Thomas Ramos s’élance et frappe un cuir. Ce dernier parcourt l’air bouillant de la banlieue lyonnaise et vient se loger entre les perches. Résultat des courses, la France remporte le Crunch (33-31) et termine deuxième du Tournoi des 6 Nations 2024. Oui, mais voilà, l’emplacement de ce ballon à ce moment-là, sur son tee, n’a pas convenu à tout le monde.
En cause, plusieurs personnalités du monde anglo-saxon ont dénoncé une pénalité sévère. Parmi eux, on compte le consultant de la télévision britannique Ugo Monye. Selon lui, Angus Gardner aurait crucifié des Anglais prêts à arracher une victoire dans la capitale des Gaules.
En début de semaine, l’ancien arbitre international Wayne Barnes est venu analyser la décision de son homologue. Durant une tribune signée dans le journal The Telegraph, l’officiel de la dernière finale de Coupe du monde a confirmé que cette pénalité pour la France n’avait rien d’une injustice.
Dans sa déclaration, l’Anglais explique que les observateurs expliquant que ce plaquage sans les bras n’est pas une première, mais est sifflé contrairement à d’autres, font un amalgame avec le règlement. En effet, Wayne Barnes affirme que “le règlement n’évoque pas directement la notion de plaquages sans les bras, mais explique qu'un joueur ne doit pas renverser un adversaire porteur du ballon sans essayer de le saisir.”
Ainsi, selon l’ancien arbitre international, la position des bras lors d’un plaquage doit être appréhendée en fonction de si le plaqueur essaye de saisir ou non le porteur de balle. En confirmant des propos prononcés par d’autres observateurs auparavant, il décrit “une situation vraiment délicate.”
Cependant, Wayne Barnes explique que cette attitude anglaise n’était pas une première durant la rencontre. Il donne un exemple d’une action similaire ayant eu lieu durant le Crunch :
À la 34ᵉ minute du même match, Ellis Genge a tenté d'arrêter Uini Atonio alors qu'il portait le ballon dans ses 22 mètres. Angus Gardner a accordé une pénalité. À ce moment-là, tout le monde a constaté que, lorsque Genge a plaqué le géant français avec son épaule droite, son bras droit était près de son corps. Il n'a manifestement pas essayé de saisir le pilier français.”
En complément, il avoue que “le plaquage de Ben Earl était moins évident” à juger, mais ne contredit pas la décision de son homologue. Voir un Anglais venir à la rescousse de Français face à ses compatriotes, en voilà une attitude très ©ValeursDuRugby.
RUGBY. ''Ramos est le 10 le plus similaire à Wilkinson'' chez les Bleus pour ce journaliste étranger


L'arbitrage au rugby tient de l'école Oxbridge, c'est-à-dire que la validité d'une conclusion vient de la légalité de son établissement.
De fait, une même situation peut donner lieu à de multiples conclusions, valides les unes comme les autres.
Sans donner une unicité de réponse, on n'aboutit à rien.
Une scène dans le film Ridicule peut résumer l'arbitrage au rugby, l'abbé de Villecourt (interprété par Bernard Giraudeau) obtient sa chance pour montrer sa vivacité d'esprit à la cour, s'en suit une scène de cabotinage où il transporte l'audience captivée. Puis il commet le péché d'orgueil en admettant qu'il aurait établi la conclusion opposée avec la même certitude.
C'est ça, l'arbitrage rugby, on arrive à une conclusion et on pourrait en arriver à son opposé à la fin.
Cette action aurait pu ne pas être sifflée, le même arbitre aurait aussi pu valider la décision.
Au rugby, un arbitre commet rarement des erreurs car les réponses ne sont pas uniques.
Au moment d'apprécier une décision arbitrale, toujours penser à voir si légalement on pouvait amener la conclusion opposée.
C'est en faisant cet exercice qu'on prend la mesure de la défaveur subie par le XV de France lors du quart, un paquet de décisions pouvait se prendre dans un sens comme dans un autre. La pièce de l'arbitrage est tournée bien souvent face AdS.
Des décisions auraient pu être prises au passage sans qu'on puisse y voir un système de faveurs en action. Un carton rouge sur le coup de tête aurait été une application du réglement.