L’heure de vérité à bientôt sonné. Ce week-end a lieu les demi-finales de Champions Cup. On aura le droit à un duel franco-français d’un côté avec le choc entre le Racing 92 et le Stade Rochelais sur la pelouse du stade Bollaert-Delelis de Lens. De l’autre côté, le champion en titre, vainqueur aux tirs au but la semaine dernière face au Munster, le Stade Toulousain, retrouvera une province irlandaise, le Leinster pour se disputer une place en finale. Un dernier carré donc largement dominé par les équipes françaises qui sont au nombre de 3. Mais les grands absents de ce rendez-vous sont bel et bien les Anglais. Avec pourtant 2 équipes présentes lors des quarts de finale, aucune n’a réussi à se hisser en demie. C’est la deuxième saison consécutive qu’aucun club de l’outre-Manche ne parvient à se qualifier pour le carré final. La dernière fois que l’on a vu une équipe anglaise en demie, c’était lors de l’exercice 2019-2020 avec la présence des Saracens et d’Exeter. Les coéquipiers de Stuart Hogg avaient néanmoins tout raflé sur leur passage et décroché ce tant convoité titre européen. Mais, comment peut-on expliquer une telle régression du rugby anglais sur la scène européenne ces dernières années ?
L’absence des Saracens dans la grande coupe d’Europe depuis deux ans y joue surement pour beaucoup. Après un non-respect du salary-cap lors de la saison 2019-2020, le club londonien avait été condamné à 6 millions d’euros d’amende et d’une relégation en RFU Championship, deuxième division anglaise, dès la saison suivante. Si le club londonien est remonté en Premiership à l’intersaison dernière, il doit d'abord disputer la Challenge Cup cette saison. Ils retrouveront d’ailleurs le RC samedi, pour accéder à la finale de la petite coupe d’Europe. Les Saracens, en grande coupe d’Europe, ce n’est pas moins de 7 demi-finales sur les 10 dernières années, 4 finales jouées pour 3 titres remportés en 2016, 2017 et 2019. Autant dire que le club anglais a souvent régné sur la scène européenne. Seuls les clubs de l’outre-Manche de Leicester, en 2016 et Exeter en 2019, avaient réussi l’exploit de se qualifier dans le carré final.
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Des clubs à l’image de la sélection
À l’image de son tournoi 2021, l’Angleterre est une nouvelle fois passée à côté de la compétition en 2022. En plein renouvellement d’effectif, la sélection anglaise peine à confirmer depuis quelque temps. Auteur d'uniquement 2 victoires sur les 5 matchs de leurs deux derniers tournois, les XV de la Rose avait même terminé à la 5e place lors de l’édition 2021, juste devant les Italiens.
L’Angleterre, en pleine reconstruction, tente de faire éclore les pépites de la nouvelle génération anglaise sur la scène européenne. Des nouvelles têtes parfaitement incarnées par les jeunes talents Marcus Smith ou bien Freddie Stewart. Des jeunes joueurs, qui, malgré leur talent, manque encore cruellement d’expérience sur la scène internationale. Ce sont ces mêmes joueurs de la nouvelle génération anglaise que l’on retrouve dans la plupart des clubs outre-Manche qui disputent la Champions Cup. Marcus Smith, encore une fois, est l’exemple parfait. Le jeune ouvreur, lors des 8es face à Montpellier, avait alterné entre coup de génie et grosse boulette. Le jeune ouvreur avait même manqué la balle de la qualification en passant complétement à côté la transformation du dernier essai de Quins dans les toutes dernières minutes du match.
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Des diamants bruts que les clubs anglais doivent encore polir pour que ces jeunes joueurs rivalisent avec les plus grands sur la scène européenne. Même si cela sera surement dur à dire pour eux, l’exemple parfait est la France. Sur plusieurs années, Fabien Galthié a construit un réel projet avec une nouvelle génération de joueurs, jusqu’à remporter le Grand Chelem cette année. En parallèle, les clubs français dominent largement la scène européenne, puisque c’est la deuxième année consécutive qu’il y a 3 clubs français en demi-finale de Champions Cup.
La fuite des cerveaux anglais
Mais depuis quelques années, en plus du changement de génération, le rugby anglais perd ses plus grands techniciens. À l’image de Stuart Lancaster, ancien sélectionneur du XV de la rose lors de la coupe du monde 2015, beaucoup de « cerveaux » anglais louent maintenant leurs services à des équipes d’une autre nation. Stuart Lancaster, lui, après sa coupe du monde complétement ratée à domicile en 2015, a pris la direction du Leinster où il officie comme adjoint depuis 2016. Son adjoint lors de la compétition en 2015, Andy Farrell, père d’Owen, est également parti du côté de l’Irlande pour continuer à entrainer. D’abord adjoint, il officie à présent depuis 2020 à la tête du XV du trèfle. Un autre membre du staff de 2015 à quitter le pays pour continuer de transmettre sa science. Mike Catt, ancien centre du XV de la rose, est lui partit du côté de la sélection italienne pendant 3 ans comme adjoint avant de rejoindre son ancien ami Andy Farrell dans le staff irlandais.
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L’exemple peut-être le plus parlant reste encore le cas Shawn Edwards. Joueur à XIII du côté de l’Angleterre, le technicien anglais avait commencé sa carrière d’entraineur de la défense en Angleterre chez les Wasps avant de quitter son pays natal pour le Pays de Galles. Après 11 ans dans le staff du XV du poireau, l’ancien treiziste avait débarqué, dans les bagages de Fabien Galthié du côté de Marcoussis. Une arrivée plus que bénéfique pour les Français qui avait surpris le monde du rugby durant le tournoi des 6 Nations avec une défense ultra hermétique. Un éventuel titre européen des Sarries cette année pourra-t-il remettre l'Angleterre sur les bons rails avant la Coupe du monde ?


Ne jamais enterrer les anglais, on l'a trop fait par le passé...sans réussite, par contre, on peut les chambrer, ça fait toujours plaisir 😄