de La Rabine... je le vois tout le monde le reconnaît en France''. Arrivé au Stade Français en 2016, Coville effectuera un retour express sur les terres qui lui sont chères à l'occasion de la saison 2016-2017. Un prêt en Pro D2 qui lui permet de s'aguerrir et connaître les joutes du rugby professionnel, lui cantonné aux catégories espoirs. S'il n'est pas considéré comme un titulaire en puissance, cette expérience alors qu'il est encore jeune, va lui permettre de réaliser une saison 2017-2018 avec le Stade Français convaincante. De retour dans son club, il s'affirme comme l'une des pierres angulaires de son équipe qui va lutter pour le maintien. Sa saison 2018-2019 est entachée par une blessure au genou et la concurrence féroce de Piet Van Zyl. Mais depuis deux saisons, le voilà bien installé au sein du club parisien, se partageant le poste avec James Hall. Prometteur, il n'a cependant connu les joies d'une sélection en Bleu, la faute à une concurrence plus que jamais féroce au poste.
2- Jules Le Bail : Demi de mêlée (28 ans, La Rochelle)
Un retour aux sources qui sonne comme une évidence pour Jules Le Bail. À l'instar de Rémi Picquette ou Pierre Popelin, tous deux formés à La Rochelle et qui rejoindront les maritimes à l'issue de leur exercice avec Vannes, le demi-de-mêlée s'est exilé en Bretagne à la recherche de temps de jeu avant de finalement revenir dans son ancien club. Natif de Nantes mais formé en Charente-Maritime, sur les bords de l'Atlantique, le numéro 9 va rallier Vannes début 2017. Un choix de carrière plutôt judicieux puisqu'il va devenir le titulaire à part entière de l'équipe. Il le clamera haut et fort. Outre la montée en Top 14 avec La Rochelle, les plays-offs disputés avec Vannes restera l'un de ses souvenirs les plus marquants de sa carrière de rugbyman. Cette saison-là, Vannes impressionne, étrille Mont-de-Marsan dans une Rabine chauffé à blanc qui a sorti ses plus belles couleurs (50-10). Une saison historique, stoppée aux portes de la finale, et une défaite à Brive. Après un exercice 20219-2020 interrompu, Le Bail rejoint La Rochelle avec le sentiment du devoir accompli. Dans les travées de Marcel-Deflandre, il doit faire face à une concurrence toujours plus dense, entre l'éclosion du jeune Thomas Berjon, mais surtout la présence de l'ancien All Blacks, Tawera Kerr-Barlow. Difficile de se frayer une place, avec ses deux maigres titularisations. Mais Jules Le Bail n'abdiquera pas pour autant et compte bien finir par s'imposer.
3- Nolann Le Garrec : Demi de mêlée (18 ans, Racing 92)
Il est présenté comme le futur prodige du rugby français. N'allons pas lui brûler les ailes, et laissons Nolann Le Garrec s'épanouir pleinement au sein de son club du Racing 92. Mais force est de constater que le gamin a du talent, en témoigne ses débuts le 10 octobre dernier au sein de l'élite du rugby français. C'était face à Toulouse et... Antoine Dupont. Mais ce serait une erreur que d'oublier que le jeune joueur est un pur produit du RC Vannes. Il débute à l'âge de huit ans au sein du club pensionnaire de Pro D2 en parallèle du handball. Il est entre autre sacré champion de France minimes avec son club. Il remporte le Tournoi des Six Nations des moins de 18 ans, alors qu'il n'en a que 16. Un phénomène de précocité. Il se voit sélectionner l'an dernier pour disputer le Tournoi des 6 Nations moins de 20 ans. Il n'avait alors que 17 ans et encore mineur, doit bénéficier d'une dérogation pour y participer. Après une formation essentiellement faîte à Vannes, le demi de mêlée s'engage cet été en faveur du Racing 92. Et ce malgré les chants des sirènes de plusieurs clubs de Top 14. Il raconte pour Le Télégramme : ''Je sais qu'il y avait La Rochelle, Clermont et quelques autres mais je ne m'étais pas focalisé dessus [...] J'avais commencé par visiter le Racing. J'avais accès à tout au même endroit, ce qui était pour moi un gage d'économie de temps et d'énergie [...] Puis c'est un club d'envergure, ambitieux avec un projet axé sur la filière jeune aussi''. Pour les débuts qu'on lui connaît. Insouciant, il fête sa première titularisation à La Rochelle le 22 novembre dernier. Désormais la suite de son histoire lui appartient.
4- Anthony Bouthier : Arrière (28 ans, Montpellier Hérault)
Son histoire a fait le tour de la planète ovale française. Vous n'avez pas pu y passer à côté. Si c'est le cas, on vous rafraîchit rapidement la mémoire. Natif des Landes, formé à Pouillon, petit village du département avec qui il devient champion de France de 3e série en réserve à 18 ans, Bouthier rejoint Dax en parallèle de son métier de maçon. En espoir, rien ne lui prédisait une telle carrière. Son métier n'est pas compatible avec les exigences du rugby professionnel. Non conservé par Dax, il rejoint Vannes en 2014, qui n'évolue alors qu'en Fédérale 1. En cinq saisons dans le Morbihan, Bouthier va devenir un élément incontournable, connaître la montée en 2016, et devenir capitaine de l'équipe. À l'issue de la magnifique saison 2018-2019, il rejoint Montpellier pour s'essayer au Top 14. Là encore, son parcours va étonner, et dépasser toutes ses attentes. Brillant dans l'Hérault, Bouthier va être convoqué pour participer au Tournoi des 6 Nations 2020. Fabien Galthié en fera même son titulaire à l'arrière. Une ogive monumentale face aux Anglais, un essai à Cardiff, Bouthier impressionne désormais en dehors des frontières françaises. Sélectionné pour participer à la fin du Tournoi et au début de l'Autumn Nations Cup 2020 en novembre dernier, il se blesse au genou avant le début de la nouvelle compétition hivernale. De retour en club depuis, Bouthier semble être à l'image de son équipe, comme liquéfié et marquant le pas. Utilisé à l'ouverture, il ne trouve pas de solutions au sein d'une équipe aux abois. Espérons pour lui que sa convocation avec les Bleus lui permette de se relancer. Car du talent lui non plus n'en manque pas.
5- Hassane Kolingar : Pilier (22 ans, Racing 92)
Non Hassane Kolingar n'a pas été formé à Vannes. Ce jeune pilier, pur produit d'Ile de France rejoint même le Racing 92 durant ses jeunes années à 16 ans précisément, après avoir commencé le rugby seulement un an plus tôt, à Soisy-sous-Montmorency. Il fait partie de cette génération 98 dorée, notamment sacrée championne du monde en 2018 lors du mondial des moins de 20 ans. Blessé à un genou durant la compétition, il regardera depuis les tribunes du Stade Raoul-Barrière de Béziers, ses copains soulever le trophée. Pas dans les plans de son club lors de la fin de saison 2019 une fois sa blessure soignée, le jeune pilier s'exile en tant que joker médical à Vannes, par le biais d'un partenariat existant entre le club francilien et breton. Une expérience fructueuse même si Kolingar ne va porter le maillot bleu marine qu'à quatre reprises. De retour au Racing, il commencera à enchaîner les feuilles de match. À tel point qu'il est aujourd'hui devenu bien plus qu'un simple remplaçant au sein du club francilien. Ses bonnes performances lui ont permis de vêtir le maillot Bleu, et participer aux dernières journées d'Autumn Nations Cup à la suite de l'accord entre la FFR et la LNR.