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RUGBY. Avec Dupont, les 10 du XV de France constatent cette réalité inéluctable

Depuis qu’Antoine Dupont s’est imposé comme la clé de voûte du jeu du XV de France, les numéros 10 français sont dans l’ombre. Mais était-ce mieux avant ?

Erwan Harzic 07/02/2025 à 10h40
Depuis qu’Antoine Dupont s’est imposé comme la clé de voûte du jeu offensif du XV de France, les numéros 10 français restent dans l’ombre.
Depuis qu’Antoine Dupont s’est imposé comme la clé de voûte du jeu offensif du XV de France, les numéros 10 français restent dans l’ombre.

Au rugby, la France est un pays d’avants. Cette affirmation ne surprend pas grand monde, dans l’Hexagone le pack a souvent été roi, même si les trois quarts brillent par leur “French Flair”. Au sein du XV de France, le huit de devant et en particulier son général, le demi de mêlée, ont donc un rôle majeur, reléguant le numéro 10. Malgré l’évolution du rugby moderne, la génération d’Antoine Dupont ne fait pas exception.

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Antoine Dupont, moteur du XV de France

En ce sens, l’attitude du numéro 9 du Stade Toulousain favorise le jeu ballon en main. Par le passé, ces différents partenaires de la charnière l’ont remarqué et se sont adaptés. Conjointement, ils s’expriment dans une analyse publiée par L’Équipe, ce mercredi 5 février. Au global, une observation surpasse les autres : jouer avec Antoine Dupont est un plaisir, mais demande des concessions.

Ainsi, Anthony Belleau, Camille Lopez et évidemment Romain Ntamack expliquent que se montrer aux côtés d’Antoine Dupont demande de respecter ses moments de folie inattendus.C'était un super moteur de jeu. Il fallait toujours s'attendre à ce qu'il se passe quelque chose. Mais d'un autre côté, on savait aussi que s'il fallait appliquer un plan de jeu, il le faisait parfaitement”, a indiqué Anthony Belleau. En parallèle, son coéquipier du Stade toulousain l’exprime sans détours :

Il touche beaucoup de ballons, car à Toulouse ou avec le XV de France, on utilise souvent nos avants. Je reste au service de l'équipe et de la stratégie mise en place. Je suis peut-être l'ouvreur qui touche le moins de ballons sur le circuit mondial, mais ça ne m'empêche pas de m'épanouir et d'utiliser mes qualités. Je suis dans la gestion du jeu plus que dans des inspirations offensives comme peuvent en avoir d'autres ouvreurs. Le peu de ballons que j'ai, je dois les traiter à la perfection. Il faut prendre la bonne décision à chaque fois.”

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Cependant, s’il est difficile de jouer aux côtés d’Antoine Dupont, il semble tout aussi complexe de se plaindre d’évoluer à ses côtés. Pour cause, l’autre côté de la pièce est particulièrement enivrant.Il créait déjà beaucoup de choses autour des rucks notamment grâce à ses qualités physiques et individuelles. Il n'a pas changé, il jouait ce rugby. Quand tu joues à ses côtés, tu as plus d'espaces pour te régaler. C'est facile de jouer avec Antoine”, confie l’ouvreur bayonnais Camille Lopez qui a disputé la Coupe du monde 2019 en partageant la charnière avec l’originaire de Magnoac.

Terre d’avants, pas de 10

Jouer avec Antoine Dupont n’a donc rien du sacrifice, tout du moins selon la majorité des ouvreurs ayant évolué à ses côtés. Néanmoins, cela demande une adaptation certaine. C’est une observation à laquelle Fabien Galthié et son staff ne sont sûrement pas étrangers. En France, le demi d’ouverture touche très peu le ballon. Preuve en est, malgré le score fleuve du récent France - pays de Galles, Romain Ntamack est l’ouvreur titulaire ayant touché le moins de ballons (23) sur la première semaine du Tournoi des 6 Nations.

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Depuis des décennies, le rugby français a donc fait en sorte de propulser ses meilleurs talents de la charnière vers le poste de demi de mêlée. À titre d’exemple, Antoine Dupont est passé du 10 au 9 durant sa formation. Ainsi, les Matthieu Jalibert, Romain Ntamack ou autres peinent logiquement à déployer leur palette. Surtout quand cette dernière demande de recevoir souvent le cuir.

Durant les années, le vivier de demi de mêlée n’a cessé d’être prestigieux en France. Ce n’est que très récemment, depuis 2018, qu’une vague d'ouvreurs de grande classe a su s’imposer. De plus, ce problème n’est pas typiquement français. Autre pays d’avants, l’Afrique du Sud a tout autant de difficulté à trouver un 10 peu gourmand en ballons et capable de trouver les bons coups sur les quelques occasions qui lui sont offertes. Alors, le rugby tricolore continuera-t-il sur cette voie-là ? Ou cherchera-t-il à s'adapter à ses ressources nouvelles ? Seul l'avenir nous le dira.

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Aristaxe
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Décompte des minutes jouées cette saison par les protagonistes d'Angleterre - France : Gros : 370 / Genge : 897 Mauvaka : 669 / Cowan-Dickie : 951 Atonio : 704 / Stuart : 814 Roumat : 999 / Itoje : 1 214 Meafou : 929 / Martin : 859 Cros : 908 / T.Curry : 797 Boudehent : 1 066 / Earl : 1 137 Alldritt : 1 145 / Willis : 1 091 Dupont : 750 / Mitchell : 549 Jalibert : 871 / F.Smith : 887 Bielle-Biarrey : 1 236 / Sleightholme : 784 Moefana : 1 103 / Slade : 904 Barassi : 897 / Lawrence : 1 270 Penaud : 938 / Freeman : 1 308 Ramos : 1 318 / Smith : 1 268 Total XV de départ : France : 13 903 / Angleterre : 14 730 Marchand : 715 / George : 765 Baille : 130 / Baxter : 847 Colombe : 475 / Heyes : 837 Auradou : 789 / Chessum : 386 Guillard : 638 / Cunningham-South : 791 Jegou : 652 / B.Curry : 880 Le Garrec : 1 100 / Randall : 824 Gailleton : 925 / Daly : 880 Total banc : France : 5 424 / Angleterre : 6 210 Total des 23 : France : 19 327/ Angleterre : 20 940
pascalbulroland
pascalbulroland
Il est bon de rappeler aussi que en France, c'est le 9 le directeur du jeu alors que pour toutes les autres nations, c'est le 10...ceci expliquant peut-être cela.
lebonbernieCGunther
lebonbernieCGunther
Personnellement, je trouve que Toto est surutilisé. On est en train de devenir trop dépendants de lui, et s'il se pète (croisons les doigts) ou tombe sur une 3ème ligne qui parvient à le museler, j'ai pas vraiment vu de plan B. Et cette surutilisation va être de plus en plus grande avec les nouvelles règles qui protègent davantage le 9 et lui ouvrent encore plus de portes (merci les copains pour les explications détaillées dans la semaine). Alors, ça marche très bien, il enchaine les belles valises et porte le groupe, mais quand je lis dans l'Equipe que nos ouvreurs touchent moins de 15% de ballons offensifs derrière lui, ça me laisse dubitatif... Ce chiffre et cette situation expliquent aussi la gestion du "cas" Jalibert, joueur qui a faim de ballons. Ca apporte peu de variété dans notre jeu offensif, également, et réduit drastiquement notre palette créative. Dommage...
HookAHooker
HookAHooker
n peut pas avoir un 9 et un 10 qui attaque la ligne… euh ah mince Dupont / jalibert. Oui c’est pour ça je pense que cette charnière ne fonctionne pas. Jalibert joue une partition qui n’est pas la sienne. C’est une affaire de complémentarité pas qu’un fasse de l’ombre à l’autre ça c’est la starification et l’individualisation d’un jeu collectif qui le veut.
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