"Je s'appelle Groot, je s'appelle Groot". Pensez-vous que comme le plus célèbre personnage du film Marvel "Les Gardiens de la Galaxie", Ethan De Groot se présente comme ça, et ne sache dire que ça ? Au vrai, on n'en sait foutrement rien, même si derrière sa grosse carapace (1m90 pour 122kg) et son visage fermé, le pilier néo-zélandais apparaît relativement drôle, spontané et ouvert lors des interviews données à la presse. Ce que l'on sait en revanche, c'est que ce garçon de 23 ans sait en faire des choses sur le terrain.
Malgré son physique de champion d'haltérophilie, De Groot est en effet mobile, remuant sur les impacts, relativement fort au contest et - comme tout Néo-Zélandais qui se respecte - dôté de "belles mains". À tel point qu'il est aujourd'hui considéré comme le plus grand espoir de l'archipel maori à son poste, et connaîtra ce dimanche sa première titulatisation avec les All Blacks, à Washington, face aux États-Unis. Après avoir fêté ses deux premières capes en sortie de banc en juillet face aux Fidji, le pilier gauche des Highlanders était sorti du groupe pour le Rugby Championship, la faute à une vilaine blessure au cou. Alors aujourd'hui, il savoure : "Je suis un All Black ! (...) J'ai l'impression d'être dans la meilleure équipe du monde, j'ai des entraîneurs formidables et j'apprends tous les jours."
Un nom néerlandais, mais né en Australie... et Néo-Zélandais
Toujours est-il que pour connaître un peu mieux ce garçon, il faut s'intéresser à son parcours, relativement singulier. Déjà parce qu'Ethan de Groot est né en Australie. À l'époque ses parents travaillent en effet sur l'île-continent et ce n'est que lorsque leur fils a 2 ans qu'ils décident de revenir sur leur Nouvelle-Zélande chérie. Ils s'installent alors à Gore, petite ville de l'extrême sud du pays, réputée pour sa pêche à la truite et sa musique country. Ethan, ce qui l'anime, lui, c'est évidemment le rugby. Très fort physiquement depuis toujours, son imposant gabarit et son côté rugueux lui permettent, plus tard, de rejoindre l'Académie du Southland à 15 ans, puis de terminer ses années lycée du côté de l'Invercargill High School, avec qui il remportera notamment le championnat des écoles de l'île du Sud, en 2016.
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— All Blacks (@AllBlacks) October 21, 2021
Sauf que dans un pays où les talents poussent comme des petits pains, impossible de ne jouer que sur un physique. Surtout lorsque celui-ci vous lâche. Résultat, pas d'équipe professionnelle à la sortie du lycée, mais plutôt le championnat amateur du Southland et une grave blessure à l'épaule. Il change de club en suivant, rejoint les Invercargill Blues, sort une grosse saison et gagne le droit d'intégrer le groupe de la province de Southland, en pénurie de pilier et engagée dans ce qui s'appelle encore l'ITM Cup. Sauf qu'une nouvelle fois, une blessure vient entacher sa progression.
Uné évolution éclair
Malgré tout ça, à force de travail, de ses gros biscottos et ma foi, d'un peu de chance, De Groot finira par être appelé par les Highlanders à l'aube de la saison 2020 du Super Rugby. L'enfant de Gore doit faire ses débuts face aux Jaguares et paf, la pandémie du Covid stoppe tout. Match annulé, saison annulée, et un de Groot qui craint de ne put avoir saisi sa chance. Sauf que, comme le rappellait son ancien entraîneur chez les jeunes Peter Skelt pour le Stuff, "Ethan savait ce qu'il voulait et voulait devenir meilleur". Si bien que quelques années après l'avoir quitté et malgré tout son potentiel, son ancien mentor est encore surpris par la progression (notamment sur les aspects de la technique et de l'endurance) si éclair du garçon de 23 ans, aujourd'hui premier All Black issu de la province du Southland depuis le Biarrot Elliot Dixon !
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Durant le Super Rugby 2021, celui que Codie Taylor et ses partenaires appellent "flocon de neige" passe en effet du jeune néophyte au numéro 1 à son poste chez les Highlanders, devant les expérimentés Ayden Johnstone et Daniel Lienert-Brown. Et si à son jeune âge, De Groot donne l'impression de jouer comme un ancien avec ses straps permanents au poignet, au genou et à l'épaule, on jurerait désormais que le sosie du pilier australien Angus Bell fera 10 ans à gauche de la mêlée des Blacks si les blessures le laissent tranquille. Calmement, doucement, telle la force tranquille qu'il est, le principal intéressé tempère pour conclure, à l'aube de fêter sa première titularisation en noir. "Je suis encore un jeune chiot en termes de mêlée, en termes de première ligne et j'ai encore beaucoup à apprendre. Mais il est vrai que j'ai les bons gars pour m'apprendre".
