Commandée par le Rugby Football Union (RFU) ainsi que le championnat domestique britannique, le Premiership Rugby Ltd, ce rapport pointe la question de la santé des joueurs sur les quinze dernières saisons. Au total, une douzaine de médecins reconnus outre-Manche ont planché sur ce sujet, pour un résultat qui laisse bien songeur...
En 2003, 15% des blessures concernaient les joueurs plaqueurs contre 23% aujourd’hui. Dans le même temps, le taux de blessures subies par les plaqués stagne autour de 25%. Des chiffres qui nous prouvent que l’exposition des joueurs plaqueurs à une éventuelle blessure est en réelle hausse. En revanche, les blessures consécutives à des courses (claquages, entorses, déchirure) sont en légère baisse (13% à 10%).
En 2016-2017, les blessures ont contraint dix-neuf joueurs de Premiership à prendre leur retraite de manière anticipée.

Source: England Professional Rugby Injury Surveillance Project - tackled ( plaqué), tackling (plaqueur), collision (choc accidentel ou non)
Des blessures qui s’expliquent en partie par l’intensité des matches, bien plus importante qu’il y a quinze ans (début de l’enquête en 2002-2003) ou encore la forme physique des équipes qui s'entraînent désormais plusieurs fois par jour et qui travaillent de plus en plus l’aspect physique à grands coups de séances de musculation.
Croisés, cervicales, commotions...
Parmi les blessures les plus courantes, on retrouve les ligaments croisés, les cervicales ou encore les commotions cérébrales. Source de nombreuses inquiétudes, ces dernières ne cessant de s'accroître, elles se comptent au nombre de 166 sur la saison 2016-2017 en Premiership. Il est également notifié que toutes les blessures n'aboutissent pas forcément à des interruptions d'entraînement, les moyens de récupération physique mis en place par les clubs, comme la cryothérapie ou bien les soins quotidiens, aidant.
Car il est aussi question du nombre de jour d’absence à cause des blessures qui a doublé en quinze ans, notamment concernant les absences de longue durée.
Il existe un pic de blessure qui se situe, pour la saison 2016-2017, au mois d’avril : synonyme, donc, de fin de saison. Des blessures que l’on pourrait attribuer à la fatigue accumulée toute la saison ou bien encore à l’intensité accrue des matches à enjeux, à l’instar des phases finales.
Source: England Professional Rugby Injury Surveillance Project
La mêlée va mieux
Seul point de satisfaction de ce rapport, le secteur de la mêlée qui, à défaut de faire gagner du temps, offre au moins le mérite de ne plus être source de blessure pour les joueurs. Les nouvelles règles récemment entrées en vigueur semblent commencer à porter leur fruit puisque le nombre de blessures sur des phases de mêlées a été divisé par deux.
Une enquête bien révélatrice des maux du rugby à l’heure actuelle, où la santé du joueur est souvent mise en danger à la faveur de la performance. Toutefois, ces travaux, couplées aux témoignages à charge de joueurs retraités, sont porteurs d’espoir et peuvent contribuer à instaurer un dialogue entre les têtes pensantes du rugby et les joueurs. Un dialogue qui pourrait mener à une évolution des règles, notamment concernant les plaquages et les percussions.
Assurer la santé des joueurs sans pour autant dénaturer le rugby, un sport de combat, c’est tout le défi qu’il reste à relever.