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RUGBY. Colomiers, Villière, l’équipe de France… Voici l’interview d’Alexis Palisson !

Aujourd’hui en Pro D2, le joueur de 34 ans est revenu sur son actualité et sa carrière. Il a également livré son analyse des ailiers du XV de France.

Erwan Harzic 13/03/2022 à 17h00
Image collector d'Alexis Palisson, l'arrière polyvalent était alors appelé pour jouer ses premières minutes dans le Tournoi des VI Nations !
Image collector d'Alexis Palisson, l'arrière polyvalent était alors appelé pour jouer ses premières minutes dans le Tournoi des VI Nations !

Quand l’actuel ailier de Colomiers a connu le Stade de France, c’était pendant les grandes heures. Celles des titres, des félicitations et des légendes qui ont bercé le début de sa carrière. À 20 ans, il connaît sa première sélection tricolore. Durant 3 ans, il sera l’un des habitués de cette dernière. Vice-champion du monde, il connaît le plus haut niveau international. En 2010, il fait partie de la dernière équipe de France en date à remporter le Tournoi des VI Nations et le Grand Chelem. Appelé à 21 occasions sous le maillot bleu, il suit encore aujourd’hui avec beaucoup d’intérêts les performances de ses successeurs. Pour nous, il s’est exprimé sur les performances actuelles des Bleus. Plus en profondeur, il a évoqué son actualité et étayé certains points de sa vie rugbystique, le tout toujours saupoudré d’un peu de XV de France !

Bonjour Alexis, la victoire du 10 mars de Colomiers face à Grenoble est importante dans la course aux phases finales de Pro D2. Tu peux nous en parler ?

Elle est très importante oui. Pour espérer être dans les 6 premiers en fin de saison, on doit gagner au moins tous nos matchs à la maison. Voir peut-être même plus.

La fin du match a été sous tension. Quelle a été la réaction au coup de sifflet final ?

Dans un premier temps, on a ressenti du soulagement. Après, la fin de match est étrange. Ça nous arrive parfois d’avoir ce manque de maîtrise sur les fins de matchs. Grenoble revient à cinq points grâce à une pénalité, ça nous met mal. La fin a vraiment été sous pression.

Ce jeudi 10 mars, c’était un match d’avant. Tu peux nous parler du sprint du talonneur Youssef qui file à l’essai comme un trois-quart ?

(Rires) Bah je crois qu’on a tous été surpris. Je venais de sortir et ça s’est passé devant nous. On sait qu’il est explosif, mais de là à percer la défense, à faire un cadrage débordement sur le dernier défenseur et à aller aplatir en coin ! C’est magique, quelle accélération ! On aurait dit un trois-quart, un ailier même.

À Colomiers, tu joues avec Mathis Galthié, le fils de Fabien Galthié. Qu’est-ce que tu peux nous dire sur ce joueur ?

Le petit Mathis, il est hyper dynamique. C’est un jeune qui a envie. Quand il rentre, il apporte souvent de la fraîcheur et il dynamise notre jeu. Face à Grenoble, il n’a pas joué, car il a eu un peu de fièvre. Au dernier moment du coup, ils ne l’ont pas mis sur la feuille de match. À la réception de Béziers, il a fait une super entrée en jeu. C’est un bon petit jeune, il fait beaucoup de bien à l’équipe.

Le match contre Carcassonne pourrait être déterminant, comment est-ce que le groupe l’aborde ?

Pour l’instant, on essaye surtout de bien se reposer pendant nos vacances, car on a eu des matchs très intenses. On reste dans nos objectifs, le but, c'est de gagner avant tout les matchs à la maison. Après Carcassonne, c’est une très belle équipe. Ils sont dans une bonne dynamique en deuxième partie de saison et ils étaient venus gagner chez nous à l’aller.

Justement, tu parles des objectifs du club, le but c’est d’être dans les 6 premiers ou vous essayer de viser plus loin/haut ?

Pour l’instant, ce n’est que le Top 6. Les trois premiers sont inatteignables au classement. Si on arrive à être à l’aise, on ira chercher un barrage à domicile. On se focalise juste sur la qualification, la bataille est très rude.VIDEO. Pro D2. Une fin de match rocambolesque sourit à Colomiers face à BayonneVIDEO. Pro D2. Une fin de match rocambolesque sourit à Colomiers face à Bayonne

Tu as rempilé pour une saison de plus, quel est ton sentiment à propos de ça ?

Je suis très heureux, je me sens bien ici. Après, on ne va pas se le cacher, je suis plus sur la fin qu’autre chose. Les coachs et les préparateurs physiques m’ont beaucoup aidé pour gérer les petits pépins que j’ai pu avoir sur ma carrière. Tant que je sens que je peux apporter, je suis heureux de rester à Colomiers. Je suis en forme et je n’ai pas l’impression d’être un boulet, donc ça me fait vraiment plaisir d’avoir prolongé.

Tu prépares ta reconversion post-rugby ? Si oui, dans quoi ?

Je prépare sans préparer, on peut dire ça comme ça. J’y pense de plus en plus. Je vais commencer à faire des études dès la saison prochaine, afin d'avoir des diplômes et de pouvoir enchaîner. Pour ces dernières, j’ai plusieurs idées, mais je ne me suis encore arrêté sur rien. Je pense faire du management pour avoir une formation un peu générale. Après, j’aime beaucoup le bâtiment, donc à voir. Peut-être que je me dirigerais par là. 

Et sur la partie de ta carrière qui est derrière toi, quel regard tu portes dessus ?

Je suis un joueur très chanceux et comblé. Quand j’étais jeune, je ne rêvais pas de l'équipe de France. Pour moi, c’était inatteignable. Je cherchais déjà à être simplement un bon joueur de rugby en club. Je voulais être quelqu’un sur qui on pouvait compter. Tout le reste, je l’ai pris comme c’est arrivé, c’est arrivé comme un cadeau pour moi. C’est allé très vite pour moi. J’aurais même aimé que ça arrive un peu plus tard afin de mieux en profiter. Quand j’arrive en équipe de France, je me donnais comme unique objectif de tout donner une fois que j’avais le maillot. C’était encore mieux qu’un rêve pour moi.

Tu as joué pour France 7 aussi il y a quelques années. Tu aurais aimé faire les JO ou ce n'était pas trop ton truc ?

Le jeu me plaît, c’est sûr ! Le gros problème du Sevens, c’est que c’est un choix de vie avant tout. Il suffit de parler aux kinés ou à l’encadrement pour le comprendre ! Pendant 6 mois de l’année, ils ne sont pas chez eux. Pour avoir fait 2-3 tournois, je ne pense pas que ce soit fait pour moi…

Pour regarder le match entre la France et l’Écosse, tu étais au bar/restaurant les 500. Tu y étais accompagné des jeunes joueurs du club toulousain du TOEC, peux-tu nous en parler ?

J’étais là sur l’invitation du créateur du restaurant. C’est quelqu’un avec qui je m’entends bien, alors quand il m’a proposé de venir voir le match avec les jeunes, j’ai dit oui. Ça me fait plaisir. Partager les émotions du match avec des enfants, ce n'est que du bonheur. C’est la passion avant tout. On le voit dans leurs yeux, cette équipe de France fait rêver les petits.

Parlons de l’EDF maintenant, quel est ton sentiment sur cette nouvelle équipe de France ?

Moi, j’adore ce qu’ils font. Ce que Fabien Galthié a fait en si peu de temps, c’est impressionnant. Il a réussi à s’adapter très rapidement aux nouvelles règles liées au jeu au pied notamment. À Colomiers, on a pu s’en rendre compte. Il était venu pour un entraînement à l’été 2020. Quand je l’ai vu en action, je me suis dit qu’il avait tout cerné. Son système de jeu basé sur la pression s’est très bien adapté à cette équipe de France.

Avec Gabin Villière et Damian Penaud, Galthié a enfin trouvé ses ailiers titulaires. Que penses-tu du profil très travailleur de Villière ?

J’adore ce petit gabarit qui court partout. Il prend des autobus et en plus il les arrête ! (Rires) C’est un profil qui me correspond donc ça me plaît. Après, il est bien meilleur que je ne l’ai jamais été. Je suis son premier supporter, c’est le genre de joueur qui fait rêver tous les petits gabarits qui sont en école de rugby. Je suis sûr qu’il en fait même rêver certains chez les grands !

C’est atypique de voir, à ce poste, un joueur venir autant se proposer au cœur du jeu pour mettre les mains dans le cambouis ?

C’est le profil moderne de l’ailier. On est plus obligé d’avoir des grands costaux à l’aile comme on a eu à un moment. Maintenant, tous les joueurs de haut niveau sont des athlètes ultra complets, peu importe leurs profils. Cette évolution, elle va avec celle du rugby moderne. Il est très dynamique, on y voit beaucoup de mouvements. Les profils de ce genre, c’est exactement ce qu’il nous faut.

De la même manière, pour Penaud, le profil ultra-athlétique et très instinctif, tu en penses quoi ?

Ce côté instinctif, justement, détonne. Comme j’ai dit, aujourd’hui tous les joueurs internationaux sont des athlètes. En équipe de France, ils sont encore jeunes et pourtant, ils n’ont que peu de déchet dans leur jeu. J’ai l’impression qu’ils ne font pas d'erreurs de jeunesse comme on pouvait le faire. On se dit rarement : “Tiens pourquoi il n'a pas fait la passe ?” ou “Pourquoi il n’est pas rentré à l’intérieur du terrain ?”. Ils sont précis dans leur jeu, c’est propre. En plus, le groupe est tellement homogène. Quand le mec sort, celui qui rentre est tout aussi bon. Même s'il y a quelques joueurs exceptionnels qui brillent. Par exemple, pour Antoine Dupont, quand Maxime Lucu rentre, il se met rapidement au diapason. L’équipe ne perd pas en niveau quand il rentre.

Tu dis qu’ils ne font pas d’erreurs, pourtant on reproche parfois les montées Kamikaze de Penaud en défense ? Tu en penses quoi toi ?

Ce genre d'événement dépend toujours de ce qu’on lui demande. Par exemple, à Colomiers, on me demande de glisser. On évite de monter à l’aile, on défend en ligne. Mais si à Penaud, on lui demande de monter, il suit juste les consignes. À ce moment-là, c’est aux deux centres d’assurer derrière lui s'il se fait battre, qu’il y a un offload ou que le ballon passe par-dessus. Après, on le critique dans les journaux, mais si l’entraîneur lui a demandé de fonctionner comme ça, je ne vois pas en quoi on peut dire qu’il se rate.

Certains observateurs disent qu’il faut obligatoirement gagner un Tournoi pour espérer gagner une Coupe du Monde. Tu en penses quoi toi ?

Je ne pense pas que ça soit indispensable. Arriver avec un statut de favori, est-ce que c’est vraiment une bonne chose ? De toute manière, j’ai l’impression que la pression leur glisse dessus. Leur dynamique est bonne, il faut la suivre.

Le rugby français, masculin et féminin, va très bien en ce moment. Quelles en sont les raisons selon toi ?

Ça fait un moment que je ne suis pas allé à Marcoussis depuis longtemps donc c’est dur à dire… Après je connais un peu William Servat. Je connais un peu Fabien Galthié aussi, même si je ne l’ai pas eu comme coach. Je pense que le staff a joué pour beaucoup dans ce renouveau. Il y a beaucoup de très bons techniciens, on pourrait parler de Karim Ghezal à la touche également. Ils ont réuni un grand nombre de compétences et ils ont réussi à les faire travailler ensemble.RUGBY. Alexis Palisson : ‘‘Cette équipe de France fait rêver les petits’’RUGBY. Alexis Palisson : ‘‘Cette équipe de France fait rêver les petits’’

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