Ce samedi 13 novembre, c’est le grand jour. Les travées de Murrayfield vont pouvoir chanter à plein poumons l’iconique Flower of Scotland et faire rugir la légendaire enceinte du XV du Chardon. En effet, les coéquipiers de Finn Russell accueillent ce samedi un grand nom du rugby mondial : les Springboks. Les champions du monde en titre arrivent dans le royaume au nord de l’Angleterre avec la ferme intention de chasser certains démons. Ceux d’une certaine irrégularité depuis leur sacre international tout d’abord. En effet, les Sud-Af’ n’ont pas joué en 2020 et une fois les terrains retrouvés, la machine ne semblait plus être si bien huilée. La tournée face aux Lions Britanniques et Irlandais n’a pas offert la qualité de jeu escomptée. Quant au Rugby Championship, l’ultime victoire face aux néo-zélandais permet de sauver les meubles de la nation arc-en-ciel sans faire oublier pour autant la double défaite face à des Australiens en plein doute.
INTERNATIONAL. Vaincus en Australie à deux reprises, une statistique fait mal chez les SpringboksEn Écosse, la dynamique est tout autre. Après un tournoi du Six Nations réussi ayant vu Hamish Watson soulever le trophée de meilleur joueur de la compétition, les stars écossaises ont été nombreuses à rejoindre les rangs des Lions cet été. Une liste initiale qui donnait même une certaine impression d’homogénéité des viviers outre-Manche. À la suite de ça, les nouvelles pépites écossaises semblent devenir le marronnier de chaque nouvelle saison internationale. En attestent les révélations à l’aile en ce début de saison avec Rufus McLean et Kyle Steyn, respectivement auteurs d’un doublé et d’un quadruplé lors de la large victoire du 30 octobre dernier face aux Tonga.
La dernière rencontre des deux formations
La semaine dernière l’Écosse se défaisait de l’Australie. Une victoire montrant que depuis quelques années, ces derniers ont une certaine facilité face aux Gold and Green. Sur les 15 dernières années, les hommes du nord du Royaume-Uni ont remporté 5 des 9 rencontres face aux Océaniens. Deux victoires ont notamment eu lieu en Australie alors que deux de leurs défaites ne se sont jouées qu’à une seule petite unité. Ce fut le cas du quart de finale de Coupe du Monde 2015 où les Écossais perdirent du plus petit écart possible suite à une erreur d’arbitrage du sud-africain Craig Joubert. Le jeu rapide des joueurs des Highlands, désormais devenu une caractéristique iconique à leur rugby, semble être des plus efficaces face à des nations jouant dans le même registre. Pourtant, la physionomie de la rencontre du week-end dernier donnait plus l’image d’un match de costaud que d’une avalanche de beau jeu. Encore faut-il voir si le système écossais a évolué au point de pouvoir répondre à des équipes dont ce style de rugby est la spécialité.
VIDÉO. Écosse. Pour sa 1ère cape, le talonneur Ashman s'envole tel un ailier et inscrit l'essai de la gagne contre l'AustraliePour ce qui est de l’Afrique du Sud, leur dernière rencontre a eu lieu contre le récent vainqueur du Tournoi des 6 Nations : le Pays de Galles. Lors d’un match qui a finalement tourné en faveur des Sud-Africains, les Boks se sont fait peur face aux quelques assauts gallois. Si les Britanniques peinent à dominer dans la conquête, ils n’étaient pas non plus loin d’arracher la victoire. Dans un match fermé où les buteurs se répondaient, la classe du doyen François Steyn a permis à ce dernier et à ses coéquipiers de s’adjuger le match. Il faut également noter la réussite, si l’on peut dire, des champions du monde en titre lorsqu’un intrus rentre sur le pré pour annihiler une action d’essai de Liam Williams. Heureux destin pour des Boks qui peinent définitivement à convaincre sur cette année 2021.
VIDEO. OUI les Springboks savent faire des passes : admirez ce bijou de Lukhanyo Am dans le dos !
Duel de style ?
On pourrait penser que ce match est une opposition de style et il l’est sûrement. Mais au cours des dernières années, les deux formations ont su nuancer leurs styles. Tout d’abord, du côté des champions du monde, certains animateurs de jeu ont su prendre leurs responsabilités. Si l’on pense évidemment à Handre Pollard, qui ne sera pas titulaire ce week-end, il y a d’autres hommes capables de prendre les rênes des offensives sud-africaines. Lukhanyo Am en est l’un des parfaits exemples. Souvent accompagné du rugueux premier centre Damian De Allende au centre, il est capable de créer bon nombre d’occasions grâce à son habileté technique et une complémentarité exemplaire avec les divers triangles offensifs sud-africains. Si De Allende fixe les défenses, Am anime et permet précisément à Kriel, Le Roux et Mapimpi de faire valoir leurs qualités face au XV du Chardon.
Antoine Dupont est-il désormais l'égal d'Aaron Smith et Faf de Klerk ?Habituellement caché derrière son pack, certainement le plus solide au monde, le numéro 9 sud-africain pourrait avoir un rôle tout autre. En temps normal, le nerveux Faf De Klerk prend place et mène à la baguette son pack. Régulièrement critiqué pour son utilisation fréquente des coups de pied dans la boîte, son absence métamorphose les sorties de balles sud-africaines. Plus de distributions, mais surtout plus de courses balles en mains à la mêlée. Les profils aussi rapides qu’électriques des deux autres demi de mêlée sud-africains transforment régulièrement le jeu des Boks. Même en dehors de l’hôtel, Cobus Reinach et Herschel Jantjies prennent souvent un malin plaisir à faire les valises.
Côté XV du Chardon, leur vitesse a souvent été louée. Au point même où Vern Cotter annonçait, lorsqu’il était sélectionneur de l’Écosse, vouloir en faire “le rugby le plus rapide du monde”. Une stratégie que Gregor Townsend a toujours annoncé vouloir poursuivre. Aujourd’hui, peu de formations peuvent en effet se déclarer plus vives. Le Japon, l’Écosse et la Nouvelle-Zélande font partie des cadors dans ce style de jeu. Mais aujourd’hui, on ne peut plus seulement définir cette formation par ces seuls adjectifs. La nation britannique possède de forts atouts dans son pack. Les profils sont variés : Jamie Ritchie est un excellent gratteur, la seconde ligne est excellente au plaquage, Matt Fagerson est un bulldozer quand Hamish Watson se rend extrêmement disponible dans le jeu courant. En bref, l'Écosse est désormais capable de jouer (et de gagner) des matchs de gaillards. La défense, un secteur qui leur faisait souvent défaut auparavant, semble désormais stabilisée. En l’absence de Jonny Gray, capitaine de la défense et plaqueur indéboulonnable, le XV du Chardon a réussi à assurer 85% de ses plaquages face à l’Australie.
La mêlée semble aussi avoir connu une amélioration. Sans pour autant être devenue un point fort, la première ligne fait valoir bon nombre de qualités. Les habituels Stuart McInally et Zander Fagerson ont su élever leur niveau ces dernières années. Malheureusement pour Gregor Townsend, l’absence de Rory Sutherland empêchera l’Écosse de pouvoir disposer de sa première ligne titulaire face aux Boks. Sur le banc, le talonneur Ewan Ashman - rentré dès la 12ᵉ minute face à l’Australie - a montré de très bonnes qualités, notamment dans la conquête avec 14 lancers en touche assurés pour une première sélection. Un finisseur de qualité donc, mais est-ce que cette évolution dans le jeu d’avants opérée par les coéquipiers de Sam Skinner suffira pour battre les spécialistes dans cette catégorie ? Réponse prochainement.
L'essai acrobatique de Ashman pour la victoire face à l'Australie.
Voici la nouvelle bromance que personne n'avait vu venir : Owen Farrell et Stuart Hogg
Parole des capitaines
Dans des interviews accordées et diffusées par les fédérations sud-africaines et écossaises, les capitaines des deux camps se sont exprimés sur ce match :
Siya Kolisi, capitaine des Springboks (61 sélections)
C'est une bonne équipe et elle peut nous faire subir sa domination. Ils ont un bon jeu de courses et de coup de pied, leur mêlée a bien fonctionné la semaine dernière, tout comme leurs autres coups de pied arrêtés, donc nous serons mis au défi sur tous les plans. En plus de cela, ils ont un ouvreur offensif en la personne de Finn Russell, et beaucoup d'expérience avec Stuart Hogg à l'arrière. Cependant, nous nous sommes concentrés sur notre jeu, et sur le fait de nous assurer que notre plan de jeu fonctionne quoi qu'il arrive.[...] C'est probablement l'équipe écossaise la plus forte que j'aurai à affronter. Je n'ai pas joué beaucoup de matchs contre eux, mais on peut voir la qualité de l'équipe dans sa façon de jouer et le fait qu'elle compte quelques joueurs des Lions Britanniques et Irlandais. Cela dit, nous nous attendons à une bataille acharnée pendant les 80 minutes."
Stuart Hogg, capitaine de l’Écosse (86 sélections)
Nous ne nous avançons pas trop, mais nous avons eu quelques grandes victoires au cours des 18 derniers mois et nous sommes excités par l'opportunité d'affronter les champions du monde au BT Murrayfield. Nous allons tout faire pour présenter un spectacle de qualité. Nous avons énormément travaillé sur les collisions pour être au rendez-vous et montrer ce que ce maillot représente pour nous. Le jeu va être rude, mais nous acceptons le challenge. Les Springboks ont joué un très beau rugby ces deux dernières années et pour nous, avoir l'opportunité de jouer contre eux devant nos fans, notre peuple, est fantastique."
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