Niveau statistique, le meilleur plaqueur et le meilleur joueur offensif jouent pour la même nation. C’est une perspective que la victoire à Cardiff n’a pas réussi à effacer : l’Italie finit encore dernière du Tournoi des 6 Nations. Pourtant, si l’on regarde les chiffres, les performances italiennes ne font pas vraiment pâle figure. Par exemple, le joueur ayant réussi le plus de plaquages durant cette édition 2022 est un Italien. Il s’agit de Michele Lamaro avec 86 câlins musclés au compteur. En ajoutant Juan Ignacio Brex et Niccolo Cannone, les Transalpins placent même 3 de leurs joueurs dans le Top 10 du Tournoi. Seuls les Azzurri et la France réussissent cette performance. Les coéquipiers d’Ange Capuozzo assurent également en conquête. En effet, avec 28 touches gagnées, Federico Ruzza est le sauteur le plus prolifique du tournoi. Il se place devant Cameron Woki, Maro Itoje et Tadhg Beirne, excusez du peu.
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Offensivement, les Italiens possèdent également le joueur ayant réalisé les meilleures performances offensives de la compétition. L’ailier Monty Ioane a terrassé beaucoup d’opposants sur le pré. Avec 21 défenseurs battus, il est le joueur qui en a éliminé le plus de la compétition. Mais ce n’est pas la seule ligne à ajouter au profil Made in 6 Nations 2022 de l’ailier latin. Ces 9 offloads le placent en tête du classement des meilleurs passeurs après contact. Il a également été omniprésent sur le pré. Le natif de Melbourne en Australie est l’ailier ayant porté le plus de ballons (51) et ayant parcouru le plus de mètres (498) de la compétition.
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— Guinness Six Nations (@SixNationsRugby) March 24, 2022
Un palier mental à franchir ?
Avec de telles statistiques en leur faveur, il est presque étonnant de ne pas voir les hommes de Kieran Crowley plus haut dans le classement. Auprès de la BBC et selon des propos rapportés par XV Mondial, le coach italien a déclaré : “Les joueurs ont tenu et ont continué à jouer et à y croire, notre défense a été remarquable (...) Désormais, plus personne ne pourra dire que nous avons perdu 36 matchs d'affilée ! Il y a eu beaucoup d'émotion. Marius Goosen, notre entraîneur de la défense, est là depuis six ans et vient de gagner son premier match dans le 6 Nations. On aurait cru qu'il venait de gagner la Coupe du Monde !” Après cette rencontre, il pensait déjà au futur de la sélection avec cette conclusion : “Ce match nous donne une nouvelle base pour travailler à présent.” Et effectivement, la victoire à Cardiff avait fait sauter un plafond de verre ?
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Les Italiens sont tenaces, mais constamment rattrapés par leurs démons. À l’automne, ils avaient réussi à contenir les All Blacks pendant 27 minutes avec un étonnant 0 à 0. Face aux autres nations, l’éternel schéma du craquage à l’heure de jeu s'observe dans une boucle qui semblait infinie. Cette série de plus de 6 ans sans victoire dans le Tournoi marque les esprits. Mais si elle avait hérité d’une génération vieillissante habituée à la défaite ? Si les Parisse et autres Ghiraldini, malgré leur talent indéniable, avaient enfermé cette sélection dans une sinistrose désormais brisée ?
Actuellement, il est impossible d’avoir la réponse. Cependant, les statistiques citées ci-dessus démontrent de réelles aptitudes à manier le cuir. Qui plus est, les qualités rugbystiques mises en avant par ces chiffres sont aussi variées que complètes (attaque, défense, conquête, etc.). Une jeune génération arrive également dans les rangs de l’équipe première. Cette dernière statue déjà au même titre que les autres grandes nations dans le Tournoi des VI Nations U20 avec 3 victoires pour deux défaites. Alors, s’il est impossible de voir dans le futur, cette jeune génération italienne nous amène à lire entre les lignes et à penser que tout reste encore possible pour le pays à la botte.
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