Tout le monde s'accorde pour dire que le XV de France ne joue pas bien dans ce Tournoi 2024. Pas besoin d'être un grand spécialiste de l'ovalie pour voir que les Bleus sont dans le dur. La différence entre le jeu pratiqué lors du premier mandat et celui de ce début d'année est saisissant. Une différence telle qu'elle pousse au questionnement et à l'inquiétude chez les supporters et les spécialistes.
Si les raisons de cette méforme que l'on espère passagère sont sans doute nombreuses, on jurerait que les solutions ne pourraient pas remplir un carnet de notes. Après trois matchs, soldés par un revers, une victoire et un nul, le groupe France en a déjà identifié certaines. Il y a chez les Bleus une impatience et une urgence sur le pré qui ne servent pas leurs intérêts.
RUGBY. Déroute, victoire étriquée et tension : La France au bord de l'effondrement dans le 6 Nations ?Le match contre l'Italie à Lille en a été la parfaite illustration. Avec une domination stérile dans les 22 mètres adverses qu'on ne connaissait à cette génération. "Sur les zones de marque,on a mis les choses à l'envers et ça a donné ce déchet, ce gâchis", analyse Patrick Arlettaz. Via L'Equipe, l'entraîneur de l'attaque tricolore met ces ratés sur le manque de confiance. "Quand vous manquez de confiance, vous avez envie de très vite marquer, pour vous mettre à l'abri et vous libérer."
Mais à trop vouloir bien faire et surtout trop rapidement, les Français en ont oublié comment bien faire les choses. L'ancien entraîneur de l'USAP de rappeler que le projet de jeu n'a pas changé. Néanmoins, les Bleus ne parviennent pas à l'appliquer aussi bien que par le passé. "Il manque devant ce dynamisme, cet enthousiasme pour être bien et vite placé et faire vivre notre animation." Les retards sur les replacements et les soutiens ont particulièrement été criants face à l'Italie.
RUGBY. 6 Nations. ‘‘Une défaite, c'est une crise’’, le XV de France au bord de la dégringoladeCe manque de vitesse peut s'expliquer par une fraicheur physique qui vient à manquer aux Français après une saison à rallonge qui a commencé l'été dernier. "Il faut une certaine fraîcheur pour enchaîner les tâches autrès haut niveau et elle manque, c'est une réalité". Mais Arlettaz estime que le mental joue aussi sur la forme des joueurs. Quand la tête va bien, le corps est capable de se dépasser. "Cette équipe n'est pas malade mais on sent que le doute est notre plus gros ennemi."
C'est sans doute la déclaration la plus juste que l'on ait entendue depuis des semaines concernant l'équipe de France. Il est vrai que ce groupe s'était construit une mentalité à toutes épreuves. En allant notamment décrocher des victoires à l'arrachée contre les meilleures nations ou en infligeant des défaites historiques à des adversaires de renom. Rien ne semblait pour voir la faire vaciller. Puis, il y a eu ce revers à la Coupe du monde en quart de finale. Et ce sentiment de presque invincibilité s'est cassé.
Plusieurs mois après le Mondial, il semblerait que la blessure n'ait pas encore cicatrisé. Et cela demande du temps et du travail. "On a notre rôle à jouer, chacun, dans la construction d'une bonne dynamique et je me projette dans le travail pour la construire." Le staff prend sa part de responsabilités dans la méforme tricolore du moment. Et il se doit de trouver les bons leviers pour que les joueurs ne soient plus hésitants sur le pré. Mental, physique, tactique, voici le triple défi de l'équipe de France.
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Mais il faut rappeler que c'est une situation nouvelle pour les entraineurs comme pour le staff actuel. Un contexte qui pourrait être bénéfique pour le XV de France à long terme. "Peut-être qu'il faut d'ailleurs que toute l'équipe en passe par là, pour devenir plus forte." Mais avant de penser à 2027, il va falloir terminer le Tournoi sur une bonne note. Les Bleus ne retrouveront sans doute pas la fraîcheur qui leur manque. Ils peuvent cependant regagner de la confiance en se montrant plus appliqués et déterminés. En l'état actuel des choses, d'aucuns seraient plus à même d'accepter une défaite encourageante, où les Bleus ont montré de l'envie et des intentions, qu'une victoire affligeante.