Dans un peu plus de 24 heures, Toulon et Lyon croiseront le fer au Vélodrome afin de décrocher la première Challenge Cup de leur histoire. Pour le RCT, il sera question d'obtenir un quatrième sacre européen, après les 3 Champions Cup glanées durant la période Boudjellal, de 2013 à 2015. En revanche, le LOU connaîtra sa première finale continentale et aura, bien évidemment à cœur, de conquérir le Graal. Une affiche alléchante donc, et l'occasion de voir de sacrés duels aux quatre coins du terrain. On vous parlait, il y a peu, de celui opposant les colosses secondes lignes Joel Kpoku à Eben Etzebeth. On pourrait également énumérer le Tuisova-Villière, ou Cretin-Ollivon. Mais le plus savoureux, ou du moins le plus décisif, reste celui des deux demi d'ouvertures. Louis Carbonel (23 ans) d'un côté, Léo Berdeu (23 ans, il soufflera sa 24e bougie en juin prochain) de l'autre. Tous deux dans les petits papiers de Fabien Galthié pour participer à la prochaine tournée au Japon, ce choc pourrait permettre à l'un d'entre eux de se dégager en vue des prochaines échéances.
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Champions ensembles à Toulon
Qui aurait pu imaginer un tel scénario en 2016, lorsque Louis Carbonel et Léo Berdeu, évoluaient tous les deux sous le maillot toulonnais ? Car si on peut avoir tendance à l'oublier, les deux furent formés sur les bords de la Rade. À l'époque, ils remportaient ensemble, avec la tunique rouge et noir, le titre de Champion de France Crabos en venant à bout de l'Union Bordeaux-Bègles, au terme d'un match plein de maîtrise (31-14). Une histoire peu banale puisqu'en plus de d'être ''concurrents'' en équipe de France, les deux joueurs se retrouveront l'un face à l'autre ce vendredi soir. Car depuis, les chemins se sont séparés. Si ''Carbo'' a fait l'ensemble de ses classes dans le Var, Berdeu lui, a roulé sa bosse dans l'Hexagone en s'exilant dans un premier temps à Lyon, avant d'être prêté à Agen durant deux saisons. Prometteur, il a depuis pleinement éclos au LOU. Si Carbonel semblait avoir un temps d'avance sur le longiligne demi d'ouverture lyonnais (1m95-99kg), la tendance s'est ensuite inversée au cours des dernières semaines. Champion du monde à deux reprises à l'inverse d'un Léo Berdeu qui ne compte que quelques rares apparitions en équipe de France U19, Carbonel était forcément promis à un avenir radieux. Mais sa saison 2021/2022 a longtemps ressemblé à un long chemin de croix.
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Alors que certains l'annonçaient en conflit avec Patrice Collazo, le manager toulonnais de l'époque, Carbonel a vécu un début de saison galère. Peu convaincant lors de la tournée en Australie, l'enfant de la Rade a ensuite perdu sa place dans le XV titulaire toulonnais au profit d'Anthony Belleau. Pour ne rien arranger, la situation désastreuse de son équipe a clairement plongé le numéro 10 de 23 ans dans une terrible crise de confiance. À l'inverse, Berdeu, de 1 an son aîné, s'est lui totalement épanoui sur les bords du Rhône. Jugez plutôt par vous-même. Cette saison, le natif de Cannes a disputé 32 rencontres dont 23 comme titulaires. Juste fou. Il a surtout éclipsé la venue du champion du monde néo-zélandais, Lima Sopoaga, il est vrai, peu inspiré depuis son arrivée dans la ville des lumières. Berdeu a notamment inscrit 306 points toutes compétitions confondues sous la tunique du LOU et truste les classements des différentes compétitions auxquelles il participe. Tenez, il est par exemple le meilleur réalisateur de la Challenge Cup avec 61 unités. En Top 14 aussi, il se place en première position de ce classement avec 245 points marqués.
Si bien que lors du dernier Tournoi des 6 Nations, Fabien Galthié n'a pas hésité à convoquer Léo Berdeu et laisser, Louis Carbonel sur la touche. Le premier, fort d'une saison pleine, était donc logiquement passé devant le second. Oui mais, depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et vous le savez mieux que quiconque, en rugby tout peut aller très vite. Depuis l'éviction de Collazo et l'arrivée de Franck Azéma, Carbonel, revigoré, a retrouvé le niveau qui était le sien il y a quelques années. Ce dernier a débuté 10 des 11 dernières rencontres (bientôt 11/12) et tout de même joué 27 rencontres durant cet exercice. Outre les chiffres, ce sont surtout ses performances qui sont remarquables. De nouveau impérial face aux perches, inspiré offensivement et un danger permanent pour les défenses, il est, à l'image de son équipe, transcendé. Et le désarroi du peuple toulonnais à l'annonce de son départ pour Montpellier, démontre bien l'importance qu'a pris Carbonel sur la Rade.
Une place au Japon en jeu
De quoi nous offrir donc un passionnant duel entre deux jeunes ouvreurs prometteurs et surtout, chacun en forme étincelante pour l'épilogue de cette saison. Tous deux sûrs dans leurs coups de pieds, et offensifs dans leur jeu, ils essaieront de décrocher leur premier titre européen. Mais les deux hommes joueront peut-être également bien plus qu'un trophée européen. En effet, Romain Ntamack et Matthieu Jalibert pourraient manquer la tournée au Japon, si leurs clubs respectifs accèdent à la finale de Top 14. Vous me direz qu'il en est de même pour nos deux protagonistes. Soit. Mais Lyon ou le RCT ne sont pas encore sûres de se qualifier pour les phases finales (à l'inverse de l'UBB déjà qualifiée, alors que Toulouse reçoit la lanterne rouge, Biarritz). De ce fait, les deux ouvreurs pourraient, en plus d'Antoine Hastoy, se retrouvaient en concurrence pour porter le numéro 10 au pays du soleil levant. Mais tout cela est une autre histoire. Carbonel et Berdeu n'ont actuellement qu'une seule idée en tête. Ramener un titre continental à leur club.
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