Le week-end dernier nous a permis de nous rendre compte que les clubs français fonctionnaient bien en ce moment. Ces derniers, portés par leurs internationaux, surfent sur la dynamique du XV de France et ont - dans l’ensemble - parfaitement entamé leur campagne européenne avec 6 victoires sur 7 pour eux au total. « Un sprint sec » dixit Ugo Mola que des clubs comme Clermont, Bordeaux ou Toulouse ont démarré tambour battant en l'emportant tous trois à l’extérieur. Toulouse justement, a fait forte impression en allant s’imposer à Belfast, dans l’antre de l’Ulster 22 à 29. Gagner au Kingspan Stadium, dans les contrées humides et battues par les vents de l’Irlande du Nord, n’est pas donné à tout le monde. Mais malgré l’adversité, les Stadistes de Dupont et Kolbe ont su inscrire 4 essais et empocher un bonus offensif ô combien important pour la suite de la compétition.
D’autant que les adversaires toulousains de cette poule B ont le mérite d’être pour le moins épicés. Après l’Ulster, premier de sa conférence en Ligue Celte, ce devait être au tour d’Exeter de s’avancer face aux troupes de Julien Marchand. Alors que la rencontre vient d'être annulée pour cas de Covid dans les rangs anglais, les Toulousains peuvent souffler tant les noirs et blancs auraient été encore une autre paire de manches que les garçons de l'Eire. Mais ce papier prévaut pour l'affrontement retour en janvier, qui devrait lui bien avoir lieu. Champions d’Europe en titre après leur victoire face au Racing en octobre dernier (35 à 29), les hommes du Devon avaient fait le doublé la saison passée en glanant également le Premiership au détriment des Wasps en finale. Cette saison, les voilà déjà repartis au moins aussi vite en remportant leurs 3 premiers matchs de championnat avec le bonus offensif, inscrivant au passage 108 points pour seulement 19 encaissés. Sam Simmonds lui aussi en plantant 7 essais en 4 matches toutes compétitions confondues. Et leurs débuts dans cette nouvelle saison de coupe d’Europe ? Oh, trois fois rien, simplement un 42 à 0 infligé à Glasgow et sa grosse dizaine d’internationaux écossais le week-end dernier.
Ce qui m’impressionne, c’est qu’ils ont des joueurs de talent et une vitesse d’exécution, de déplacement assez hors norme, avouait le directeur du rugby francilien Laurent Travers pour Rugbyrama il y a deux mois. C’est une équipe qui marque quatre essais en moyenne par match. Elle met en difficulté toutes les défenses adverses. (…) Ils sont là pour épuiser l’équipe adverse en multipliant les temps de jeu, en conservant le ballon entre trois et quatre minutes de jeu. C’est très rare".
Machine à gagner
Il est vrai qu’avec son système de jeu maîtrisé à la perfection et magnifié par des individualités exceptionnelles comme Stuart Hogg, Johnny Gray, Henry Slade ou Jack Nowell, Exeter a de quoi impressionner. Si l’on ajoute une rush défense agressive au possible, une discipline à toute épreuve, la précision au pied de Joe Simmonds et la puissance de son frère Sam, meilleur joueur d’Europe la saison dernière, les Chiefs paraissent même injouables pour le commun des mortels. Pour preuve, depuis un (très) long moment maintenant, ces derniers ne perdent jamais, ou presque. Il y eut bien ces défaites face aux Saracens ou aux Wasps en Premiership aux prémices de l’automne cette année, mais c’était à chaque fois quasi-exclusivement les jeunes de l’Académie qui étaient alignés. Sinon, une erreur de parcours en février dernier face aux Harlequins (33 à 30) ou Sale en janvier (19 à 22). Mais là encore, malgré un XV de départ plus compétitif, Cowan-Dickie, Slade, Nowell ou Hogg n’étaient pas là.
Au vrai, pour trouver trace d’une défaite des Chiefs avec une équipe qui se rapprochait de celle qu’affronteront les Toulousains dimanche, il faut remonter à novembre 2019 et un faux pas face aux Bears de Bristol (17 à 20). Soit plus d’un an ! C’est vous dire le défi qui attend les Hauts-Garonnais ce week-end, déjà battus par l’ogre du Devon en demi-finale de coupe d’Europe fin septembre 28 à 18.
Ugo Mola, qui a « confiance et foi en son groupe », déclarait dernièrement en conférence de presse qu’il faudrait « probablement 15 points pour ne compter que sur soi, et 15 points, c'est beaucoup », pour se qualifier en quart de finale de cette nouvelle formule. Et si la tâche sera très ardue dans ce groupe de la mort, les champions de France 2019 pourront se remémorer cette statistique pour se rassurer : les hommes de Rob Baxter restent sur une série d’invincibilité de 10 matchs en Champions Cup. Un record qu’ils détiennent pour l’heure avec le Leinster d’il y a deux ans, tombé 28 à 27 un après-midi d’octobre 2018 sur la pelouse… d’Ernest-Wallon.
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