Parmi les associations de joueurs qui n’ont pas convaincu sur les deux premiers matches de la seconde ère Galthié, la paire de centre (Danty-Fickou) interroge. Contrairement à la charnière Lucu-Jalibert, en difficulté, mais qui a peu de repères en tant que titulaire au niveau international, le duo Danty-Fickou apparaissait comme une valeur sûre. Alors, le XV de France a-t-il intérêt à se renouveler dans ce secteur ? Ou tout du moins, doit-il lancer une concurrence plus ouverte au centre ?
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Danty - Fickou, monuments en périls
Dans un premier temps, il est utile de dresser le profil, non exhaustif, des deux joueurs et leur utilisation au niveau international. Orné du numéro 12, Jonathan Danty a été un O.V.N.I. du rugby français ces dernières années. Centre ultra-robuste, il était un premier plaqueur agressif, qui n’avait rien à envier à un troisième ligne, et un perforateur impressionnant. La pression qu’il était capable de mettre sur la ligne d’attaque adverse et particulièrement sur son numéro 10 poussait parfois l’adversaire à commettre des erreurs. Ces dernières donnaient alors lieu à des turnovers, plus ou moins indirectement liés au Rochelais, dont le XV de France se délectait lors de contre-attaques impressionnantes.
Pour celui qui l’accompagne en numéro 13, ses qualités observées lors du premier mandat étaient variées. Joueur complet et polyvalent, il est devenu au fil des années un premier centre redoutable. Capitaine de la défense et joueur au Q.I. rugby élégant, il avait néanmoins hérité d’un numéro 13 officieux, qui ne changeait en rien ses responsabilités. L’ancien Toulousain donnait le tempo des montées défensives et se présentait régulièrement au soutien des contre-attaques, quand il n’était pas lui-même à l’origine de ces dernières.
Cependant, les qualités observées ces dernières années ne sont plus aussi prédominantes chez ses deux joueurs, tout du moins sur ce mois de février. Dans un premier temps, Jonathan Danty ne propose plus le même impact défensif. Sur les deux premières rencontres du Tournoi des 6 Nations 2024, le XV de France défend en reculant. Cette situation l’empêche de jouer confortablement ses turnovers, car toujours sous pression. La méforme du numéro 12 n’y est pas pour rien dans ce changement de dynamique, sans que l’ancien Parisien ne soit pleinement responsable de ce mal en totalité pour autant.
Ensuite, Gaël Fickou a été loin des standards attendus lors du dernier mondial et du match contre l’Irlande. Beaucoup moins rapide et légèrement moins appliqué défensivement, il a parfois souffert, voire sombré. Au soutien offensif, son manque de vitesse n’en fait pas un artisan majeur du XV de France lors des contre-attaques, une phase de jeu où les Bleus souffrent des absences de Romain Ntamack et (surtourt) d’Antoine Dupont. Cependant, sa performance convaincante face à l’Écosse laisse à penser qu’une forme de réaction a eu lieu. Reste à voir si cette dernière est de l’ordre de l’épiphénomène ou si le Racingman remonte la pente.
Le XV de France et ses ressources
Quand Godard est derrière la caméra, même en ovalie, la nouvelle vague ne déçoit pas. Au centre du XV de France, la pénurie ne se fait pas sentir. En second centre, les candidats sont nombreux et proposent un profil varié, mais parmi les prétendants, deux d’entre eux se détachent. Le Bordelo-béglais Nicolas Depoortere est un joueur habile, rapide, appliqué en défense et capable de faire vivre le ballon après-contact. Le Palois Émilien Gailleton est un finisseur, un joueur aux qualités techniques, en un contre un notamment, redoutables, mais qui tend à s’offrir une palette de jeu collectif plus large depuis le début de saison.
En premier centre, les candidats semblent moins nombreux. Tout d’abord, changer de premier centre demanderait de modifier le cahier des charges du poste en Bleu. Dans le paysage rugbystique français, personne ne paraît avoir des qualités suffisamment proches de ce que Jonathan Danty a montré entre 2020 et 2023. Ainsi, l’option d’un retour de Gaël Fickou au poste de numéro 12 paraît viable. L’idée d’une rotation avec Yoram Moefana est également vraisemblable. Du sang neuf à ce poste pourrait aussi être incarné par l’arrivée ou le retour d’autres patronymes, comme ceux de Pierre-Louis Barassi ou d’Arthur Vincent.
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En bref, le XV de France arrive à une étape charnière pour son couple du centre. La recette si spéciale utilisée depuis plus de 3 ans ne porte plus ses fruits. Une réorganisation de ce poste, au vu des ressources à la disposition de Fabien Galthié, pourrait être une solution.
À l’aise face à l’Écosse, Gaël Fickou pourrait théoriquement retrouver le numéro 12. D’autres joueurs, déjà intégrés au groupe d’entraînement, pourraient apporter plus d’incertitudes au sein des lignes de défense adverse, avec le numéro 13 dans le dos, sans pour autant écarter définitivement Jonathan Danty. Le dimanche 25 février prochain, Fabien Galthié aura-t-il envie d’étendre son spectre au centre à l’occasion de la réception de l’Italie à Lille ? Affaire à suivre…
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